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La philo au cégep: plus essentielle que jamais
Texte de Joseph Facal -Journal de Montréal
Un rapport vient d’atterrir sur le bureau de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry.
Il porte sur l’avenir des cours de littérature et de philosophie au cégep.
Je craignais le pire.
Pièges
Je craignais le pire car, dans le domaine éducatif, trop de supposés «experts» sont des militants qui prêchent leur idéologie.
Je craignais le pire car, dans le domaine éducatif, au nom de la sacro-sainte «réussite éducative», on baisse souvent le niveau en qualifiant cela «d’ajustements aux nouveaux défis» ou quelque formule du genre.
Je craignais le pire car, dans le domaine éducatif, s’est imposée insidieusement cette funeste confusion selon laquelle le respect dû à un jeune équivaut à lui donner raison.
Si un jeune dit que tel cours est «plate» ou difficile, le cours est immédiatement menacé.
Comme si un jeune de 17 ou 18 ans savait ce qui est bon pour lui en matière d’éducation!
Le pire a été évité.
On n’a certes pas évité – il semblerait que c’est devenu impossible – l’assommant jargon du milieu éducatif.
«Axes d’intervention», «réguler les possibilités d’opérationnalisation» et autres formules du genre parsèment un document où tout pourrait être dit plus clairement.
Mais on a évité de succomber à la satanée illusion «utilitariste» qui veut que «si-ça-ne-me-sert-pas-concrètement-dans-la-vie-de-tous-les-jours-je-n’en-ai-pas-besoin».
On a évité de succomber aux sirènes de l’enseignement à la carte, soit la fin des cours obligatoires au profit de ceux choisis uniquement par l’étudiant.
On a évité de succomber à la tentation de tout chambarder sous prétexte «que le monde change».
C’est justement quand tout s’accélère qu’il faut établir des repères stables.
On fait écho aussi à ceux qui disent, avec raison selon moi, que l’abolition du 4e cours de philosophie de jadis fut une grave erreur.
On propose de laisser les professeurs faire les changements qui s’imposent en prenant acte du fait que les inégalités se creusent entre les étudiants en termes de capacités.