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Fondations de cégeps

Des fonds de Québec en fonction des dons

Un nouveau programme de Québec visant à accroître les dons faits aux fondations des cégeps suscite l’inquiétude. La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ) craint qu’il ouvre la porte au financement privé du réseau collégial et engage les cégeps dans une « course aux dons ».

 

Léa Carrier La Presse- Henri Ouellette-Vézina La Presse

 

La fédération syndicale reproche à Québec de « mettre de la pression » sur les fondations des cégeps avec son programme Placements Cégep, mis en place discrètement au début de l’année scolaire.

La mesure comporte deux principaux volets : pour chaque dollar amassé par les fondations en moyenne au cours des cinq dernières années, Québec leur versera de 0,50 $ à 1 $, selon la taille des établissements.

Les sommes investies permettront aussi aux fondations de se doter d’une structure administrative pour « intensifier leurs activités de sollicitation », indique le régime budgétaire et financier des cégeps 2022-2023.

Une enveloppe de 5 millions est prévue au déploiement du programme en 2022-2023. Au total, 45 millions y seront injectés d’ici 2026-2027.

L’objectif de la mesure : accroître les dons individuels et des entreprises afin de « soutenir la persévérance et la réussite des étudiants du cégep ».

Or, « ce n’est pas par la charité qu’on devrait faire ça », croit Yves de Repentigny, vice-président du regroupement cégep de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ).

On privatise d’une certaine façon le financement d’une mission première des cégeps [qu’est le soutien à la réussite scolaire].

Yves de Repentigny, vice-président du regroupement cégep de la FNEEQ

M. de Repentigny craint que la mesure, qui s’inspire d’un programme similaire mis en place pour les universités, ouvre la porte à la « marchandisation » du réseau collégial et engage les cégeps dans une « course aux dons ».

La Fédération n’est pas « contre les fondations », souligne son président, mais ce programme « pervertit leur mission ». Selon lui, le gouvernement se « déresponsabilise de sa mission d’assurer un financement adéquat des collèges ».

Un programme positif, dit la Fédération des cégeps

Ce programme était une demande de longue date de la Fédération des cégeps, qui n’y voit « que du positif », argue son président, Bernard Tremblay.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps

Ces investissements sont « complémentaires à un financement public, et non un substitut », assure-t-il.

Les fondations collégiales « sont là essentiellement pour soutenir les besoins des étudiants » : en plus de financer des projets ou des initiatives, elles accordent des bourses d’études, souligne M. Tremblay.

On croit beaucoup à l’idée que les cégeps doivent avoir la capacité de faire des choix qui correspondent à leurs besoins.

Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps

De son côté, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) soulève certaines préoccupations face au programme.

« Pourquoi est-ce qu’on est à une étape où on a besoin de ces fondations pour donner des conditions adéquates aux étudiants ? », s’interroge Maya Labrosse, présidente de la FECQ.

Une bonification du financement public des cégeps serait plus équitable, juge-t-elle

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22 septembre 2022