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Quatre facteurs d’anglicisation, dont les cégeps anglophones

Par Roch Tremblay,
Ex-Directeur général
du collège Ahuntsic

Depuis la conquête de 1759-1760, la défense de la langue française a été une préoccupation constante de la majorité francophone du Québec. Au fil du temps et de l’évolution de la société, cette défense a pris des formes variées. D’abord étroitement associée à celle de la protection de la foi catholique, la lutte pour le maintien du français s’est progressivement dégagée de l’encadrement clérical pour devenir un combat de l’ensemble des institutions et de la société québécoise. De simple survivance, ce combat s’est graduellement transformé en important travail d’affirmation collective. Durant les années 1950 et au début des années 1960, nous avons été plusieurs à en prendre conscience au temps de nos études primaires. A cette époque, il arrivait régulièrement dans les familles que les parents remettre 10 sous par mois à leurs enfants afin qu’ils soient déposés au fonds de la survivance canadienne-française. Depuis, l’État a pris la relève et le Québec a fait beaucoup de chemin en créant le ministère de la Culture en mars 1961, le ministère de l’Éducation en janvier 1964, le ministère de l’Immigration en novembre 1968et, le 26 août 1977, en adoptant la Charte de la langue française du Québec.

Cependant, malgré cette prise en charge par l’État, le français est en net recul au Québec au profit de la langue anglaise et les sources d’anglicisation ne cessent de se multiplier. Certaines de ces sources ont plus de conséquences que d’autres comme on le voit en matière d’immigration : même après 54 ans d’existence d’un ministère chargé de ce dossier,le pouvoir d’agir du gouvernement du Québec reste limité puisque la responsabilité première relève toujours du gouvernement fédéral. Il est donc impératif d’œuvrer à stopper tout nouveau recul en matière de langue et de  travailler à mettre en place des mesures de renforcement de la présence du français dans la vie de la nation québécoise.

Un premier facteur d’anglicisation est sans doute la situation géographique du Québec.La nation québécoise vit sur un territoire situé dans le coin nord-est de l’Amérique du Nord.Ses8,6 millions d’habitants ont décidé démocratiquement d’y vivre en français dans un environnement anglo-saxon de près de 365 millions d’habitants.Les québécois comptent ainsi pour 2.3% de la population combinée du reste du Canada et des États-Unis. De plus, en proportion de celle du reste du Canada, la population québécoise est en diminution lente mais constante.De 27.9% qu’elle était en1971, elle est passée à 22.6% en 2020 (Cirano, 03 février 2021). À cela il faut aussi ajouter le contexte mondial ou la tendance internationale à l’anglicisation par la culture et les communications numériques (domaine de compétence qui relève d’Ottawa) touche tous les peuples dont la langue officielle ou d’usage n’est pas l’anglais.

Malgré ce contexte défavorable à son épanouissement le Québec a su maintenir et développer sa propre identité nationale et culturelle.Celle-ci s’est forgée à partir de plusieurs influences culturelles. D’abord, Autochtone, Européenne et Française par  l’accueil et les échanges avec premières nations à l’arrivée des premiers colons, par l’origine de ses découvreurs au XVII siècle et de ses premiers colons venus  de France en1608, ensuite Britannique et Canadienne par la conquête de 1760 par les Anglais et par l’adoption de la constitution canadienne en 1867 et, maintenant Américaine par l’omniprésence et la consommation des mêmes produits culturels américains. Il en résulte aujourd’hui un peuple attaché à sa langue, à ses institutions publiques, et qui a la ferme conviction de constituer une société distincte, démocratique, prospère, pacifique, égalitaire et tolérante. Pour protéger son identité culturelle particulière le Québec s’est doté en mai 1961 d’un ministère de la culture. Lequel a évolué dans le temps d’abord en étant fusionné en 1993 avec le ministère des communications qui a été créé en décembre 1969  et en intégrant à différents moments d’autres responsabilités, notamment la condition féminine et la langue. Cependant, depuis septembre 2019 le dossier de la langue française ont été transférés à un  ministre nommé spécifiquement à cette fin.

