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Entrevue avec Lorraine Blais de Solutions Novika, CCTT du Cégep de La Pocatière

Le profil étude-recherche du Cégep de La Pocatière : à la genèse de futurs chercheurs

Les programmes recherche-étude du Cégep de La Pocatière offrent aux étudiantes et étudiants une occasion unique de plonger dans le monde de la recherche appliquée. Cette collaboration alliant savoir académique et expertise scientifique joue un rôle clé dans la promotion de l’innovation et prépare la relève à faire face aux défis de demain. Découvrez comment cette initiative façonne l’avenir tout en répondant aux besoins concrets de l’industrie.

Par Geneviève Lemay, rédactrice

Lorraine Blais, directrice générale de Solutions Novika, un CCTT en technologie physique affilié au Cégep de La Pocatière

Lors d’une entrevue avec Lorraine Blais, directrice générale de Solutions Novika, un CCTT en technologie physique affilié au Cégep de La Pocatière, on découvre à quel point le programme recherche-étude offre aux étudiant(e)s collégiaux une vitrine unique sur l'univers de la recherche appliquée.

Des projets en réponse à des besoins réels

Solutions Novika prend au sérieux de sélectionner des projets à valeur ajoutée pour les besoins d’aujourd’hui et de demain. - La directrice générale nous donne d’ailleurs deux exemples très concrets de cette volonté à engendrer des vecteurs de solutions qui pourraient éventuellement avoir un impact significatif au sein d’industries où l’innovation est essentielle. Voici un portrait de ces deux dossiers en étude-recherche, effectués avec les programmes de technologie du génie physique et des sciences de la santé:

Nez artificiel

Un des projets récents de Solutions Novika réalisé par Émile Raymond, alors étudiant du cégep de La Pocatière en Technologie du génie physique,a permis de développer un système de détection de particules volatiles présentes lorsqu’un patient a souillé sa culotte.

 

Émile Raymond, étudiant au Cégep de la Pocatière

« Le projet de nez artificiel a pu mettre en évidence une solution innovante pour détecter si un bénéficiaire aurait souillé sa couche. Cette solution prenait aussi en compte l’ajout possible d’un déclencheur d’alarme permettant au personnel de soin d’être avisé de la situation. Ce projet a su capter l’attention des médias, comme Ici Première, la chaîne de diffusion de Radio-Canada qui lui a consacré une capsule dans le cadre de l'émission Moteur de recherche, et il a aussi été présenté au congrès de l’Association pour la recherche au collégial (ARC) où il a d’ailleurs remporté le deuxième prix étudiant en 2023, ainsi que la mention Relève étoile dans le secteur de la nature et des technologies. », souligne Lorraine.

Elle continue en affirmant que le processus engendre bien des défis, notamment au niveau du financement. Par exemple, l’organisation doit compter sur ses propres moyens pour financer le salaire et l’encadrement de l’étudiant.La démarche étant créditée au cursus de l’étudiant, en remplacement de certains cours. L’accompagnement doit être rigoureux et s’articuler autour du développement académique de l’étudiant tout en servant les intérêts du projet de recherche.  

Heureusement, comme elle le mentionne, « chaque intervenant s’implique au meilleur de ses compétences. Cela nous permet d’optimiser la valeur de chaque dollar investi et de réellement faire valoir l’importance de notre CCTT dans les industries que nous desservons, et dans la société ».

Détecteur de contaminants

À l’heure actuelle chez Solutions Novika, un autre projet de recherche-étude est réalisé par Leyla Hippeau-Dufour, étudiante  en Technologie du génie physique au Cégep de La Pocatière: un détecteur de contaminants biologiques fonctionnant par ondes acoustiques de surface. 

L’idée était d’identifier une technologie capable de détecter le moment exact où le contaminant biologique se développe sur une surface donnée. 

« Le marché offre quelques solutions. Toutefois, dans le cadre de projets de recherche pour des entreprises québécoises, elles se sont avérées instables. Notre objectif avec ce projet est tout d’abord de réduire au maximum les risques de contamination biologique, qui représentent chez plusieurs organisations un facteur significatif. Dans la majorité des cas, ces dernières utilisent de manière préventive des méthodes de désinfection chimique et thermique pour éviter l'occurrence de la contamination. Mais, peut-on, avec une nouvelle technologie, limiter au minimum le nettoyage à l’aide de produits nocifs pour l’environnement en identifiant l’instant où la contamination a lieu? On pourrait ainsi prévenir les contaminations, réduire l’utilisation de produits chimiques, limiter les périodes où les équipements sont hors fonction et aussi optimiser l’intervention du personnel sur place. On pense à la prévision automatique du moment optimal pour déclencher un cycle de nettoyage-désinfection ». Bien qu’il n’en était qu’à ses débuts, ce projet s’est déjà mérité le deuxième prix du Forum Innovation Ingénierie Informatique Entrepreneuriat de l’UQAR, au printemps 2024.

Participer à la naissance des expert(e)s en recherche appliquée de demain

Lorraine, tout comme d’autres intervenants impliqués de près ou de loin dans les CCTT, trouve essentiel de souligner l’apport important des CCTT dans la recherche appliquée, et dans la formation de futurs chercheurs de haut niveau.

« Au Canada et au Québec, les besoins en termes de recherche appliquée sont immenses. Toutefois, en permettant à des chercheurs d’avoir une expérience significative en recherche appliquée tôt dans leur parcours, on [ les CCTT ] participe activement à faire naître encore plus d’experts en recherche appliquée, qui permettront éventuellement la concrétisation d’avancées technologiques au bénéfice de nos industries. Cela permet, surtout, d’aider les étudiants à identifier ce qui les passionne et à concrétiser les travaux de recherche dans un vrai milieu, avec de vrais projets. »