Nouvelles
dans les cégeps de la Mauricie
Près de 3 M$ de dépenses à couper
Francis Beaudry -Radio-Canada
Les cégeps de Trois-Rivières et de Shawinigan font tous les deux les frais des restrictions budgétaires qui sont imposées à ces établissements d’enseignement supérieur par Québec. En tout, les cégeps de la province estiment le manque à gagner à 150 millions de dollars pour les budgets de 2025-2026.
À Shawinigan, le cégep va devoir couper 1,5 M$ dans son budget, tandis qu’à Trois-Rivières, c’est 1,3 M$ qui devront être sabrés dans les dépenses pour la prochaine année scolaire.
Les deux établissements vont évaluer leur stratégie au cours des prochaines semaines afin d’adapter leur cadre financier en prenant compte de ces restrictions à leur budget.
Pour le directeur général du Cégep de Shawinigan, Jean-François Léveillé, ce manque à gagner représente environ 4 % du budget de 33 M$ de l’établissement. Il estime que, pour le moment, les cours donnés aux étudiants ne sont pas menacés, même si le Cégep fait face à une forte hausse du nombre d’apprenants qui sont attendus à l’automne.
Comme le cégep n'est pas seulement une boîte à cours, tout ce qui les entoure, les services aux étudiants, l'aide à la réussite, les mesures adaptées, tout ce qui est socioculturel, sportif et tout ça, c'est ça qui est plus fragilisé, a-t-il dit en entrevue à l’émission Fin PM.
M. Léveillé déplore que les cégeps aient appris cette nouvelle aussi tardivement dans leur processus budgétaire.
Si on avait pu en amont travailler avec eux, on aurait pu trouver des voies de passage qui seraient peut-être moins subies là comme comme on est là, puis un effet de surprise à quelques jours semaines du dépôt de nos budgets, dit-il.
Le directeur général du Cégep de Shawinigan, Jean-François Léveillé.
Photo : Radio-Canada / Daniel Ricard
S’il estime qu’il est possible de mitiger l’effet de ces coupes sur les étudiants, il qualifie tout de même ces restrictions budgétaires de catastrophiques.
Toutes les équipes vont travailler fort pour diminuer ces impacts-là, assure M. Léveillé.
Les contraintes financières des cégeps s’ajoutent malgré un gel d’embauche qui est en cours depuis un an, l’importante hausse de la population étudiante complexifie le travail des directions.
Le Cégep de Drummondville estime quant à lui qu’il pourrait avoir à refuser des étudiants.
Des postes supprimés de façon permanente?
Du côté du Cégep de Trois-Rivières, le directeur général Éric Milette craint lui aussi que ces restrictions budgétaires l’empêchent de résoudre la pression imposée par la hausse du nombre d’étudiants. Il croit lui aussi que ce sont les services aux étudiants qui vont écoper.
Il y a cinq ans, on avait 3600 étudiants. Probablement que l'année prochaine, autour de 4500, on avait 3 conseillères d'orientation. Mais je suis obligé d'avoir le même nombre de conseillers d'orientation à 3600 étudiants qu’à 4500. Donc nécessairement, il va avoir moins d'espace pour rencontrer les étudiants, ça va être moins de services, dit-il.
En ce moment, M. Milette estime que des postes pourraient être supprimés pour combler le manque à gagner.
Nous avons, pour l'année 2024-2025, 20 postes non remplacés, on s'est restructurés à l'interne. C'est évident que ça a un impact sur nos étudiants. On ne prévoit pas nécessairement les remplacer pour l'année prochaine, donc ça va faire partie de l'effort budgétaire, explique-t-il.
M. Milette dit avoir des craintes pour le futur de l’enseignement supérieur.
Éric Milette est directeur général du Cégep de Trois-Rivières.
Photo : Radio-Canada / Olivier Croteau
Notre inquiétude, c'est l'accessibilité en enseignement supérieur pour cette génération qui a été durement touchée par la COVID. Donc ce n’est pas le temps de désinvestir en enseignement supérieur au moment où des étudiants ont des besoins de soutien, affirme-t-il.
Il dit craindre que des jeunes avec plus de besoins doivent abandonner leur projet d’étude face à des cégeps qui ne sont pas capables de les accueillir et de leur donner des services appropriés.
D'après une entrevue à l'émission Fin PM et les informations d'Edouard Dubois
Jean-François Léveillé, directeur général du Cégep de Shawinigan