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Des bourses pour la mobilité étudiante sont victimes de leur succès
Zacharie Goudreault, Le Devoir
Des centaines de candidats admissibles à des bourses mises en place par Québec pour faciliter la mobilité étudiante n’y ont pas eu accès ces dernières années, a constaté Le Devoir. Des cégeps mettent en cause les fonds limités à leur disposition pour distribuer cette aide financière, qui pourrait pourtant contribuer à désengorger les établissements collégiaux des grands centres.
Annoncées en 2022, les bourses Parcours permettent à des étudiants demeurant à plus de 60 kilomètres d’un des 20 cégeps admissibles à ce programme de recevoir une aide annuelle de 7500 $. Celle-ci vise à couvrir une partie des coûts associés à la décision de ces étudiants de quitter le nid familial. Québec visait ainsi à attirer 5000 cégépiens en région en cinq ans. Dès la première année du programme, 1111 étudiants ont reçu cette bourse.
« Ça a eu des impacts tangibles, et on trouve que c’est une mesure plus qu’adéquate », qui mériterait d’être « promue » davantage auprès des jeunes dès le secondaire, croit le directeur général du Cégep de Chicoutimi, André Gobeil. Ce dernier estime d’ailleurs, comme plusieurs dirigeants des 20 cégeps contactés par Le Devoir, que ces bourses peuvent contribuer à limiter la pression dans les grands centres, où les cégeps « débordent », d’autant que plusieurs établissements en région ont encore de nombreuses places libres dans leurs salles de classe.
Beaucoup de candidats, peu d’élus
Or, plusieurs cégeps font état d’un nombre de candidats à ce programme beaucoup plus élevé, d’une année à l’autre, que le nombre de bourses qu’ils peuvent remettre en fonction du budget dont ils disposent. Résultat : de nombreux étudiants « qui auraient droit à ces bourses » ne les reçoivent pas, résume le responsable des communications du Cégep de Rivière-du-Loup, Jérémie Bouchard.
« On voudrait pouvoir en remettre plus pour pouvoir satisfaire un plus grand nombre de personnes », relève aussi M. Gobeil, qui doit « dire non à des personnes » admissibles à ces bourses. Entre-temps, des programmes sont parfois « suspendus, faute de clientèle » dans divers cégeps en région, dont le sien, souligne-t-il.
Le Cégep de Rivière-du-Loup a pour sa part reçu l’an dernier 1 143 000 $ de la part de Québec pour remettre des bourses Parcours. Cela lui a permis de distribuer cette aide financière à 62 nouveaux étudiants sur un total de 159 candidats « qui répondaient aux critères de la bourse », précise M. Bouchard.
Cette année, le cégep recense 128 candidats admissibles, mais seules 50 bourses ont été données à des étudiants en raison du « budget reçu » par l’établissement dans le cadre de ce programme. Le cégep a dû compenser la remise d’un trop grand nombre de bourses l’an dernier — par rapport aux fonds disponibles — par une baisse de leur nombre cette année, même si la demande pour celles-ci persiste.
« Ça nous force à faire des choix. […] Il faut choisir les programmes pour lesquels on gagne à encourager les étudiants à migrer des grands centres vers notre cégep », explique le directeur des études du Cégep de Rivière-du-Loup, Jérémie Pouliot. Ces bourses sont ainsi distribuées en priorité à de nouveaux étudiants dans certains programmes, notamment ceux liés à l’éducation et à la santé. Les bourses restantes sont ensuite remises par une forme de tirage au sort aux étudiants admissibles inscrits dans d’autres programmes.