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Association des fondations collégiales
Essor de la philanthropie au collégial
La philanthropie au collégial, c’est plus que des dons. C’est un engagement désintéressé à servir la persévérance et la réussite des étudiants. L’avènement de fondations dans les cégeps a suscité un premier élan philanthropique.Des fondations maintenant regroupées au sein de l’Association des fondations collégiales (AFC).
Par Thérèse Lafleur, rédactrice, Portail du réseau collégial
En 2022-2023, le programme Placements Cégeps est venu ancrer solidement la philanthropie dans le réseau. Le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) investit 45 millions de dollars sur cinq ans pour le déploiement des fondations collégiales. Ainsi, ces fondations consolident leurs assises dans chaque établissement. De plus, elles bénéficient d’une subvention en contrepartie de chaque don.
Créée en 2019, l’Association des fondations collégiales regroupe 46 des 48 cégeps. L’AFC soutient le développement de la philanthropie dans les cégeps. Mais son mandat n’est pas la sollicitation.Elle se veut d’abord un forum d’échange. Ses membres bénéficient de services de référence, de veille et de formation. En plus d’identifier les phénomènes émergents, l’AFC se penche sur les lois et règlements ayant un impact sur les fondations. En rassemblant ces 46 fondations, elle constitue aussi une solide force de représentation.
« Nous travaillons dans la collégialité. Chaque mois, les représentants des fondations se rencontrent. Ils échangent pour améliorer constamment leur gestion et leurs initiatives en philanthropie. Et toutes les fondations ont droit au chapitre. Qu’elles démarrent ou qu’elles soient bien implantées. Cela permet de briser l’isolement. Et parce que nous partageons nos pratiques, nous nous inspirons les uns des autres. Au besoin, nous communiquons directement entre nous. Les fondations sont situées dans différentes régions. Bien sûr, elles sont plus nombreuses à Montréal et à Québec. Mais tout en œuvrant dans notre propre région, nous voulons travailler ensemble pour que nos étudiants profitent de leur passage au collégial. Et cela se passe dans l’entraide. » explique la nouvelle présidente de l’AFC, Marie-Ève Gervais, directrice générale de la Fondation du Collège Montmorency.
Madame Gervais est appuyée par Geneviève Déry à la vice-présidence de l’AFC. À la Fédération des cégeps, Louis Grou, coordonnateur, apporte son soutien pour faire rayonner les fondations et leur mission philanthropique.
Mais au-delà du partage des bonnes pratiques, l’AFC donne accès à des ressources privilégiées. Par exemple, Caroline Girard, cheffe de la Direction de la philanthropie et des relations avec les diplômées a présenté les stratégies de l’Université Laval pour favoriser le sentiment d’appartenance de ses diplômés. Elle a aussi abordé son expérience de mutualisation des fondations au niveau universitaire. Fin février, Michaël Gaudreau, chercheur à ÉCOBES abordera les préoccupations des étudiants et leurs besoins. L’auraient-ils fait pour une seule fondation ? Nous pouvons en douter. Mais pour partager leur expertise avec une quarantaine de fondations de cégeps réunies,ils répondent présents.
« C’est inspirant de constater à quel point le travail fait en commun permet de grandir ensemble. Chacun de notre côté nous travaillons très fort. Mais parce que nous avons cet esprit de partage, nous pouvons maximiser les actions de la fondation de notre cégep. Réfléchir seul à une stratégie de développement philanthropique peut être difficile. C’est en regardant cheminer les autres, en partageant les expertises et les outils,que chaque fondation peut faire mieux. » affirme madame Gervais.
Mais si l’AFC poursuit toujours sa mission, une transition s’est pourtant imposée. Dans la foulée du programme Placements Cégeps, un nouveau regroupement voué à la sollicitation concertée prend forme. Il s’agit d’un organisme de bienfaisance mutualisé qui sera présidé par Johanne Berthiaume, directrice générale de la Fondation du Collège Ahuntsic.
