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Pour soutenir la relève en agriculture : Réseau Racines
Un nouveau regroupement s’installe au Québec
Discussion avec M. Pierre-Olivier Ouimet, chercheur et chargé de projet pour le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) rattaché au Cégep de Victoriaville et Mme Tassadit Zerdani, chercheuse et conseillère en transfert au Centre d’étude en responsabilité sociale et écocitoyenne (CÉRSÉ) rattaché au Collège de Rosemont afin d’en apprendre davantage sur ce réseau innovant. Le CISA et le CERSÉ sont deux des 59 centres collégiaux de transfert de technologies et de pratiques sociales novatrices (CCTT) membres du Réseau des CCTT – Synchronex.
On entend parler depuis plusieurs années dans l’actualité agricole que la relève n’est pas au rendez-vous, que l’étalement urbain se poursuit, où les projets se diversifient mais la pérennité est difficile à atteindre. Issu de la volonté de se rencontrer et de partager les expertises, le Réseau Racines a pris forme. Dans son essence même, le Réseau Racines regroupe les incubateurs d’entreprises agricoles du Québec, comme l’ont fait nos voisins français par la création de leur réseau le RENETA, il y a déjà quelques années.
Qu’est-ce qu’un incubateur ?
Mme Zerdani explique qu’un incubateur est une opportunité de faire un essai afin de confirmer le réalisme du projet, validr la capacité de le mener à terme et mesurer l’intérêt réel pour y parvenir. En fait, dans l’objectif de faciliter l’insertion dans le métier d’agriculteur.trice, les incubateurs permettent un démarrage graduel de l’entreprise, parfois même sur un site temporaire pour une durée de 3 à 5 ans afin d’outiller adéquatement les aspirants. Durant cette période, tout comme après, sont offerts de l’accompagnement, du soutien et de l’aide visant le développement de l’autonomie de l’entreprise, nous explique M. Ouimet. Il est à noter que des incubateurs existent dans plusieurs domaines professionnels.
La raison d’être
Le Réseau Racines quant à lui, regroupe les incubateurs d’entreprises agricoles, dans un désir de créer un lieu de référence et de partage pour les agriculteurs du Québec.La nouvelle relève agricole ne vient pas nécessairement du milieu agricole, parfois de milieux urbains, et a donc besoin de perfectionnement. On constate qu’il y a une nouvelle façon de s’engager autre que les voies classiques, ce que Mme Zerdani appelle « entreprendre autrement ».
À la suite de 2 rencontres informelles avec les personnes œuvrant au sein des incubateurs d’entreprises agricoles du Québec, un besoin de collaboration s’est fait ressentir. Ceux-ci mentionnaient avoir un intérêt pour échanger, partager et s’entraider. Ensemble, il serait possible de valoriser leurs efforts et leurs résultats et de développer une expertise commune. Connaître les initiatives mises en place ailleurs pourrait certainement en inspirer plus d’un. Le souhait ultime était de pouvoir, à raison d’une fois par année, se rencontrer en présentiel.
L’aboutissement
C’est ainsi qu’après plus de 3 ans de travail, de co-construction, de recherche de financement qu’est né le Réseau Racines. Ce dernier regroupe les 11 incubateurs agricoles actifs répartis à la grandeur du Québec ainsi que des agriculteurs, des aspirants et des gens provenant des domaines connexes. La mise en commun des expertises, via le Réseau, permettra sans doute une « fertilisation » menant à la création de nouveaux incubateurs.
Le 19 mars dernier, le Réseau a tenu son premier rendez-vous où 80 personnes étaient présentes. Lors de cet événement qui se voulait introductif, plusieurs porteursd’incubateurs d’entreprises agricoles sont venus exposer leurs modèles et parler de leurs expériences. Le Réseau a aussi profité de l’occasion pour promouvoir son nouveau site Internet.
L’avenir pour le Réseau
Dans les prochaines années, en plus de consolider les incubateurs déjà existants, le Réseau a comme projet de soutenir le développement de nouveaux incubateurs afin, entre autres, de mieux pallier le manque de relève agricole. D’ailleurs, M. Ouimet mentionne que le modèle d’incubation est en évolution constante et s’adapte aux besoins des aspirants. Dans les prochaines années, le Réseau souhaite développer des outils pour les porteurs d’incubateur tel qu’un guide de démarrage et de bonnes pratiques.
Un défi qu’aura à relever le Réseau, selon Mme Zerdani, est celui de consolider l’engagement de ses membres. Les gens doivent comprendre que le Réseau n’en est pas un de politique publique. Elle est plutôt basée sur l’intérêt volontaire d’y adhérer et de participer aux activités. Une fois cette notion intégrée, le recrutement des membres sera l’étape suivante. Ce dernier devra donc promouvoir ses activités pour se faire connaître et reconnaître dans le milieu, nous explique Mme Zerdani.
Évidemment, comme la majorité des organisations sans but lucratif, le Réseau Racines devra se positionner devant les instances gouvernementales afin de pérenniser le financement et poursuivre le développement de programmes adaptés au besoin actuel de l’agriculture.
Les dernières années ont prouvé à quel point l’agriculture est essentielle tout comme l’achat local. La mise en place d’un regroupement comme celui-ci est un incontournable afin d’assurer la compétence et la relève agricole dans ce monde en changement.
Pour découvrir le Réseau Racines : https://www.reseauracines.ca/fr/accueil
Pour découvrir les 59 CCTT : www.reseaucctt.ca/centres