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Étudiants étrangers
Québec impose un plafond aux établissements
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry
(Québec) Le réseau de l’enseignement supérieur devra se passer de milliers d’étudiants étrangers. Québec serre la vis en particulier aux collèges privés et impose des plafonds aux cégeps et aux universités.
Le gouvernement Legault passe à l’acte
Après avoir légiféré pour s’attribuer le pouvoir de limiter le nombre d’étudiants étrangers, le gouvernement Legault passe à l’acte : il réduit de 20 % le nombre de demandes pouvant être faites par des étudiants étrangers voulant fréquenter un établissement d’enseignement québécois. Plus particulièrement, Québec agit en limitant le nombre de certificats d’acceptation du Québec (CAQ), un document essentiel à l’obtention du permis d’études délivré par Ottawa.
Le gouvernement a attribué 156 647 certificats en 2024, et réduira ce nombre à 124 760 en 2025. Chaque établissement se verra donc attribuer un quota à respecter. Une nuance est importante : le nombre de certificats n’est pas représentatif du nombre d’étudiants étrangers au Québec puisque le certificat est accordé pour la durée d’une formation.
Les collèges privés écopent
La baisse est concentrée dans les collèges et établissements d’enseignement privés. « Là où vraiment, il va y avoir une réduction substantielle, c’est dans les AEC [attestations d’études collégiales] », explique la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. Québec cible les AEC et les formations de courte durée qui, déplore-t-elle, « servent de voies rapides » pour obtenir la résidence permanente.
On parle de formations en administration, en courtage immobilier, en planification d’évènements, en design, par exemple. « Il y a plein, plein de programmes d’AEC très populaires […] où il y a eu une croissance substantielle du nombre d’étudiants étrangers, constate la ministre. Est-ce qu’on a besoin de tous ces étudiants étrangers dans des programmes d’attestation d’études collégiales ? La réponse, c’est non. »
Selon le décret, le Collège Ellis (Trois-Rivières), le Collège Universel (Montréal), le Collège LaSalle (Montréal) et l’Institut Teccart (Montréal) sont les établissements privés qui accueillent – et de loin – le plus d’étudiants étrangers. Québec serre également la vis aux établissements d’enseignement qui offrent des formations professionnelles et, comme cela a été démontré dans les médias, qui ont « développé des modèles d’affaires » autour du recrutement à l’étranger.
Cégeps : des programmes « protégés »
Québec protège les AEC au collégial et la formation professionnelle qui visent à former des travailleurs dans trois domaines : santé, services sociaux et éducation. Des programmes « nichés » en région ou dans des secteurs stratégiques, comme l’aviation, ne subiront pas non plus de diminution, assure Mme Déry. Les cohortes en région vont toutes démarrer, assure-t-elle.
En revanche, le nombre d’étudiants étrangers dans l’ensemble des programmes d’études techniques (DEC) et préuniversitaires sera plafonné. Cela veut dire que Québec attribuera, pour 2025-2026, le même nombre de certificats par établissement qu’en 2024. D’ailleurs, le décret publié mercredi est d’une durée d’un an seulement. Le gouvernement Legault veut prendre en considération sa planification pluriannuelle de l’immigration – qui inclura pour la première fois l’immigration temporaire – pour définir les seuils pour les trois prochaines années dans le milieu de l’enseignement.
« La première étape, c’est de freiner cette croissance qu’on a eue au cours des dernières années, pour toute la pression que ça crée sur les services publics, sur le logement [des étudiants] dans mon cas », illustre la ministre. Le nombre d’étudiants étrangers ayant un permis d’études valide a explosé au Québec de 2014 à 2023, passant de 50 000 à 120 000, une hausse de 140 %, selon le gouvernement.