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Recherche appliquée

Le CERASP, un pont entre l’innovation pharmaceutique et l’enseignement supérieur

Le Centre d’expertise en recherche appliquée en sciences pharmaceutiques (CERASP) du Cégep John Abbott a obtenu une subvention fédérale de plus de 2 millions de dollars. Depuis 2019, le CERASP contribue au développement de produits novateurs ainsi qu’à la formation de la relève.

Par Élise Prioleau, rédactrice

Depuis cinq ans, les chercheurs du CERASP mènent des projets novateurs en recherche appliquée, en partenariat avec de petites et moyennes entreprises du domaine pharmaceutique québécois. En mars dernier, ce centre collégial de transfert de technologie a reçu une subvention du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) totalisant 2 337 813$ sur cinq ans.

Une subvention qui souligne l’importance d’un maillon incontournable en recherche pharmaceutique, aussi bien pour son soutien technologique à l’industrie locale que pour les opportunités qu’il offre aux étudiants ainsi qu’aux enseignants-chercheurs du Cégep John Abbott. Un cégep par ailleurs reconnu pour ses programmes scientifiques ainsi que son DEC en Technologies de production biopharmaceutique.

Christina Aon, directrice générale du CERASP

Des recherches novatrices

Depuis sa création, le CERASP est abrité par adMareBioInnovations, un écosystème de recherche qui accueille des entreprises pharmaceutiques naissantes et de petites tailles. Un hub en sciences de la vie autour duquel s’articule aujourd’hui la relève québécoise. Au sein d’adMare, le CERASP offre son expertise en recherche appliquée aux entreprises émergentes.

« La subvention que nous avons reçue nous a permis d’aider plusieurs PME à transformer une molécule en produit commercial. Nous les aidons à développer leur projet et à créer des prototypes pour explorer la faisabilité de leur projet », explique Christina Aon, directrice générale du CERASP.

La subvention que nous avons reçue nous a permis d’aider plusieurs PME à transformer une molécule en produit commercial. Christina Aon

Le centre de recherche a notamment collaboré à un traitement antimite pour les abeilles. Un projet qui vise à protéger les abeilles d’une cause majeure de leur déclin.

Le CERASP a par ailleurs contribué à un projet de culture de plantes en bioréacteur. « Il s’agit d’un projet de culture de plantes essentielles à la production de médicaments pour le cancer et qu’on ne peut pas synthétiser. Ce sont des plantes qui connaissent une pénurie dans le monde depuis une décennie. Nous avons donc élaboré un procédé pour les faire pousser dans des conditions contrôlées », évoque la directrice du CERASP.

Les champs d’application de la pharmaceutique se sont diversifiés depuis les années 2000, reconnaît Mme Aon. « En plus de la médecine, ce champ de recherche est appelé à contribuer aux domaines de l’agriculture, de la médecine vétérinaire ou encore de l’intelligence artificielle. »

Création de formations sur mesure

Autre fait nouveau dans le domaine pharmaceutique : la réglementation touchant à la commercialisation d’un produit s’est complexifiée au Canada. Pour remédier au manque d’information sur ce sujet crucial, le CERASP et le Cégep John Abbott ont créé une formation sur mesure sur la réglementation de Santé Canada.

Pour y arriver, la subvention du CRSNG a permis d’embaucher des professionnels en affaires réglementaires afin d'offrir ces formations. « Les directives de Santé Canada comportent notamment des recommandations concernant le dosage des produits en fonction de l’âge et en fonction de la nature du produit. Nous avons eu certains clients dont les produits ont dû être totalement retravaillés, car ils n’étaient pas conformes. C’est ainsi que nous avons créé une formation pour soutenir les entreprises qui souhaitent commercialiser un produit », explique Christina Aon.

Cette formation fait partie des 16 cours montés par le CERASP en collaboration avec le Cégep John Abbott pour former le personnel des entreprises du domaine pharmaceutique et ainsi contribuer au fleurissement de ce secteur au Québec.

Sylvie Boucher, responsable du développement de programmes et de cours au Cégep John Abbott.

« Nous montons des formations pour permettre à la main-d’œuvre actuelle d’acquérir des compétences sur des sujets précis, pour pallier au besoin de main d’œuvre en recherche appliquée. Nos 16 formations de courte durée permettent également à des employés de domaines connexes de se réorienter rapidement vers des postes en production pharmaceutique», explique Sylvie Boucher, responsable du développement de programmes et de cours au Cégep John Abbott.

Des étudiants et des enseignants impliqués en recherche

En créant un pont entre les acteurs de l’industrie et les étudiants du cégep, le CERASP permet à ceux-ci de vivre une expérience en recherche au plus près du marché du travail.

Le centre de recherche permet d’offrir aux étudiants des exemples de débouchées professionnelles en recherche appliquée. Sylvie Boucher

« Cette année, on a 16 stagiaires en sciences impliqués dans quatre projets de recherche. Un de nos partenaires industriels va offrir à nos étudiants une formation professionnelle. Nous permettons à nos étudiants impliqués en recherche de se familiariser avec un espace de recherche semblable à ce qu’ils retrouveront en emploi », fait valoir Christina Aon.

Certains de ces stagiaires sélectionnés en fonction de leur motivation bénéficieront d’une formation en thérapie avancée. Chose rare dans une maison d’enseignement, ces étudiants pourront pratiquer des techniques de production de protéines sur de vraies lignées cellulaires de tumeurs, offertes pour des essais par une entreprise partenaire du CERASP.

Plusieurs enseignants en physique, en chimie ou en biologie du Cégep John Abbott ont eu la chance de contribuer aux recherches du CERASP. « Nous avons plusieurs enseignants-chercheurs au cégep qui collaborent avec le CERASP. Le centre de recherche permet d’offrir aux étudiants des exemples de débouchés professionnelles en recherche appliquée. Cela contribue également à la rétention des futurs chercheurs au Québec », conclut Sylvie Boucher, responsable du développement de programmes et de cours au Cégep John Abbott.