Toutefois, la culture et les communications sont, à des degrés divers, des champs de compétences partagés entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Pour sa part, la culture est prioritairement un champ de compétences provincial à l’exception du droit d’auteur, des brevets, de la naturalisation, du mariage et du divorce. Quant aux communications elles sont, tant du point de vue du contenu que des moyens de diffusion, une responsabilité presque exclusivement fédérale, à l’exception de télé-québec, dans les domaines de la radiodiffusion,  la télécommunication et les nouvelles technologies numériques.

Bien que distingue la société québécoise évolue dans un environnement culturel canadien et nord américain où la langue dominante est l’anglais et que les communications sont sans frontières. De plus, sur son propre territoire le Québec n’a pas tous les pouvoirs à la conduite des affaires de la nation.Ceux-ci sont balisés par son statut politique et constitutionnel canadien. Seule province francophone, l’histoire du Québec l’a amené dans plusieurs domaines à évoluer de manière distincte du reste du Canada. C’est le cas pour la langue. À cet égard l’Assemblée nationale a adopté en 1977 la loi sur la Charte française. Celle-ci fait du français la langue de l’État, de l’enseignement, du commerce et des affaires ainsi que la langue normale et habituelle du travail. Cependant, en vertu de la Charte des droits et libertés des personnes de juin 1976, tout citoyen québécois peut décider de quitter le Québec pour vivre en anglais ailleurs sur le continent.De plus, en vertu de la Charte de la langue française, le Québec n’a qu’un  pouvoir incitatif envers les anglophones vivant sur son territoire qui disent, comme le PDG d’Air-Canada, qu’il n’est pas nécessaire d’apprendre le français pour vivre pleinement au Québec.

Malgré son refus de consentir à l’adoption de la loi constitutionnelle de 1982, le Québec demeure assujetti à la Constitution Canadienne et de ce fait il n’a que des pouvoirs limités, notamment dans les domaines de la culture, des communications et de l’immigration. Cependant, concernant l’éducation et la langue il a tous les pouvoirs, à lui d’agir ! 

Un deuxième facteur d’anglicisation est l’immigration. Avec la création du ministère de l’Immigration le 5 novembre 1968, lorsque le Québec a constaté que la revanche des berceaux s’essoufflait et qu’il s’en suivrait un déclin démographique majeur,nous aurions donc dû nous attendre à ce qu’il tire profit de l’immigration francophone pour assurer la prédominance du français sur son territoire.Malheureusement cela n’a pas été le cas.De 1968 à 1978 le Québec s’est contenté : 1) d’ouvrir des bureaux d’immigration en France et en Italie ; 2) de proposer aux nouveaux arrivants des services limités d’accueil, d’assistance sociale et de placement en emploi ; 3) d’établir un réseau de 7 centres d’orientation et de formation des immigrants (COFI) chargés de franciser les nouveaux arrivants ne connaissant pas la langue française.Dix ans plus tard, le 20 février1978, le Québec signe avec  le gouvernement fédéral une entente administrative qui stipule que les immigrants indépendants seront désormais choisis par le Québec avec approbation définitive par le Canada.Puis, treize ans plus tard, le 5 février 1991, une nouvelle entente administrative est signée. Par cette entente, le gouvernement fédéral cède des pouvoirs additionnels en matière d’immigration au Québec, à savoir : le pouvoir exclusif de choisir une partie de ses immigrants dans certaines catégories, ainsi que l’assurance de recevoir un nombre d’immigrants proportionnel à son poids démographique au sein de la confédération. Cependant, cette entente ne donne pas au Québec l’autorité de décider combien d’immigrants seront accueillis dans la province, quelle que soit la catégorie, même parmi ceux qui sont choisis par le Québec.

