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Le succès du hockey féminin au collégial
Par Alain Lallier
Nous avons tous été impressionnés par les performances des joueuses de l’équipe de hockey féminine du Canada aux derniers Jeux olympiques. Parmi les meilleures performances apparaissaient celles de Marie-Philippe Poulin, ancienne joueuse de l’équipe des Blues du Collège Dawson en 2008-2009, et de Mélodie Daoust, joueuse pour les Lynx du Cégep Édouard-Montpetit en 2009-2010. Cette nouvelle médaille d’or incitera-t-elle les filles à chausser leurs patins ? Le Portail en discute avec David Evangelho, entraîneur-chef de l’équipe féminine de hockey du Collège Champlain de Lennoxville.
David Evangelho, entraîneur-chef de l’équipe féminine de hockey du Collège Champlain de Lennoxville.
« Il y a encore beaucoup à faire pour le hockey féminin! »
« Nous souhaitons ardemment que cette médaille d’or incite les filles à adopter le hockey. Même si ce n’est pas la première médaille d’or gagnée par les Canadiennes aux Jeux olympiques, ça demeure un événement qui pourrait influencer certaines filles à se diriger dans ce sport, précise l’entraîneur-chef. Plus on est entourés d’un sport professionnel, plus on crée de l’engouement chez de jeunes athlètes. Cela explique pourquoi il y a de nombreux hockeyeurs en Amérique du Nord : nous sommes entourés par de nombreuses équipes professionnelles. Il reste encore beaucoup à faire au niveau du hockey féminin, mais l’événement fait rayonner ce sport aux quatre coins du pays. »
Plus de 200 joueuses au niveau collégial
La ligue de hockey féminine collégiale compte actuellement onze équipes, dont sept en division 1 et quatre en division 2. Nous comptons une vingtaine de joueuses par équipe, donc elles sont plus de 200 à pratiquer ce sport au niveau collégial.
Coach dans cette ligue depuis déjà trois ans, David Evangelho estime que l’investissement important des différents collèges contribue à l’encadrement des athlètes à tous les points de vue. « Je salue le brio des différentes organisations collégiales qui, année après année, s’efforcent de concilier études et sport de façon optimale. La qualité des intervenants dans les différentes organisations est remarquable et fait en sorte que le réseau collégial rayonne au Québec et que le hockey collégial féminin est en bonne santé. »
La recette du succès de l’équipe
L’équipe du Collège Champlain de Lennoxville occupe la troisième place au classement de la division 1 et a connu du succès au cours des dernières années. L’entraîneur affirme que ce succès repose sur les filles qui composent l’équipe. « Le recrutement est très important pour les différentes équipes collégiales au sein du RSEQ, ajoute-t-il. Nous nous efforçons depuis plusieurs années de recruter des individus à part entière et non pas uniquement des athlètes d’exception. Nous désirons vraiment des personnes capables de promouvoir, puis de défendre nos convictions et nos valeurs pendant trois ans. Nous sommes très méticuleux au niveau du recrutement. Nous savons exactement les qualités que nous recherchons chez nos athlètes. Nous avons des filles en mesure d’adhérer aux valeurs de notre organisation de façon entière. J’aurais beau mettre de nombreuses publicités dans une des émissions les plus regardées au Québec, mais en fin de compte, ce qui fait la notoriété de notre programme, c’est la qualité des individus qui la compose.C’est le bouche-à-oreille des familles satisfaites de ce que l’on fait avec leurs filles qui fait la différence ».
