Nouvelles

Kiuna

Le seul cégep autochtone du Québec fait des petits

Quand le cégep va vers les élèves

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le cégep Kiuna d’Odanak, au Centre-du-Québec, permet aux jeunes Autochtones d’étudier tout en restant dans leur communauté.

Seul établissement postsecondaire autochtone au Québec, le cégep Kiuna a ouvert une antenne à Wemotaci, en Mauricie, sous forme de projet pilote, l’an dernier. L’expérience est confirmée – et tentée ailleurs – cette année.

Mathieu Perreault La Presse

« Nous voulons faciliter l’accès à l’éducation aux jeunes des communautés isolées », explique Prudence Hannis, directrice générale de Kiuna, un cégep d’Odanak, au Centre-du-Québec. Kiuna est un terme qui signifie « À nous » en abénaki. « C’est plus facile d’étudier en restant dans leur communauté. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Prudence Hannis, directrice générale de Kiuna

Une quinzaine d’élèves ont fait des certificats en éducation autochtone à Wemotaci l’an dernier – et elles seront autant cette année. « Ça va vraiment changer les choses pour nous », dit Miguel Kookoo, membre du conseil de Wemotaci. « Il y a de grands besoins de formation. Nos jeunes vont pouvoir avoir une vie professionnelle ici, rester proches de leurs familles, de leur culture. » En plus de la cohorte en éducation, une cégépienne fait une attestation en administration et une autre un programme collégial complet (DEC).

Véronique Pittikwi, l’agente de mobilisation scolaire de la classe de Wemotaci, note que la plupart des élèves – toutes des femmes pour le moment – sont de jeunes mères. « Elles peuvent rentrer faire manger leurs enfants le midi. Elles ont presque le même horaire qu’eux. Après, elles pourront travailler à la garderie. »

Une classe-satellite a aussi été ouverte cette année à Alma, au Centre Mamik, qui sert la communauté autochtone du Lac-Saint-Jean. « Il y avait des étudiants qui ne pouvaient pas quitter la région, souvent pour des raisons familiales, dit Mme Pittikwi. Alors, on a ouvert une classe pour cette année. Je ne sais pas si elle reviendra l’an prochain. »

Le cégep Kiuna a été marquant dans le parcours de plusieurs Autochtones, dont Miguel Kookoo, de Wemotaci. « J’avais fait une formation en traitement de l’eau et j’ai travaillé pendant cinq ans, raconte-t-il. Ma blonde, qui est anishnabe, a décidé de faire une formation en toxicomanie à Kiuna. Je l’ai suivie l’année suivante. Ça m’a redonné le goût d’étudier. Mes cours sur l’histoire des revendications et des traités autochtones m’ont mené à un bac en droit à l’Université de Sherbrooke. Je suis revenu à Wemotaci quand j’ai été élu conseiller. J’assiste le vice-chef sur ces questions. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le cégep Kiuna a été marquant dans le parcours de plusieurs Autochtones.

Lire la suite

8 octobre 2023