Le résultat de ces ententes se reflète de façon explicite dans la situation actuelle. En effet, le système canadien d’immigration comprend trois catégories : immigrant économique, regroupement familial et personnes avec statut de réfugié. Le Québec a uniquement le pouvoir d’une sélection majoritaire dans la catégorie immigrant économique,les deux autres relevant exclusivement du gouvernement fédéral.  En 2017, les nouveaux arrivants au Québec provenaient à 58% de la catégorie immigrants économiques, 23.2% de celle du regroupement familial et 17.5 % de celle des personnes avec statut de réfugié. Quelle que soit la catégorie, le français n’est pas obligatoire pour immigrer au Québec, tout au plus c’est un atout pour la catégorie immigrant économique où, en 2017, la proportion de francophones était de 61.5%. Pour les catégories relevant du fédéral il n’y a aucune exigence  relative à la connaissance de la langue française. Ainsi, en 2017, seulement 42% des nouveaux arrivants au Québec parlaient français.

Le français étant la langue officielle du Québec, tous les nouveaux arrivants devraient maitriser cette langue ou s’engager à le faire. Comme ce n’est pas le cas, pour corriger la situation, le Québec devrait rendre obligatoire l’apprentissage de la langue française pour tous les nouveaux arrivants qui ne la maîtrisent pas. Or, non seulement c’est une minorité des nouveaux arrivants qui connaissent le français, mais, de plus, seul un tiers des personnes immigrantes admises au Québec de 2010 à 2013 ayant déclaré ne pas connaître le français au moment de leur arrivée ont participé à des cours de français offerts par le gouvernement du Québec (la Presse 28 /02/2022). Dans ces conditions, le Québec se trouve pris au piège : plus il admet de nouveaux arrivants plus il s’anglicise.

L’accueil des étudiants internationaux constitue un troisième facteur d’anglicisation. Le recrutement d’étudiants internationaux est une voie privilégiée pour de futurs candidats à l’immigration désireux de s’établir au Québec. Ils sont jeunes, en bonne santé, auront éventuellement un diplôme québécois et des compétences professionnelles recherchées et, pour la majorité d’entre eux, une maîtrise de la langue française (61.5%). Cela en fait des candidats idéals pour une éventuelle demande pour la résidence permanente. Entre 2011 et 2015, près de 20 000 immigrants permanents admis au Québec avaient déjà un permis d’études (Radio-Canada, 8 septembre 2016).

Malheureusement, le système canadien de sélection des étudiants étrangers est discriminatoire envers les étudiants de souche francophone qui déposent une demande pour étudier au Québec. C’est particulièrement vrai pour ceux en provenance des pays d’Afrique. Par exemple, les universités et collèges francophones ont un taux de refus moyen supérieur à 70%, tandis que pour l’université McGill, ce taux est de 8%. Ainsi, les universités et collèges anglophones sont nettement favorisés par Ottawa puisque la proportion des étudiants internationaux au Québec provenant de la francophonie n’est que de 54% (MESRS, 2013). Cela a, par ailleurs, un effet certain sur le nombre total d’étudiants étrangers accueillis par le Québec, puisque ce dernier reçoit seulement 13% des étudiants étrangers admis au Canada, alors que l’Ontario en reçoit 48.9%.

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) reconnaît qu’il exerce de la discrimination contre les étudiants étrangers francophones qui font une demande pour étudier au Québec ou dans le reste du Canada, en particulier lorsqu’il s’agit d’étudiants en provenance de l’Afrique francophone. Mais le ministère ne se formalise pas de la situation (Le Devoir, 26 et 27 février 2020).Celui-ci attribue cette situation au fait que les demandes des étudiants étrangers qui désirent étudier au Canada sont analysées à l’aide d’un système informatique Chinook qui utilise l’intelligence artificielle. De plus, au dire de Robert Dutrisac, éditorialiste au journal Le Devoir,« Ce logiciel reproduit des ¨biais¨ que les agents d’IRCC entretiennent envers les étudiants africains qui veulent étudier en français et semble même les accentuer¨. Admettre qu’il y a discrimination et en connaître la cause est rassurant, mais il faudrait aussi que IRCC exprime clairement sa volonté de solutionner le problème. Manifestement, ce n’est pas le cas puisque devant le Comité permanent de la citoyenneté, la sous-ministre adjointe à IRCC,Marian Campbell Jarvis, a affirmé que le ministère était «conscient des risques de discrimination et de ‘’biais’’ dans le système d’AI (intelligence artificielle)>> Puis, elle a ajouté : << mais nous sommes à l’aise avec les instructions du Secrétariat du Conseil du Trésor ». Il faut donc en conclure que les économies générées par le système Chinook sont plus importantes que le biais induit par celui-ci et la discrimination qui s’ensuit.

