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Une liberté académique «à géométrie variable» et une laïcité malmenée dans deux collèges montréalais

Tete de Zacharie Goudreault - Le Devoir

Québec doit adopter une loi pour encadrer la liberté académique dans le réseau collégial, après que celle-ci ait été appliquée « à géométrie variable » dans les collèges Dawson et Vanier, estiment des enquêteurs du ministère de l’Enseignement supérieur. Ils dénoncent aussi la présence de salles de prière et d’associations étudiantes aux prises de position controversées sur ces deux campus, où des tensions ont émergé dans le contexte du conflit israélo-palestinien.

En réaction à la publication de ce vaste rapport, vendredi, le vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, Yves de Repentigny, a rappelé que son organisation avait déjà plaidé en 2022 pour l’élargissement de la Loi sur la liberté académique en milieu universitaire au réseau collégial, sans succès. « Mais une loi sur la liberté académique, c’est pour protéger la liberté académique et non pas la limiter », poursuit M. de Repentigny, qui dit craindre que Québec utilise ce rapport pour justifier une ingérence de l’État dans « l’autonomie » des enseignants et « le contenu des cours » aux cégeps.

« Ce rapport d’enquête soulève des faits très préoccupants », a pour sa part réagi la ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry, par voie de communiqué. « Comme gouvernement, nous ne pouvons tolérer que nos campus deviennent le théâtre de divisions », a ajouté l’élue, qui entend analyser ce rapport « avec rigueur ». « S’il faut aller plus loin pour encadrer ou corriger certaines pratiques, nous n’hésiterons pas à le faire. »

Un climat tendu

C’est en novembre dernier que Pascale Déry a déclenché une enquête pour faire la lumière sur des plaintes qui faisaient état, selon Québec, d’une détérioration du climat dans les collèges anglophones montréalais Dawson et Vanier.

Après avoir rencontré des dizaines de personnes dans les derniers mois au sein de ces deux établissements, les enquêteurs du ministère ont réalisé un rapport de plus de 70 pages recensant l’ensemble de leurs constats, qui portent notamment sur les pratiques de certaines associations étudiantes présentes dans ces cégeps.

Ainsi, depuis l’automne 2023, une association étudiante du Collège Dawson met en vente chaque mercredi des keffiehs, soit des foulards blancs et noirs devenus au cours des dernières décennies des symboles de la résistance palestinienne. « Pour les étudiants qui ne partagent pas les convictions des clubs » qui procèdent à la vente de ce vêtement, « le keffieh revêt une dimension politique explicite qui est source de tensions », indique le rapport.

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27 juin 2025