Nouvelles

Cure minceur pour plus d’efficacité dans la structure des cégeps

Un projet de loi déposé jeudi propose l’abolition d’une institution de surveillance de la qualité de l’enseignement collégial devenue obsolète, selon la ministre Pascale Déry. Si certains saluent cette initiative, d’autres s’en inquiètent.

Le projet de loi 107 vise à réduire la bureaucratie et à accroître l'efficacité de l'État, affirme la ministre de l'Enseignement supérieur du Québec.

Photo : Getty Images / Drazen Zigic

Fannie Bussières McNicoll - Radio-Canada

La ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry souhaite se débarrasser de la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC) par souci d’optimisation, d’efficacité et de saine gestion des finances publiques. Elle a fait une proposition en ce sens jeudi en déposant le projet de loi 107.

La CEEC, cette institution mise en place il y a plus de 30 ans, avait pour rôle de faire une évaluation externe et indépendante de l’enseignement dans les cégeps. Mais celle-ci n’a plus la pertinence d’antan, affirme la ministre Déry, en entrevue avec Radio-Canada.

"Les cégeps ont depuis ce temps développé l’expérience et l’expertise pour avoir les meilleures pratiques et s'assurer de la qualité de la formation et des services offerts aux étudiants."

Une citation de Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur

Pascale Déry affirme que plusieurs directeurs généraux de cégeps sont enthousiastes par rapport à ce changement annoncé, car cela permettra de réduire leur fardeau administratif, juge-t-elle.

[Les membres de] la CEEC venaient dans les cégeps et évaluaient l'auto-évaluation des collèges, au fond. Plusieurs directeurs généraux nous disaient que ça mobilisait beaucoup de ressources. Donc, à un moment donné, ça devenait très ardu, explique-t-elle.

Image tirée d'une entrevue par visioconférence.

La ministre Pascale Déry a expliqué en entrevue avec Radio-Canada que cette modification législative ferait disparaître 26 postes, ce qui permettrait d’économiser près de 2,8 millions de dollars par année.

Photo : Image tirée d'une entrevue avec Radio-Canada

Cette modification législative, si elle est adoptée, ferait disparaître 26 postes, dont ceux de 4 commissaires. Cela permettrait d’économiser près de 2,8 millions de dollars par année, ajoute-t-on du côté de la ministre Déry, tout en précisant que la réflexion sur la pertinence de la CEEC avait commencé bien avant le contexte budgétaire difficile actuel.

Publicité

Le projet de loi 107 prévoit par ailleurs que le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études (CCAFE) soit placé sous la houlette du futur Conseil de l’enseignement supérieur (CES), qui émergera suite à la disparition du Conseil supérieur de l’éducation. L’idée est de mieux arrimer les missions de deux organismes et d’éviter le dédoublement de mandats, toujours dans un esprit d’efficacité des structures de l’État, confie Pascale Déry.

Entre satisfaction et craintes de microgestion de la ministre

Certains saluent la disparition annoncée de la CEEC, estimant comme la ministre Déry que cette structure était devenue superflue.

On est extrêmement content!, lance avec joie le vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Yves de Repentigny. Ce dernier est pour une rare fois ces jours-ci au diapason avec la ministre Déry, sa centrale syndicale affiliée, la CSN, ayant réclamé la semaine dernière la démission de Pascale Déry.

La FNEEQ réclamait depuis nombre d'années la mise au rencart de cette structure qu’elle juge inutile, indique M. de Repentigny. On reprochait [à la CEEC] de mettre une pression sur l’uniformisation des pratiques, ce qui entraînait une perte d’autonomie collective et individuelle des professeurs, ajoute celui qui représente 85 % des professeurs de cégep.

Et ça augmentait significativement les tâches administratives et bureaucratiques de nos membres, précise-t-il.

Une personne assise.

Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)

Photo : FNEEQ–CSN

"Quand la CEEC arrivait dans un cégep, c’était le branle-bas de combat. Des réunions, de la paperasse au lieu de mettre les énergies vers la mission première des collèges, c’est-à-dire l’enseignement, amener les jeunes à la réussite et à la persévérance."

Une citation de Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQ-CSN

Faisant écho à la ministre Déry, M. de Repentigny est aussi d’avis que d’autres structures internes ont, avec les années, assuré la qualité de l’enseignement dans les cégeps, comme les comités de programmes et la Commission des études.

Lire la suite

23 mai 2025