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Le Devoir - Christian Rioux
«Le temps des bilans»
À trois jours de la Journée internationale de la Francophonie, on voudrait parler d’autre chose. Mais il faut bien que quelqu’un s’y colle.
Pendant que les élites françaises se vautrent dans le globish, il serait rassurant de se dire que de notre côté de l’Atlantique, les choses vont mieux. Et pourtant, que nenni ! N’est-ce pas ce que nous confirmait ce rapport sur la maîtrise du français au collégial commandé par l’ex-ministre Danielle McCann en 2021 et rendu public seulement la semaine dernière ? Les autrices y rappellent les médiocres résultats des élèves en français à l’entrée du cégep. Elles soulignent surtout combien cette maîtrise est déterminante pour la réussite scolaire à tous les niveaux.
Mais que proposent-elles sinon d’enseigner la grammaire et l’orthographe au cégep. Et pourquoi pas en maîtrise et au doctorat ? « C’est comme si on demandait à un professeur de mathématiques au cégep d’enseigner les tables de multiplication ! » a fort justement répliqué la présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, Caroline Quesnel.
Car, à moins de dénaturer la mission du cégep, la grammaire et l’orthographe n’ont rien à faire dans ce qui demeure le seul lieu où la littérature a encore une petite place après avoir été expulsée de l’enseignement général. Mais, la chose la plus étonnante dans ce rapport, c’est que devant ce cuisant échec, jamais les autrices ne se penchent sérieusement sur les graves lacunes de l’enseignement du français au primaire et au secondaire. Comme si tout regard vers le passé leur était interdit. Pas un instant elles ne tentent de jeter un oeil critique sur les réformes qui ont été faites il y a vingt ans et dont les résultats s’étalent pourtant aujourd’hui au grand jour.