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Un projet, une multitude de possibilités

Les contenants multicouches (CMC) de type « Tetrapak » sont considérés comme l’un des produits d’emballage alimentaire les plus utilisés dans le monde. Toutefois, leur gestion en fin de vie constitue un réel problème environnemental. En effet, des quantités importantes de CMC se retrouve toujours dans les sites d’enfouissement, freinant ainsi la transition vers le développement durable et l’économie circulaire. Une idée a donc émergé : développer un procédé efficace pour recycler les CMC en produits destinés à l’écoconstruction.

M. Aziz Laghdir, chercheur pour SEREX

 

C’est sur cette idée que travaille l’équipe de recherche dirigée par M. Aziz Laghdir, chercheur au SEREX, un centre collégial de transfert technologique (CCTT) en transformation des produits forestiersrattaché au Cégep de Rimouski en collaboration avec Innofibre, un autre CCTT affilié au Cégep de Trois-Rivières. Le projet témoigne également de la participation d’enseignants et d’étudiants stagiaires des deux Cégep.

 

La matière première

Il existe deux types de CMC, soit les CMC aseptiques comme les contenants de lait, et ceux réfrigérés comme les boites de jus. Les CMC réfrigérés sont composés d’une couche en papier et de deux couches fines en plastique, tandis que les CMC aseptiques incorporent une couche mince d’aluminium en plus. En moyenne, les CMC sont composés d’environ 74 – 80 % de papier, 20 – 22 % de plastique, et 3 - 5 % d’aluminium.

Actuellement, la plupart des voies de recyclage s’intéressent seulement à la partie papier des CMC ; le processus pour séparer les composantes est réputé énergivore et requiert énormément d’eau, ce qui peut soulever des questions d’ordre éthique en termes d’écologie et environnement. C’est à ce niveau que cette recherche se veut innovante, puisqu’elle propose une approche de valorisation qui permet de recycler la matière première dans son intégralité, sans avoir recourt à des procédés de séparation sélective. Les avantages économiques, environnementaux et sociaux seront sans doute des arguments de taille pour inciter l’industrie du bâtiment et le consommateur à se tourner vers des écomatériaux disponibles localement.

Prototype

L’idée de départ des chercheurs est de broyer les CMC pour en faire des panneaux agglomérés. Ceux-ci auraient deux utilisations différentes, la première comme support de toiture et la seconde comme panneaux de sous plancher. Selon l’utilisation, la densité, la résistance mécanique et la capacité d’isolation doivent être adaptées. Pour y parvenir, on fabrique des matelas de CMC broyés que l’on passe sous une presse à la chaleur. En plus, au lieu d’utiliser une colle, on compte sur les propriétés du plastique présent dans la matière première pour assembler le tout.

L’équipe d’Innofibre a travaillé sur les méthodes de triage des CMC, de leur conditionnement et leur broyage pour déterminer la taille idéale des particules selon le type de l’application. Tandis que l’équipe de SEREX s’est consacrée à étudier les paramètres du procédé de fabrication des panneaux et à évaluer leurs propriétés mécaniques et isolantes,

Résultats

Les résultats obtenus ont montré principalement que les contenants CMC présentent un réel potentiel pour être utilisés dans la fabrication de panneaux, notamment ceux de densité élevée.Malgré tout, des questions logistiques demeurent, et d’autres études sont requises pour obtenir des résultats davantage plus probants.M. Laghdir mentionne aussi que « le potentiel du matériau est vraiment grand et que l’exploration en est qu’à ses débuts. ». En effet, à travers la réalisation du projet, il s’est avéré que le matériau pourrait être utilisé pour ses propriétés acoustiques ou comme matériau de rembourrage.

Plusieurs partenariats se sont ou sont en cours de se créer, car les acteurs environnants trouvaient de nouvelles avenues pour d’autres applications. C’est ainsi que Uniboard, une entreprise qui œuvre dans la fabrication de panneau de particules voie d’un bon œil les CMC comme matière première pour diversifier son approvisionnement. Inovem, un autre CCTT rattaché au Cégep de Victoriaville, s’est aussi intéressé aux CMC pour en faire une utilisation au niveau du rembourrage.

Émergence d’un nouveau projet

La découverte la plus intéressante, qui a mené au dépôt d’un nouveau projet de recherche est celle du potentiel fort intéressant des CMC comme matière pouvant être utilisée dans l’isolation en vrac. SEREX et Innofibre se sont donc associés à l’entreprise Igloo Cellulose qui est à la recherche d’autres sources d’approvisionnement pour face à la réduction du papier journal (principale matière première pour fabriquer la ouate de cellulose).

« Ce projet est fédérateur, car il permet de regrouper beaucoup de monde, de tous les domaines, qui voit des opportunités multiples à une matière première abondante » mentionne M. Laghdir. En plus, de favoriser l’économie circulaire, la valorisation des CMC aura un impact réel sur le développement durable. D’ailleurs, c’est en présentant ce projet, que le chercheur principal, M. Aziz Laghdir a remporté le prix « coup de cœur des expert.e.s » en communication affichée lors des Ateliers des expertes et experts 2023 organisés par le Réseau des CCTT.


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