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Des cégeps qui débordent et se détériorent «à une vitesse préoccupante»

Zacharie Goudreault - Le Devoir

Les cégeps débordent d’étudiants et se dégradent « à une vitesse préoccupante », au moment où les fonds continuent d’être insuffisants pour leur entretien et leur agrandissement, s’inquiète la nouvelle présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps, Marie Montpetit.

Un mois et demi après son entrée en fonction, l’ancienne politicienne et chroniqueuse politique vit ces jours-ci un baptême de feu marquant son arrivée à la tête de l’organisation représentant les 48 collèges publics du Québec.

Des données préliminaires recueillies par la Fédération des cégeps entre le 1er et le 21 août font état d’un total de 184 709 étudiants inscrits dans le réseau collégial public cet automne. Cela représente une croissance de 5,3 % par rapport au total d’inscriptions à pareille date l’an dernier et la plus forte hausse de l’effectif étudiant en 25 ans, selon l’organisation.

« C’est une très belle nouvelle de voir qu’il y a une augmentation » des étudiants, puisqu’elle témoigne d’une accession plus grande des jeunes Québécois à des études postsecondaires, a déclaré Mme Montpetit, dans le cadre d’une entrevue de fond accordée au Devoir. « Mais ça amène vraiment une préoccupation sur comment le gouvernement va accompagner les cégeps là-dedans », puisque cette croissance rapide des effectifs amène « son lot de défis », a-t-elle évoqué.

À Montréal seulement, 2417 étudiants s’ajoutent au réseau cette année, une croissance de 4 %. Ce pourcentage atteint 10 % dans les cégeps de Lanaudière, 7,1 % dans ceux des Laurentides et 8,7 % dans ceux de Chaudière-Appalaches, notamment. Dans ce contexte, plusieurs établissements ont dû installer des classes modulaires — aussi appelées « roulottes » — près de leurs bâtiments pour compenser le manque d’espace dont ils disposent et ainsi accueillir tous les étudiants inscrits.

« On est en pleine rentrée et on voit à quel point les cégeps, ça leur demande beaucoup d’ajustements à l’heure actuelle pour accueillir tous ces étudiants-là », lance avec inquiétude Mme Montpetit.

Photo: Adil Boukind Le Devoir La nouvelle présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps, Marie Montpetit

Des cégeps délabrés

Cette situation survient dans le contexte où les infrastructures collégiales se sont dégradées « à une vitesse vraiment préoccupante » au cours des cinq dernières années en raison du manque de financement accordé à leur entretien, a fait valoir Mme Montpetit. Dans un rapport publié en mai dernier, la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, soulignait d’ailleurs que d’ici 2028, Québec a prévu investir 608,6 millions de dollars pour contrer le déficit de maintien d’actifs du réseau collégial, « alors que 1,7 milliard serait nécessaire ». Actuellement, les deux tiers (65 %) des bâtiments du réseau collégial sont considérés comme en mauvais état.

Des cégeps se retrouvent ainsi forcés de « fermer des bâtiments » en raison de leur désuétude, tandis que les projets d’agrandissement réclamés par ces organisations « depuis longtemps » peinent à obtenir les fonds requis pour se concrétiser, déplore la nouvelle p.-d.g.

« Et même pour [les projets d’agrandissement] qui sont acceptés, il y a une lenteur dans l’aboutissement des projets, l’aboutissement des financements, pour toutes sortes de considérations. C’est un problème », a-t-elle ajouté. Elle craint d’ailleurs que le recours à des classes modulaires et la décision de certains cégeps d’offrir des cours de soir pour compenser le manque d’espace deviennent insuffisants pour répondre aux besoins d’une communauté étudiante grandissante.

Il faut peser sur l’accélérateur.

— Marie Montpetit

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23 août 2024