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Des cégeps et universités veulent être exemptés des plafonds d’étudiants étrangers

Tout en reprochant au gouvernement Legault de semer la « confusion », des universités québécoises, de même que la Fédération des cégeps, demandent de ne pas être assujetties au projet de loi 74, qui vise à réduire le nombre d'étudiants étrangers admis dans la province.

Par Sébastien Desrosiers - Radio-Canada

Les représentants des établissements d'enseignement supérieur du Québec seront mardi à l'Assemblée nationale, où s'amorceront les consultations particulières sur le projet de loi 74.

Déposé par le ministre de l'Immigration, Jean-François Roberge, le mois dernier, il permettrait au gouvernement de fixer des plafonds au nombre d'étudiants étrangers pouvant être admis dans les cégeps, les collèges privés et les universités, en fonction de l'établissement, mais aussi de la région, du niveau d'études ou du programme dans lequel ils s'inscrivent.

Dans le mémoire qu'elles déposeront conjointement en commission parlementaire, et dont Radio-Canada a obtenu copie, l'Université Laval, l'Université de Montréal, l'Université McGill et l'Université de Sherbrooke s'opposent à cette idée.

Elles font valoir que l'apport des étudiants internationaux est crucial à plusieurs chapitres, notamment parce qu'il permet à leurs programmes de maîtrise et de doctorat de répondre aux besoins de main-d’œuvre hautement qualifiée et de développer la capacité d’innovation du Québec.

L’attractivité du Québec auprès des étudiants internationaux ainsi que les bénéfices qui en découlent pour la société sont le résultat d’efforts déployés par les universités depuis des décennies, écrivent-elles. Or, le projet de loi 74 menace d’effacer ces gains.

En ouvrant la porte à une réduction importante, par décret, du nombre d’étudiants internationaux, ce projet de loi pourrait entraîner des conséquences négatives durables pour le Québec.

Une citation de Extrait du mémoire de l'Université Laval, de l'Université McGill, de l'Université de Montréal et de l'Université de Sherbrooke présenté lors des consultations sur le projet de loi 74

Elles recommandent donc que les universités n'y soient pas assujetties.

L'Université du Québec (UQ) souhaite également être exemptée de la mécanique de réduction prévue par le gouvernement. Elle écrit dans son mémoire qu'une éventuelle réduction [du nombre d'étudiants étrangers] pourrait entraîner des conséquences négatives majeures sur toutes les régions du Québec ainsi que sur les universités mêmes.

Advenant le cas où les établissements universitaires n'y échappent pas, l'UQ plaide pour qu'elle soit consultée de façon à en minimiser les répercussions négatives.

Le gouvernement Legault fait valoir que le projet de loi présenté par le ministre de l'Immigration s'inscrit dans une volonté de réduire le nombre de résidents non permanents au Québec. Selon les plus récentes données de Statistique Canada, on en compte un peu plus de 588 000 sur le territoire, dont près de 124 000 sont titulaires de permis d'études.

C'est trop, a conclu Jean-François Roberge en octobre. Le nombre d'étudiants étrangers, qu'il s'engage à réduire, a augmenté de 140 % depuis 2014.

Nous comprenons la nécessité de trouver l’équilibre grâce auquel les services publics, tout particulièrement les systèmes de santé et d’éducation, ainsi que le marché de l’immobilier, pourront absorber les pressions créées par la croissance démographique, assurent les universités Laval, McGill, de Montréal et de Sherbrooke dans leur mémoire.

Cependant, les étudiants internationaux universitaires, en plus de ne représenter qu’une faible proportion des titulaires de permis d’immigration temporaire délivrés au Québec, arrivent pour la plupart seuls, en bonne santé (88 % sont âgés de 30 ans et moins), et après avoir démontré leur capacité financière, poursuivent-elles. Les étudiants internationaux ne constituent donc pas un fardeau significatif pour les services publics du Québec.

La goutte de trop

La Fédération des cégeps fait le même constat au sujet des étudiants étrangers qui fréquentent le réseau collégial.

Elle présentera également un mémoire mardi, dans lequel elle recommande que les cégeps soient exemptés de tout plafond réduisant le nombre d’étudiantes et d’étudiants internationaux.

Nous comprenons les préoccupations du gouvernement du Québec concernant l’augmentation du nombre des résidents temporaires, [...] mais les cégeps du Québec n’en sont pas la cause et considèrent que leurs efforts doivent être encouragés et non limités, peut-on lire dans le document, consulté par Radio-Canada.

En entrevue, la présidente-directrice générale de la Fédération, Marie Montpetit, dit constater que les contraintes s'accumulent et mettent à mal le réseau collégial.

Marie Montpetit en entrevue à la radio.

Selon la présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps, Marie Montpetit, le réseau collégial connaît une « période extrêmement difficile » depuis la rentrée. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Marie-Eve Cloutier

Elle craint que le projet de loi, qui s'ajoute à l'instauration d'un moratoire dans deux programmes d'immigration permanente, n'envoie le mauvais message.

On sent beaucoup d'improvisation dans ce dossier, dit Mme Montpetit. D'un côté, on dit qu'on a besoin de ces étudiants internationaux pour répondre à des besoins de main-d'œuvre dans des secteurs clés, [...] et de l'autre côté, on ajoute des contraintes supplémentaires.

Dans son dernier Plan stratégique, publié l'an dernier, le ministère de l'Enseignement supérieur indique en effet qu'attirer davantage d’étudiants internationaux dans les collèges et les universités francophones de la province est une priorité gouvernementale.

Ça amène beaucoup de confusion, juge Marie Montpetit, à l'instar des universités.

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5 novembre 2024