L'équipe d'intervenants de l'Équipe féminine hockey du Collège Champlain de Lennoxville
Entraîneurs adjoints
Sylvain Perreault
Philippe Bérube
Entraîneur des habiletés individuelles
Stéphane Dion
Entraîneure des gardiennes
Frédérike Berger-Lebel
Préparateur physique
Michaël Fullum
Préposé à l'équipement
Alexis Bouchard
Physiothérapeute en chef
Geneviève Duval
« Je peux compter sur une équipe d’intervenants exceptionnelle composée de trois enseignants en éducation physique, un préparateur physique professionnel, deux entraîneurs adjoints et une entraîneuse des gardiennes de but. Ces entraîneurs sont chevronnés et expérimentés à plusieurs niveaux. J’ai toujours voulu m’entourer des meilleurs individus. D’ailleurs, chacun des entraîneurs de l’équipe pourrait me remplacer demain matin. L’équipe d’entraîneurs me met au défi tous les jours, et les filles profitent de cette expertise. Mais nous ne devons pas perdre de vue que nous évoluons dans une ligue de développement. L’équipe d’entraîneurs a donc le mandat de faire progresser les filles, et pas seulement sur les plans techniques ou tactiques, mais également au niveau psychologique et social. »
Une équipe bien soutenue par le collège
David Evangelho insiste sur le fait que le collège n’hésite pas à investir des sommes importantes dans le développement des athlètes en engageant du personnel qualifié (nutritionniste, psychologue, travailleur social, physiothérapeute, etc.) et en offrant toutes les ressources nécessaires pour maximiser le développement des athlètes. « C’est un gros plus quand la direction est de connivence avec l’équipe de hockey et ses entraîneurs. De plus, nos installations sont récentes et à la fine pointe de la technologie. Les filles jouissent d’un environnement très professionnel, » ajoute-t-il.
Et la suite au niveau universitaire ?
Au football, les nombreuses équipes universitaires offrent de bonnes chances aux joueurs du niveau collégial de poursuivre la pratique de leur sport préféré. Au Québec, l’Université de Montréal, l’Université Concordia, l’Université McGill et l’Université Bishop offrent des programmes de hockey féminin au sein d'une ligue qui compte aussi sur les universités d’Ottawa et Carleton. « Ce sont des organisations hyperprofessionnelles, et la structure de ces programmes est très alléchante pour les jeunes hockeyeuses. Il y a plus de points positifs à demeurer au Québec qu’auparavant, où on voyait régulièrement des joueuses opter pour des universités américaines. »
Les francophones, très majoritaires dans l’équipe de Lennoxville
L’équipe féminine des Cougars de Champlain ne compte qu’une seule anglophone. « 75 % des étudiantes du collège proviennent d’un milieu francophone. C’est quand même intéressant pour elles, notamment pour une jeune hockeyeuse qui désire s’orienter vers une université majoritairement anglophone, car nous disposons d’une panoplie d’outils favorisant leur immersion anglaise. Pour une jeune femme de milieu francophone qui souhaite étudier dans une université majoritairement anglophone, il n’y a pas de problème, car elle a commencé à apprendre l’anglais dès l’école primaire. La transition d’un cégep francophone vers une université anglophone se fait généralement bien. Mais Champlain offre aux filles la possibilité de suivre des cours dans les deux langues, évitant ainsi le stress d’aller étudier en anglais à l’université. »
Puisqu’il n’y a qu’une seule joueuse anglophone dans l’équipe, est-ce que le coaching se fait en anglais ou en français ? L’entraîneur-chef avoue qu’il utilise les deux langues. Pour les termes de hockey, on utilise l’anglais. Pour le reste, ça se passe en français. « Nous estimons que c’est plus fort et convaincant lorsque l’on s’adresse aux francophones en français. »
Gabrielle Santerre
Une joueuse de l’équipe de Champlain-Lennoxville trône au sommet des meilleures compteuses de la ligue. Son nom : Gabrielle Santerre. On l’a comparée à Sidney Crosby, rien de moins. Cette athlète très douée est d’une maturité incroyable, selon l’entraîneur. « Elle boit nos paroles, met en application tout ce qu’on lui présente, tout ce qui a trait à la préparation et à l’alimentation. Très assidue, elle est toujours prête à en faire plus. Elle compétitionne sainement avec toutes les athlètes du Canada. Son rêve : faire partie de l’équipe nationale et participer aux Jeux olympiques. C’est une des athlètes les plus proactives, une grande passionnée de hockey qui croit en elle-même et s’assure de faire le nécessaire pour atteindre ses objectifs. Elle est consciente que tout ce qu’elle fait actuellement lui servira au hockey et dans tout ce qu’elle entreprendra dans sa vie. Cette capitaine hors pair rend les autres meilleures et les oblige à en faire un peu plus pour connaître le succès que l’on connaît. Nous n’avons pas fini d’entendre parler d’elle. »