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Pénurie de main-d'oeuvre - Québec investit dans le génie

Article publié par La Presse+ -

Jusqu'à 25 $ l'heure en subvention salariale pour soutenir la formation
Isabelle Dubé La Presse

22 février 2022 - Dans un contexte de rareté de main-d'oeuvre en génie, le ministre du Travail, Jean Boulet, a annoncé lundi un investissement de 17,6 millions de dollars destiné au Programme de formation de courte durée (COUD) en alternance travail-études.

Le programme vise à former et à requalifier 850 travailleurs d'ici 5 ans dans les domaines du génie civil, du génie mécanique, du génie industriel et du génie de fabrication. Les programmes d'études visés conduisent à des attestations d'études collégiales (AEC).

Le gouvernement s'engage non seulement à couvrir le coût des formations, mais aussi à payer aux entreprises les salaires des employés participants pendant les heures d'études. Le programme s'adresse à des travailleurs déjà en poste qui voudraient rehausser leurs compétences ou à de nouveaux travailleurs recrutés spécifiquement pour l'occasion.

Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, soutient qu'il veut répondre rapidement aux besoins des entreprises qui vivent des difficultés de recrutement de main-d'oeuvre, même s'il consent que les problèmes ne disparaîtront pas du jour au lendemain.

« Pour ces secteurs et pour l'économie en général, les défis actuels en matière de main-d'oeuvre seront présents au moins pour toute la décennie actuelle. Il faut donc proposer des solutions qui se déploieront sur plusieurs années. »

— Jean Boulet, lors d'une conférence de presse tenue lundi

Le COUD vient donner un souffle supplémentaire aux entreprises qui ont déjà ciblé leurs besoins, explique-t-il, mais qui ont du mal à mettre des solutions en oeuvre tant par manque de ressources humaines que de ressources financières. En décembre 2021, le gouvernement annonçait ce même programme pour les technologies de l'information (TI), un autre secteur durement touché par la pénurie.

Pour se qualifier, l'entreprise doit faire la démonstration qu'elle a une perte d'expertise liée à la retraite d'employés, une incapacité à pourvoir des postes vacants, des enjeux de productivité, de développement commercial, de compétitivité ou d'intégration des femmes.

Les entreprises qui se qualifient pourront obtenir jusqu'à 25 $ l'heure pour financer le salaire de l'employé en formation. Le montant maximal annuel est fixé à 20 000 $ pour les hommes et à 25 000 $ pour les femmes, car on veut encourager le recrutement des femmes dans ce domaine où elles sont nettement sous-représentées.

Des dépenses de consultants et de formateurs jusqu'à concurrence de 150 $ l'heure pourront aussi être remboursées.

Pour les employeurs qui décident de prendre part au programme, les retombées sont extrêmement positives, soutient le ministre. « Ç'a fait ses preuves, c'est très performant, c'est gagnant-gagnant », dit-il.

Le Programme COUD

Depuis 2018, le Programme COUD a accepté plus d'une centaine de projets de formation, des milliers de participants s'y sont inscrits, 85 % d'entre eux ont terminé leur formation avec succès, et le taux de rétention après 3 mois est de 91 %.

Ce programme s'ajoute à d'autres mesures qui visent à augmenter le nombre de travailleurs en génie, notamment les bourses universitaires Perspectives Québec et le soutien bonifié à la formation des personnes sans emploi de 475 $ pour quelqu'un qui choisirait un autre secteur du génie.

D'ici 5 ans, le gouvernement espère que toutes ces mesures mises en place dans le cadre de l'Opération main-d'oeuvre puissent amener 5000 personnes supplémentaires en génie.

Lors de la conférence de presse, le ministre Boulet a rappelé l'appui apporté à l'industrie de la construction par l'entremise du soutien bonifié à la formation des personnes sans emploi de 475 $ pour les DEP en briquetage-maçonnerie, en opération de pelle mécanique, en charpenterie-menuiserie, en ferblanterie-tôlerie ou en électricité.

Avec ses mesures, le gouvernement souhaite attirer, recruter et former 110 000 travailleurs qualifiés dans les secteurs des TI, du génie et de la construction.