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Réplique - Lettre à l'ex-directeur du collège Dawson

Lettre publié par la Presse -

16 février 2022 - « Pendant que le réseau anglais fait bombance en encaissant les surplus correspondant à plus du double du poids de la communauté anglophone, les cégeps français de la grande région de Montréal crient famine », écrit l'auteur.

En réaction à la lettre de l'ancien directeur du collège Dawson, Richard Fillion, publiée le 5 février.

Par Nicolas Bourdon,  Professeur de littérature au collège de Bois-de-Boulogne, et huit autres signataires*

Monsieur Fillion, vous contenez mal votre colère devant la perte de la subvention de 100 millions de dollars pour l'expansion de Dawson, pièce maîtresse de votre héritage. C'est compréhensible. Toutefois, nous déplorons que vous en profitiez pour répandre des inexactitudes sur la dynamique concurrentielle des deux réseaux, français et anglais, financés par l'argent des Québécois.

Cette dynamique affaiblit systématiquement le réseau français. Depuis des décennies. Pendant que le réseau anglais fait bombance en encaissant les surplus correspondant à plus du double du poids de la communauté anglophone, les cégeps français de la grande région de Montréal crient famine. Ces vases communicants agissent d'ailleurs puissamment au profit de l'anglais dans toutes les autres provinces du Canada, y compris dans le pourtant bilingue Nouveau/New Brunswick.

Là, ce qui s'opère tout naturellement par la force d'attraction de l'anglais, ici, notre situation géolinguistique nous impose de le faire par la loi.

C'est l'évidence : au Québec et au Canada, mettre les deux langues sur le même pied, c'est mettre les deux pieds sur la même langue.

Vous devez cesser de prétendre que les défenseurs du réseau français désirent faire « porter l'odieux du déclin du français » aux jeunes. Ils suivent simplement la tendance vers laquelle les poussent non seulement tout le reste de l'Amérique du Nord, mais plus encore nos élites déjà fortement anglicisées.

Vous devez aussi cesser d'affirmer que le réseau français est inapte à enseigner correctement l'anglais. Au contraire, il y arrive de manière si efficace que les Québécois sont aujourd'hui les Canadiens les plus bilingues ! Il y a belle lurette que l'ensemble du cursus scolaire québécois, du primaire au cégep, a intégré des cours d'anglais de plus en plus nombreux, exigeants et sérieux, y compris au niveau collégial.

Vous devez cesser de prétendre que nos inquiétudes se fondent sur de « prétendus experts » que vous réduisez à des « commentateurs et acteurs politiques » empreints de « relents de ressentiment » qui se sont ralliés derrière une « narration de faits » propre à la fiction. Passons sur le fait que les dictionnaires associent le terme « relents » au racisme, et concentrons-nous sur la crédibilité de nos sources.

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