Madame Berthiaume précise que « Ce nouveau regroupement rallie des gens du milieu socioéconomique au sein de son conseil d’administration comme le fait une fondation. Ainsi, il sera possible de solliciter de grands donateurs nationaux qui réservaient leurs dons aux universités. C’est lors de la campagne lors de la COVID que l’intérêt de grands donateurs pour la sollicitation mutualisée s’est confirmé. Ils trouvaient vraiment facilitant d’avoir un seul interlocuteur au lieu de 48. Nous travaillons avec la Fédération des cégeps en ce sens. »
Des efforts qui ne datent pas d’hier. Le président-directeur général de la Fédération, Bernard Tremblay, fait des démarches depuis plusieurs années afin que les cégeps aient accès aux mêmes mesures que les universités.
Les représentations et la ténacité de monsieur Tremblay ont porté fruit. Un comité a été formé par le MES pour étudier la question. Les cégeps voulaient avoir accès au même programme « Placements » que les universités, les groupes sportifs ou la scène culturelle. Finalement, les cégeps et leurs fondations, la Fédérationet le MES ont travaillé ensemble pour mettre en place le programme Placements Cégeps. Une mesure financée par le MES qui représente un investissement de 45 M$ sur cinq ans.
Le programme Placements Cégeps[i] incite les particuliers, les sociétés et les fondations du Québec à donner plus généreusement aux cégeps. Les dons sont consacrés aux étudiants. Pour ce faire, le MES accorde des subventions de contrepartie qui s’ajoutent aux dons et aux contributions recueillies par les organismes auprès des donateurs et de fondations. Selon leur taille, les cégeps se voient allouer un montant fixe pour se structurer. La contrepartie est accordée de même, plus le cégep est petit, plus les montants alloués sont grands.
« Nous avons eu les premiers effets de cette mesure en 2022-2023. La première année, les fondations des cégeps se sont partagé 5 M$. Pour les quatre prochaines années, nous nous partagerons 10 M$. Cela change la réalité pour beaucoup de fondations. Certaines qui étaient toutes petites n’avaient pas nécessairement le personnel requis pour prendre leur envol. C’est d’ailleurs l’un des buts de la mesure de permettre de structurer les fondations afin qu’elles intensifient leurs activités de sollicitation. » poursuit madame Berthiaume.
Par ailleurs, tout en reconnaissant la valeur de la philanthropie et l’utilité des fondations, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ) s’est dite préoccupée de la « marchandisation » de l’éducation. Est-ce que les donateurs voudront un retour sur investissement ? Un point de vue que réfute le PDG de la Fédération des cégeps. Rappelons que les fondations donnent aux étudiants, pas aux cégeps. Ce peut être sous forme de bourses, de financement d’activités ou de fonds d’urgence pour les étudiants en difficulté.
Alors que l’Association des fondations collégiales offre une force de « représentation mutualisée », le nouvel organisme de bienfaisance constitue une force de « sollicitation mutualisée » auprès des grands donateurs nationaux.
L’essor de la philanthropie au collégial repose sur les efforts conjugués de l’AFC et de la nouvelle force de sollicitation mutualisée. Chacune, à sa manière, contribue à la notoriété des cégeps et de leurs fondations. La mise en œuvre du programme Placements Cégeps constitue une avancée majeure pour faire croître les investissements philanthropiques au niveau collégial.
[i]Régime budgétaire et financier des cégeps, Annexe S126 Placements Cégeps, Année scolaire 2022-2023, décembre 2022. Consulté le 31 janvier 2024.
[ii]Nadeau, Jean-Benoît, collaboration spéciale (2022, 12 novembre). « Coup de pouce à la philanthropie dans les cégeps » Le Devoir. Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part. Consulté le 31 janvier 2024.
[iii]Carrier, Léa et Ouellette-Vézina, Henri (2022, 22 septembre). « Des fonds de Québec en fonction des dons ». La Presse. Consulté le 31 janvier 2024. Consulté le 31 janvier 2024.