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Étudiants étrangers

Un plafond de 15 % recommandé par le commissaire à la langue française

Hugo Pilon-Larose La Presse

Le commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, recommande de plafonner à 15 % le nombre d’étudiants étrangers du réseau postsecondaire. Avec une hausse rapide du nombre de demandes d’admission provenant d’Afrique francophone, il propose aussi d’uniformiser les initiatives de recrutement à l’étranger et d’améliorer leur accueil au Québec, pour s’assurer d’une intégration réussie.

Depuis 2021, indique M. Dubreuil, la hausse du nombre d’étudiants en provenance d’Afrique, qui s’avère pourtant « prometteuse pour la situation du français, car les étudiants francophones qui étudient en français sont les seuls dont l’utilisation du français au travail se rapproche de la moyenne québécoise », a soulevé de nouveaux enjeux.

« Des collèges ont développé des modèles d’affaires centrés principalement sur le recrutement d’étudiants internationaux. L’intégrité des processus d’admission et d’immigration n’a pas toujours été respectée. Plusieurs personnes sont arrivées en étant visiblement mal préparées aux études au Québec et finalement, plusieurs titulaires d’un permis d’études ne se sont pas présentés dans l’établissement qui les avait admis ou encore ont déposé une demande d’asile », a détaillé le commissaire à la langue française lors du dépôt d’un nouveau rapport, mercredi.

M. Dubreuil propose à Québec 11 recommandations, dont celle de viser « dans la réception et le traitement des demandes d’admission une proportion d’étudiants internationaux représentant un maximum de 15 % des effectifs de chaque établissement ». Mais la ministre de l’Enseignement supérieur, Martine Biron, se dit réticente à une mesure qui ferait du « mur à mur ».

À l’heure actuelle, la proportion moyenne d’étudiants étrangers dans les établissements au Québec est de 13 %. Or, dans « 10 à 15 » établissements, ce pourcentage serait beaucoup plus élevé, explique M. Dubreuil.

Il note dans son rapport que ces établissements, dont les collèges Ellis et LaSalle, à Montréal, ont centré leur modèle d’affaires sur le recrutement international.

« Ce sont des contextes qui ne sont pas tout à fait favorables à l’intégration […] dans la mesure où [on] étudie au Québec pendant quelques années, mais sans être en contact avec des étudiants québécois. »

– Benoît Dubreuil, commissaire à la langue française

« Pour nous, ça va à l’encontre des objectifs de la Charte de la langue française, qui mise non seulement sur l’utilisation et l’apprentissage du français, mais aussi sur […] une adhésion à la culture québécoise », explique M. Dubreuil.

Le commissaire écrit toutefois dans son rapport qu’une proportion supérieure pourrait néanmoins être acceptée dans certaines situations, par exemple pour maintenir une offre de programme minimale à Baie-Comeau, à Matane ou à Saint-Félicien. Les étudiants du troisième cycle universitaire, dont le nombre demeure « modéré et stable », pourraient être exclus du calcul, ajoute-t-il.

Revoir le recrutement

Le commissaire Dubreuil suggère également à Québec d’établir un « consortium composé des principaux intervenants des trois ordres d’enseignement » qui aurait pour mission de faire la promotion des études au Québec à l’étranger, tout en préparant adéquatement les futurs étudiants à leur arrivée dans la province.

« Il y a des gens qui sont arrivés [et] qui sont tombés en bas de leur chaise parce que justement, ça coûtait infiniment plus cher que ce qu’on leur avait expliqué. Il y a des gens qui viennent, ils disent moi, je vais réussir à payer mes droits de scolarité puis à vivre en travaillant 24 heures la semaine, [mais] ça ne marche pas. Il y a quelqu’un qui n’a pas donné la bonne information », illustre M. Dubreuil.

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9 octobre 2025