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Que rapportent les étudiants étrangers?
Face à une importante augmentation de l’immigration temporaire, Québec a scruté toutes ses composantes dans les derniers mois. Les étudiants étrangers sont ainsi la plus récente catégorie à être passée sous la loupe du gouvernement de François Legault, et bientôt, pour certains, sous son couperet.
Par Sarah R. Champagne - Le Devoir
Tous niveaux confondus, ils sont plus de 120 000 sur le territoire, selon les estimations de Statistique Canada, aussi utilisées par Québec, et représentent ainsi 21 % de toute l’immigration temporaire.
Mais ces données regroupent une infinie diversité de programmes, de profils, de motivations et d’établissements d’enseignement. Entre gros sous, apport à la recherche, vitalité des régions et main-d’oeuvre formée, que rapportent les étudiants étrangers ?
La réponse est évidemment plus complexe que la question, du moins du point de vue financier. Si certaines personnes ont gardé l’impression que les jeunes venus d’ailleurs alimentaient une vache à lait ou un commerce lucratif, c’est en partie à cause des quelques années où les collèges privés non subventionnés ont proliféré. En 2020, plus de 19 000 étudiants étrangers les fréquentaient, dont une majorité d’Indiens.
Québec a mis fin à leur essor, notamment en demandant à Ottawa d’éliminer la possibilité que leurs étudiants d’autres pays obtiennent un permis de travail postdiplôme.
Maintenir des programmes en vie
Pour la Fédération des cégeps, la réponse à la question initiale est très claire : « Il n’y a pas de dépendance financière. Cela ne revient pas dans les coffres des établissements, donc ça ne rapporte pas d’argent aux cégeps en tant que tels d’avoir des étudiants internationaux », explique Marie Montpetit, présidente-directrice générale de la Fédération.
Ce qu’elle décrit semble loin d’une « ruée » désorganisée et infondée. « Le recrutement est vraiment ciblé par programmes et planifié pour des besoins névralgiques de main-d’oeuvre, dans des régions données. »
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Les actions sont prises de manière « chirurgicale », dit-elle, alors que la population étudiante est en hausse dans les cégeps et que la Fédération prévoit qu’elle le restera pour encore une dizaine d’années.
« Mais même en hausse, on continue d’avoir besoin des étudiants internationaux » pour maintenir la vitalité de certains programmes, surtout en région, dit Marie Montpetit. Les étudiants québécois en bénéficient aussi, puisque ceux d’ailleurs viennent compléter des cohortes qui seraient autrement parfois trop maigres, selon les critères gouvernementaux, pour démarrer. « Les cégeps ont été créés entre autres pour permettre une accessibilité aux études supérieures en région, et c’est ce qu’ils permettent », rappelle-t-elle.
La majorité des étudiants étrangers parlent français et étudient dans des formations techniques. Ils représentent en moyenne 5 % du nombre total d’étudiants dans l’ensemble des 48 collèges publics de la Fédération, et plus d’un étudiant sur trois dans certains établissements, comme au cégep de Matane.