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École de technologie supérieure
L’effet ÉTS
« Les personnes provenant de l’ÉTS amènent des idées et des perspectives nouvelles. C’est essentiel pour nous chez BPA, qui repoussons toujours les limites, sommes axés sur l’innovation et valorisons l’excellence. » dixit Dominic Latour, PDG de cette firme de génie-conseil. Ce n’est pas l’ÉTS qui l’affirme, c’est une entreprise québécoise de pointe.
Thérèse Lafleur, Portail du réseau collégial
Créée dans la foulée de l’Université du Québec, l’École de technologie supérieure (ÉTS) est partenaire à part entière de ce réseau. L’ÉTS forme plus de 25 % de tous les ingénieurs québécois. Elle se classe au deuxième rang au Canada quant au nombre de diplômés de baccalauréats en génie.Ce qui distingue l’ÉTS, c’est l’approche appliquée dont bénéficient ses 11 000 étudiants. L’ÉTS prône aussi l’égalité des chances. « La cote R n’entre pas en jeu. » précise Simon Benoît, conseiller aux futurs étudiants.
Pourquoi n’y a-t-il pas de cote R, de contingentement ? Parce que c’est très difficile de comparer des cotes R entre les techniques. Plus encore entre les techniques et le préuniversitaire. Donc les diplômés du collégial sont admis d’emblée, parfois avec des mises à niveau. Par exemple, pour les 33 % de nouveaux inscrits du préuniversitaire en sciences. Cependant, après une première année complétée, le registraire analyse chaque dossier. Des mesures sont prises si cela ne se passe pas bien.
Ce n’est pas parce que nous ouvrons à tout le monde que c’est facile d’étudier à l’ÉTS.
« Mais nous donnons la chance à tous. » fait remarquer Simon Benoît. « Par exemple, un étudiant qui obtient un DEC technique sans échec, avec des notes dans la moyenne, va possiblement avoir une cote R de 26. Comparativement, un diplômé en Sciences de la nature qui a une cote R de 26 peut avoir eu quelques échecs. Selon nous, ce ne serait pas équitable pour l’admission de regarder seulement la cote R. D’ailleurs c’est parfois impossible d’avoir une cote R si la cohorte est trop petite dans un programme. Nous enlevons cette pression à l’admission. »
C’est dès sa création en 1974 que l’ÉTS affichait ses couleurs en enseignement coopératif. L’enseignement universitaire se ferait dans une perspective appliquée. Quand un étudiant s’inscrit à un cours, deux plages paraissent à son horaire. Au cours théorique s’ajoute une période pour la mise en pratique. Rappelons qu’à la base l’ÉTS a été fondée pour les diplômés d’un DEC techniques qui poursuivaient au baccalauréat.
Monsieur Benoit précise que « au départ, le baccalauréat technique de 90 crédits de l’ÉTS ne donnait pas accès à l’Ordre des ingénieurs. Maintenant nos baccalauréats ont plus de 90 crédits. Nous sommes accrédités par le Bureau canadien d’agrément des programmes de génie (BCAPG). Cependant l’ÉTS se différencie en acceptant massivement des techniciens. Les professeurs savent que les deux tiers de leurs étudiants ont un DEC technique. Cela joue sur leurs stratégies d’enseignement plus techniques, pratiques, appliquées. »
Depuis une vingtaine d’années, l’ÉTS a décidé d’ouvrir ses portes aux diplômés du préuniversitaire en sciences. Ces étudiants doivent suivre une mise à niveau qui leur permet, par ailleurs, d’orienter la suite de leurs études en génie. À L’ÉTS, il n’y a pas de passerelles DEC-BAC ni de reconnaissance de cours particuliers. Le baccalauréat de quatre ans s’inscrit dans une suite logique des études collégiales.
Et l’expérience ÉTS se passe beaucoup sur le terrain. Les étudiants partent en stage après chaque année-tiers de formation. Trois stages sont obligatoires et un quatrième optionnel. Ces stages rémunérés de quatre mois permettent d’explorer différents milieux de travail.
Des stages clés pour les entreprises. Comme leur formation est axée sur la pratique, ces stagiaires sont appréciés pour leur polyvalence et leurs connaissances concrètes. Leurs acquis se révèlent facilement applicables en milieu de travail, fait remarquer BPA. « En 2023, nous avons intégré environ 42 stagiaires, dont près du quart provenaient de l’ÉTS. Parmi eux,30 % ont été recrutés comme employé ou vont revenir pour un nouveau stage en 2024. Nos stagiaires et finissants sont encadrés par un programme de mentorat établi propulsant leur développement pour former les meilleurs professionnels du marché. » témoigne Shanel Bélanger Vaillancourt, conseillère principale RH chez BPA.
Par ailleurs, l’extrascolaire n’est pas en reste quand il s’agit d’appliquer concrètement les apprentissages.Les étudiants se retrouvent au pavillon des clubs autour de projets communs. Dans leurs « garages », leurs expérimentations avant-gardistes tournent autour de tout ce qui vole, flotte ou roule ! Du canot en béton aux robots qui jouent au soccer.
Monsieur Benoît ajoute que « Chaque club est structuré comme une PME. Il y a un patron et des responsables soit des communications, des finances ou de la recherche et du développement. Les projets se réalisent en autofinancement. Récemment, le véhicule solaire, créé par un club, a fait le trajet de Darwin à Adélaïde en Australie. »
Quand ils ne sont pas en stage, les étudiants sont occupés en classe, en laboratoire ou dans un projet. Plus de 1000 chambres en résidence permettent de vivre dans cette cité étudiante au cœur de Montréal. « Nous avons récupéré l’ancien planétarium pour en faire Centech, un incubateur d’entreprises dans le Top 10 mondial. Une bulle ÉTS se crée dans Griffintown, un quartier en émergence. Nos étudiants se déplacent à pied dans un espace de plus en plus vert. » mentionne monsieur Benoît.
Et la présence des femmes à l’ÉTS ? Ingénieur Canada vise 30 % de femmes en génie en 2030. Malgré tous les efforts déployés, dont G-Change ou Les filles et les sciences, leur présence au baccalauréat tourne autour de 15 % à 18 %. Aux cycles supérieurs la proportion est plus élevée. Il faut prendre en considération que le baccalauréat offert par l’ÉTS intéresse davantage les diplômés de techniques, une clientèle majoritairement masculine. Donc la marche est plus haute pour recruter des étudiantes. Mais, depuis 20 ans,l’ouverture de l’ÉTS au préuniversitaire en sciences a fait une différence.
L’ÉTS se révèle un haut lieu de savoir, de savoir-faire. Partie prenante du réseau collaboratif francophone de l’Université du Québec, l’ÉTS contribue au développement scientifique du Québec. Outre ses programmes en génie, l’ÉTS ouvre ses formations aux technologies dont l’industrie aura besoin dans un futur proche. « Dans les prochaines années, L’ETS prévoit offrir un baccalauréat en Aérospatial sur son futur campus de Longueuil. Des baccalauréats en Génie de l’environnement et en Design d’expérience utilisateur (UX) sont aussi dans les cartons. Récemment, l’ETS officialisait un baccalauréat en Informatique distribuée. » souligne monsieur Benoît.