Les résultats sont probants. D’une part, toutes catégories confondues, en 2017 le pourcentage des nouveaux arrivants au Québec provenant de la francophonie était de 42% seulement.D’autres parts, pour les catégories où le Québec a un certain pouvoir de sélection, le pourcentage s’améliore : pour la catégorie « immigrant économique », il était de 61.5% en 2017 et de 54% en 2013 pour la catégorie « étudiant étranger ». Pourtant, pour remédier à la situation actuelle, il faudrait que le pourcentage global de nouveaux arrivants soit minimalement de 90% de francophones De toute évidence, pour assurer la prédominance du français sur son territoire,le Québec ne peut se permettre de laisser le Canada anglais gérer son immigration.

Un quatrième facteur d’anglicisation : le cégep anglophone.

Si on le compare avec le traitement qu’accordent certaines provinces canadiennes à leur communauté francophone, il est facile de constater que le système d’éducation québécois est beaucoup plus respectueux et généreux envers sa communauté anglophone. En effet, alors que cette dernière compte pour 8.1% de la population québécoise, elle est surreprésentée dans nos écoles, cégeps et universités. Au niveau primaire-secondaire, 10.3% des élèves poursuivent des études dans des institutions anglophones ; au collégial ce pourcentage est de 17.5% et à l’université il est de 32.3%. Puisqu’il s’agit d’institutions publiques financées par l’État sur la base du nombre d’élèves ou d’étudiants, il faut donc en conclure que le Québec sur finance le réseau scolaire anglophone au détriment du réseau francophone. Pour les cégeps anglophones, ce surfinancement est équivalent au double de celui auquel ils auraient droit si leur financement était établi en proportion du poids démographique de la communauté anglophone ;pour les universités anglophones, ce sur financement est quatre fois plus grand que celui auquel leur donne droit la population qu’elles desservent.

La loi 101 s’appliquant aux niveaux primaire et secondaire, l’accès à l’école est réglementé en fonction des dispositions de celle-ci. Mais quand vient le temps de choisir la langue d’enseignement au niveau collégial, c’est la « sacro-sainte » règle du libre choix de l’étudiant qui s’applique. Ainsi, dans les cégeps anglophones, seulement 41% des étudiants sont de souche anglophone alors que 20% sont de souche francophone et 39% de souche allophone. De plus, puisque les cégeps anglophones attirent plus de candidats que leur capacité d’accueil, que ceux-ci sont parmi les meilleurs et que le critère de sélection à l’admission est la moyenne générale des études secondaires, les cégeps anglophones ont un meilleur taux de réussite que les cégeps francophones. Cependant, la contrepartie de cette pratique élitiste est que les candidats anglophones ayant de moins bons résultats scolaires que les candidats francophones et allophones se voient refuser l’accès aux études supérieures dans des établissements qui,à l’origine, ont été spécifiquement crééspour répondre aux besoins de la communauté anglophone.

