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L'actualisation du programme de Sciences humaines

Préfets de transdiscipline

Au plus tard à la rentrée de l’automne prochain, les collèges du Québec devront obligatoirement avoir intégré la nouvelle mouture du programme de sciences humaines dévoilée en juin 2021. Le processus avait débuté en 2016, une quinzaine d’années s’étaient déjà écoulées depuis la dernière mise à jour.

Daniel Samson-Legault, Portail du réseau collégial

Cet hiver, comme les rafales de neige, ont déboulé les annonces de différents cégeps présentant leur nouveau programme de sciences humaines, à temps pour attirer des inscriptions avant le 1er mars.

Plus qu’une réactualisation, on peut parler d’une véritable refonte du programme de sciences humaines, selon Mme Vaillancourt. Marie-Ève Vaillancourt est la responsable des Sciences humaines à la Commission des affaires pédagogiques (CAP). Elle résume ainsi le changement le plus important : « Le Ministère souhaitait que les étudiants puissent toucher à au moins cinq disciplines différentes. Avant, on se rendait compte que les étudiants se spécialisaient davantage dans deux ou trois disciplines. » Les étudiants du réseau devront donc toucher à trois disciplines imposées par le Ministère (histoire, économie, psycho) et deux, parmi huit autres, au choix de chaque collège.

Les cours d’histoire, pour lesquels le consensus a été un peu plus difficile à obtenir, la traiteront en 60 périodes. D’ailleurs, 60 périodes d’enseignement ont été ajoutées au programme, dont 15 en histoire.

Les étudiants du réseau devront donc toucher à trois disciplines imposées par le Ministère (histoire, économie, psycho) et deux, parmi huit autres, au choix de chaque collège.

Une nouvelle compétence a aussi été ajoutée dans le devis ministériel, essentielle pour le préuniversitaire : les méthodes de travail intellectuel. On y touchera nécessairement aux questions de référencement, de plagiat et de propriété intellectuelle. Ces questions de méthodologie de travail et de recherche seront mieux couvertes. Les contributions du Québec et les perspectives autochtones prendront également plus de place. Développer cette compétence impliquera des investissements en matériel informatique pour lesquels le gouvernement a débloqué 1,6 million de dollars.

« Le Ministère a vraiment travaillé pour lui donner une “twist terrain” », dit Mme Vaillancourt. « C’est nouveau, pour le préuniversitaire. De tourner le programme et de lui insuffler un intérêt, pour que les compétences soient travaillées sur le terrain. Par exemple, en sociologie, on pourrait travailler sur un projet sur le terrain, dans un CLSC ou un centre communautaire, etc. ».

Le Collège d’Alma avait pris un peu d’avance. Annoncé il y a plus d’un an, ce programme concerne plus d’un étudiant sur cinq. La directrice des études d’alors, Marie-Ève Gravel, disait que la nouvelle flexibilité du programme correspondait au besoin d’exploration de l’âge des nouveaux et nouvelles.

Pierre-Luc Bouchard, coordonnateur du département, explique maintenant cette avance par un contexte local et une certaine proactivité « Depuis 5 ans, on avait amassé beaucoup de données. On avait commencé à sonder les étudiants. Trois enquêtes formelles, focus groups, entrevues… On tenait beaucoup à la scientificité du programme. » En 2021, le cégep était donc « sur les blocs de départ ».

Alma d'avance

Le Cégep d’Alma a décidé d’oublier les « profils » particuliers, parfois emprisonnants. « On a donc comme 200 profils, ou pas de profil du tout ! »

L’inconvénient d’aller plus vite, c’est comme « bâtir un avion en plein vol », dit-il. « Ça va bien mais il faut continuellement rajuster le tir. » Est-ce que la gestion de cette transition s’est bien déroulée ? « Ce qui a aidé à fédérer tout le monde, c’est qu’on n’a pas beaucoup parlé de “tâches”, on ramenait constamment ce qui avait été prévu, qu’il fallait un outil pédagogique où l’étudiant est au centre. »

La Fédération étudiante collégiale du Québec exprimait à l’été 2019 dans un avis officiel que cette refonte de programme améliorerait la préparation aux études universitaires, tout en valorisant le concept de transdiciplinarité. « La transdisciplinarité est essentielle en sciences humaines, puisqu’elle permet de faire des liens entre les disciplines, ce qui est hautement nécessaire dans ce champ d’études. Également, cela permet de décloisonner  les  différents  domaines  de  savoirs  et  de  les  interrelier. »

Les détails du nouveau programme peuvent être consultés ici (pdf).

En termes d’inscriptions, le programme de Sciences humaines est le plus important du réseau collégial. Déjà très populaires, les Sciences humaines devraient profiter encore des changements apportés. Le programme sert de préalable à 250 formations universitaires.