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Des compressions « historiques » dans les cégeps du Bas-Saint-Laurent
Le Cégep de Rimouski doit déjà composer avec une réduction de son budget d'infrastructures de 13 M$. L'établissement fait aussi face à un gel d'embauche et de recrutement d'étudiants internationaux depuis l'an dernier. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Simon Turcotte
Les cégeps de Rimouski, Rivière-du-Loup et La Pocatière s’attendent à devoir retrancher environ 5 millions de dollars de leur budget 2025-2026, une situation que les directions de ces établissements qualifient d'« historique ». « Jamais, jamais, jamais on n'a eu autant de compressions en si peu de temps », déplore la directrice générale du Cégep de Rimouski, Julie Gasse.
Le Cégep de Rimouski devrait payer le plus fort prix avec des compressions estimées à 3 millions de dollars. Les cégeps de Rivière-du-Loup et de La Pocatière s’attendent pour leur part à devoir retrancher environ 1 million de dollars chacun de leur budget.
Pour Mme Gasse, ces efforts budgétaires demandés par Québec sont du jamais vu en près de 30 ans de carrière. Elle juge la situation grave, d'autant plus que son établissement a déjà dû retrancher 13 millions de dollars de son budget d'infrastructures l'an dernier.
Les cégeps doivent aussi composer avec un gel d'embauche et de recrutement d'étudiants étrangers.
Le Téléjournal Est du Québec
Des compressions historiques demandées aux Cégeps
Entrevue avec Julie Gasse, directrice générale du Cégep de Rimouski (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Francois Gagnon
La situation n'est pas plus rose à l'échelle de la province alors que la Fédération des cégeps évalue le manque à gagner pour la prochaine année budgétaire à 151 millions de dollars pour l'ensemble des établissements collégiaux.
"C'est presque impensable d'imaginer qu'on est capables de gommer comme ça 3 millions de dollars de notre budget sans impact majeur. C'est incroyable d'imaginer cette situation-là."
Une citation de Julie Gasse, directrice générale du Cégep de Rimouski
De son côté, la directrice générale du Cégep de Rivière-du-Loup, Isabelle Cloutier, qualifie ces restrictions budgétaires de retour en arrière monumental. C'est une succession de limitations ou de coupures. C'est trop !, s’exclame-t-elle.
Réduction de postes à prévoir
Les conseils d'administration des trois établissements devront prendre des décisions difficiles d'ici la fin juin.
Dans ce contexte, Julie Gasse prévoit qu'il sera complexe d'épargner les services aux étudiants. Je ne veux pas qu'ils soient affectés, mais entre mon désir puis la réalité, c'est ça qui est le gros point de questionnement pour l'instant. Je ne considère pas que c'est réaliste, admet la directrice générale.
La crainte est la même à la direction du Cégep de La Pocatière. C'est ce qu'on tente le plus de préserver, mais c'est un gros défi et je ne pense pas qu'on va y arriver sans qu'il y ait de conséquences, admet Steve Gignac.
Steve Gignac, directeur général du Cégep de La Pocatière. (Photo d'archives)
Photo : Gracieuseté de Kevin Lachance | Teknigraf enr.
Julie Gasse précise avoir déjà demandé à son équipe d'évaluer quels postes pourraient être retranchés du budget d'exploitation.
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Ce qu'on va devoir faire, c'est de regarder l'ensemble des contrats des gens qui ont des emplois plus temporaires, les gens qui n’ont pas la permanence, annonce la directrice générale.
Toutefois, Julie Gasse dit ne pas envisager d'abolir des programmes pour le moment.
L'établissement souhaite aussi maximiser ses sources de revenus. Le Cégep souhaite d'ailleurs profiter de l'ouverture de son nouveau PEPS l'an prochain pour inviter la population à utiliser les nouvelles installations. On va penser à une offre pour le public, assure-t-elle.
Le Cégep pourrait aussi élargir son offre de programmes de formation continue pour renflouer ses coffres dans ce contexte budgétaire difficile.
La directrice générale du Cégep de Rivière-du-Loup, Isabelle Cloutier. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / François Gagnon
Isabelle Cloutier précise du côté de Rivière-du-Loup que son équipe tentera de préserver les services offerts à la clientèle étudiante. Elle croit toutefois que le climat de tension budgétaire pourrait se poursuivre au cours des prochaines années.
Quand est-ce que ça va s'arrêter, tout ça? On nous dit qu’il y a d'autres coupures aussi dans les prochaines années qui s'en viennent. C'est un réseau qui est de plus en plus paralysé dans un contexte où les besoins augmentent, estime-t-elle.
Pour sa part, la Fédération des cégeps estime que la bouchée est beaucoup trop grosse à avaler. Dans un communiqué, l'organisme rappelle que le gouvernement a déjà imposé des compressions de 154 millions de dollars entre 2011 et 2016, alors que le gouvernement choisit aujourd’hui d’imposer une réduction d’un montant comparable d’un seul coup, sur une seule année, dans un contexte où la population étudiante est en forte croissance.
Après des promesses brisées sur la rémunération des stages, des compressions sans fin et un sous-financement chronique, il est difficile de croire que la ministre de l’Enseignement supérieur prend sa mission au sérieux, déclare pour sa part le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Antoine Dervieux, par voie de communiqué.