La population scolaire des cégeps anglophones inscrite dans des programmes préuniversitaires est composée à 59% d’étudiants francophones et allophones. Il sera normal pour eux de poursuivre leurs études universitaires dans un établissement anglophone et de s’intégrer plus tard dans un secteur du marché du travail où l’usage de la langue anglaise est privilégié. En permettant aux cégeps anglophones d’admettre plus du double d’étudiants qu’ils en acceptent provenant de leur propre communauté linguistique, on fait d’eux des accélérateurs de l’anglicisation. Ici, il est important de faire la distinction entre anglicisation et «bilinguisation» français-anglais. Que ce soit dans les autres provinces canadiennes, aux États-Unis et dans le plus part des pays du monde, l’anglais est soit la langue maternelle ou la langue seconde. Ainsi, pour les Québécois, la maîtrise de l’anglais est presque indispensable en matière d’économie et d’emploi, notamment dans les secteurs du commerce, de la finance, des télécommunications, du tourisme, de la haute technologie, de la recherche, etc.Prenant acte de cette réalité, l’État a introduit dans le cursus scolaire du primaire au cégep des cours d’anglais obligatoires. Ainsi, selon Statistique Canada,le taux de bilinguisme français-anglais chez les jeunes Québécois de 5 à 17 ans était de 28.3% en 2006 et, pour la même cohorte qui avait de 15 à 17 ans en 2016,il est alors passé à 66%. Sur l’ile de Montréal ce taux était même supérieur à 80%. En conséquence, est-il donc nécessaire pour les jeunes francophones et allophones d’aller dans un cégep anglophone pour apprendre une langue qu’ils maitrisent déjà ? Avec un tel niveau de bilinguisme chez ces jeunes à la sortie du secondaire, on peut dire que l’apprentissage de la langue anglaise à l’école est une réussite et qu’il n’est pas nécessaire de poursuivre des études dans un cégep anglophone pour apprendre l’anglais, d’autant plus que dans le cursus scolaire du cégep francophone l’anglais est une matière obligatoire.

Par ailleurs, il faut bien noter la différence entre bilinguisme individuel et bilinguisme institutionnel. Si le bilinguisme (et encore plus le multilinguisme) individuel constitue pour les individus un réel enrichissement, le bilinguisme institutionnel au Québec – c’est-à-dire un État formellement bilingue anglais-français- mène fatalement à la négation du français comme langue commune et officielle de la province et le fait glisser sur une pente qui mène jusqu’à l’assimilation.

Le bilinguisme étant un acquis après la cinquième secondaire, il a donc lieu de cesser de faire des cégeps anglophones des vecteurs de l’anglicisation du Québec. C’est pourtant ce que continue de faire le récent projet gouvernemental de réforme de la Charte de la langue française. Il maintient en effet à 30834 étudiants temps plein les devis pédagogiques de l’ensemble des cégeps anglophones alors qu’il aurait plutôt lieu de leur appliquer les prescriptions de la loi 101 sur la langue d’enseignement. Devant le refus d’agir, il faut rappeler les sévères constats de l'important regroupement de professeurs de cégeps qui ont récemment sonné l'alarme sur l'état pitoyable du français chez leurs étudiants. Ces professeurs, présents sur le terrain et témoins privilégiés des pratiques langagières, sont, et de loin, les plus crédibles pour juger de cet état de fait. De plus, faudrait-il fermer les yeux sur l'évolution de la place de la langue française sur ce vaste territoire qu'on appelle le Canada depuis ses origines coloniales ? Sous le régime français, si on ne prend en compte que les colons débarquant dans ce"nouveau monde", le français était la langue de la presque totalité de la population.Après la conquête du territoire par les anglais, le pourcentage de locuteurs francophones a rapidement baissé à près de 50%. Puis, au fil des décennies et des lois prohibant l'usage du français dans certaines parties du Canada, la pratique du français s'est surtout concentrée au Québec. Cette population francophone est graduellement devenue minoritaire au Canada. En 1971 le Québec comptait pour 27.9% de la population canadienne et, cinquante ans plus tard, ce taux passait à 22.6%. Selon les extrapolations des spécialistes de Statistique Canada, ce taux pourrait descendre à environ 16% dans les décennies à venir. Ceux qui ont conscience de ces données et n’en tirent pas les conséquences sont soit dans l’aveuglement volontaire, soit carrément de mauvaise foi.