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3e édition du SIRPhi

Appel de communications

 

Nature et normativité : quelles relations entre être et devoir-être ?

Qu’est-ce qu’une vie bonne? Qu’est-ce qu’une société juste? Comment doit-on traiter autrui? Qu’est-ce qu’une belle chose? Qu’est-il rationnel de penser? Qu’est-il justifié de vouloir et ressentir?

Malgré leur grande variété, ces questions ont un trait commun : elles sont normatives. Elles ne portent pas simplement sur la manière dont les choses sont, mais sur la manière dont elles devraient être. Dire d’une chose qu’elle est bonne, juste, belle, obligatoire, permise, rationnelle, justifiée, appropriée, ce n’est pas simplement la décrire, c’est l’évaluer. C’est se prononcer sur sa valeur et pas simplement sur sa nature.

De fait, dans leur réflexion entourant les valeurs, les philosophes ne cherchent pas seulement à élucider directement comment les choses devraient être. Ils s’intéressent également aux questions de second ordre sur le phénomène de la normativité, c’est-à- dire aux enjeux « métaéthiques » ou, plus largement, « métanormatifs », qui incluent la métaphysique, l’ontologie, l’épistémologie, la psychologie et la sémantique du devoir-être. Pour cette troisième édition du SIRPhi, nous invitons toute contribution abordant ce thème, sans restriction de tradition ou de courant historique. Voici quelques exemples de questions pouvant être abordées.

Comment comprendre les propriétés normatives comme être bon, juste, beau, obligatoire, permis, rationnel, justifié, approprié, etc.? Sont-elles réductibles à des propriétés naturelles? Si oui, qu’entend-on par des propriétés naturelles? Et quelles sont- elles exactement? S’agit-il de propriétés postulées par nos meilleures théories scientifiques? Ou encore par les méthodes caractéristiques de la phénoménologie et de l’herméneutique? Ces propriétés sont-elles dépendantes d’attitudes et d’institutions contingentes pouvant varier selon les cultures ou les époques (Hobbes 1651; Nietzsche 1887; Wittgenstein 1953; Harman 1975; Foucault 1976; Wong 1984; Street 2008; Rorty 2012; Braver 2012)? Viennent-elles plutôt de faits universels à propos du bien-être humain et de ce qu’il est rationnel de désirer (Railton 1986; Brink 1989; Smith 1994; Copp 1995; Schroeder 2007)? De faits provenant de caractéristiques constitutives de l’agentivité comme le suggèrent certains kantiens (Korsgaard 1996), des actes affectifs et volitionnels de la conscience (Husserl 1914), de l’être-au-monde (Heidegger 1927; Merleau-Ponty 1945; Dreyfus et Taylor 2015), de la liberté (Sartre 1943), de l’expérience de l’Autre (Lévinas 1961), ou plutôt de l’auto-affection de la vie elle-même (Henry 1963)? De faits biologiques et téléologiques comme le pensent Aristote et certains néo-aristotéliciens (Anscombe 1958; Foot 2001; Thomson 2008)?

Est-ce que tout cela signifie que l’on peut tirer une éthique de la nature? Que fait-on, alors, de la « loi de Hume » selon laquelle on ne peut dériver de conclusions sur ce qui devrait être à partir de prémisses concernant ce qui est? Faut-il plutôt adopter une approche platonicienne par rapport à la normativité? Les propriétés normatives sont-elles sui generis et irréductibles à quoi que ce soit de naturel (Moore 1903; Ross 2002; Shafer- Landau 2003; Wedgwood 2007; Cuneo 2007; Enoch 2011; Parfit 2011; Scanlon 2014)? Peut-il y avoir une telle chose que des propriétés non-naturelles? Si oui, quelle est leur relation avec le monde naturel? Comment peut-on les connaître? Par la réflexion? L’intuition? Le devoir-être est-il vraiment le domaine de la raison, comme le suggère Kant ou une affaire de passion, comme le suggère Hume?

Les questions métanormatives de second ordre touchent aussi nos énoncés normatifs. Qu’exprimons-nous lorsque nous posons des jugements sur ce qui devrait être? Nos discours normatifs présupposent-ils l’existence de propriétés objectives, universelles et non-naturelles? Se pourrait-il que nous soyons commis à l’existence de propriétés qui, en réalité, n’existent pas (Mackie 1977; Joyce 2001; Olson 2014)? Qu’est-ce que cela signifierait pour nos pratiques normatives? La fonction des énoncés normatifs est-elle vraiment de décrire des propriétés? Pourraient-ils plutôt exprimer des attitudes avec une composante non-cognitive comme des désirs et des émotions (Stevenson 1937; Ayer 1946; Hare 1952; Blackburn 1998; Gibbard 2003; Ridge 2014)? Les énoncés normatifs peuvent-ils même être vrais ou faux?

Il est commun de distinguer différents types ou domaines de jugements normatifs. Un comportement peut être jugé comme bon ou mauvais d’un point de vue moral, prudentiel, épistémique, esthétique, légal, etc. Quelle est l’importance de ces distinctions pour les questions précédentes? Les implications ontologiques, psychologiques et sémantiques des jugements normatifs varient-elles d’un domaine normatif à un autre? De quelles manières?

Le SIRPhi

Le SIRPhi est une activité réunissant des enseignant.e.s du réseau collégial et des conférencier.ère.s invité.e.s pour présenter leurs recherches autour d’un thème philosophique commun et renouvelé à chaque édition. L’objectif est de valoriser, stimuler et diffuser l’apport du professorat collégial à la recherche fondamentale en philosophie. Les présentations, qui se feront en français, seront d’une durée approximative de 30 minutes et suivies d’une période de questions d’environ 15 minutes. Il est en outre prévu que l’activité conduise à la publication d’un ouvrage collectif suivant une ligne éditoriale commune ou à un numéro thématique dans une revue.

Pour soumettre une proposition

Tout.e enseignant.e affilié.e à une institution collégiale est invité.e à soumettre un résumé de communication ne dépassant pas 300 mots en remplissant le formulaire accessible via le code QR de la page de présentation ou cliquant sur ce lien : https://forms.office.com/r/4wAdGUsVyf

Seuls les résumés transmis via ce formulaire seront considérés. Nous acceptons les

propositions jusqu’au 15 décembre 2024 à 23h59. Toute personne ayant proposé une communication sera contactée avant noël.

22 novembre 2024