Articles

Soutenir les étudiants, une priorité


Par Élise Prioleau

Les services à la vie étudiante sont-ils essentiels en période de pandémie ? Plus que jamais ! Les services psychosociaux, de l’orientation et de l’information scolaire, les services pédagogiques ainsi que les activités culturelles étaient au rendez-vous pendant la crise sanitaire.

 

William Lessard Morin, 1er vice-président aux communications à la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ).

La fermeture des établissements n’a pas empêché la majorité des cégeps de continuer à accompagner leurs étudiants. Les services à la vie étudiante ont repris dès le début du confinement, constate William Lessard Morin, 1er vice-président aux communications à la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ).

Les aides pédagogiques individuels sont les plus demandés en ce moment, selon William Lessard Morin.« Ils sont souvent la porte d’entrée pour les questions concernant le cheminement scolaire. Ils ont à gérer le stress et l’anxiété des étudiants au sujet la demande d’incomplets, les stages annulés et la situation personnelle parfois délicate des étudiants. »

En mars, la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ont rapidement fait valoir l’importance de continuer à offrir des services psychosociaux aux étudiants. À l’occasion, une lettre avait été envoyée aux partenaires du réseau collégial. En guise de réponse, les cégeps ont fait bien davantage. Ils ont non seulement maintenu, mais adapté leur offre de services.

Baisse des demandes individuelles

  Sonia Hébert, technicienne en travail social, Cégep de Victoriaville

Fait étonnant, les services d’aide psychologique individuelle ont été sous-utilisés ce printemps. Au service d’intervention psychosociale du Cégep de Victoriaville, les demandes de rencontres en ligne avec les intervenantes ont été 50 % moins nombreuses qu’à l’habitude, relate Sonia Hébert, technicienne en travail social.

« Avant la pandémie, la plupart des étudiants venaient nous rencontrer sans rendez-vous. Lorsqu’ils vivaient un moment difficile, c’était souvent un ami, un enseignant ou un intervenant du collège qui les guidaient vers notre bureau. » La baisse des demandes pourrait s’expliquer par le fait que les rendez-vous sont maintenant obligatoires, considère Sonia Hébert. « Je pense que le service psychosocial en ligne semble éloigné et moins accessible aux yeux de nos étudiants. »

Les intervenantes ont dû inventer de nouvelles stratégies pour rejoindre les étudiants. Elles ont créé les Capsules Santé et bien-être sur Facebook, des publications informatives qui proposent aux étudiants des ressources en ligne. La campagne Là avec toi a été également diffusée par le Cégep de Victoriaville pour motiver les étudiants à compléter leur session d’études.

De nouveaux besoins

  Line Coulombe, directrice des affaires étudiantes, Collège Ahuntsic

Au Collège Ahuntsic, une diminution des demandes d’aide individuelles en psychologie a aussi été constatée. « Les besoins des étudiants se sont transformés », constate Line Coulombe, directrice des affaires étudiantes. « En temps de pandémie, les étudiants sont à la maison et ne souhaitent pas que leurs parents sachent qu’ils vont chercher de l’aide. Ils veulent d’autres outils pour faire face au confinement. Ils ont besoin, par exemple, de conseils pour faire de l’autosoin ou bien des groupes de discussions pour sortir de l’isolement. »

L’équipe des affaires étudiantes d’Ahuntsic est aussi occupée qu’auparavant, mais différemment, selon la directrice. « Les intervenants ont dû adapter leur pratique en fonction des nouvelles préoccupations des étudiants. Par exemple, en information scolaire et professionnelle, on a dû informer rapidement les étudiants de l’impact de l’abolition du calcul de la cote R sur leur dossier scolaire. »

Schéma produit par le service psychosocial du Cégep Ahuntsic et qui a été consulté plus de 230 000 fois sur les réseaux sociaux

De son côté, l’équipe psychosociale a testé de nouvelles manières de rejoindre les étudiants à distance. Elle a, entre autres, publié des schémas informatifs sur des questions de santé psychologique. Une collaboration étroite s’est établie entre les intervenants et le service des communications, comme l’explique Isabelle Sabran, conseillère en communication. « Nous avons fait toutes sortes de campagnes de communication pour rejoindre les étudiants. Contre toute attente, certaines de nos publications ont rayonné jusqu’en Europe. »

Des étudiants inactifs ou débordés
« Je ne sais plus quoi faire » était le titre du premier courriel de demande d’aide psychosociale qu’a reçu Sonia Hébert, intervenante au Cégep de Victoriaville. « Très tôt au début de la crise, on s’est rendu compte que beaucoup de jeunes ne savaient plus comment se désennuyer », relate-t-elle. Nombreux sont les étudiants qui se sont retrouvés du jour au lendemain privés école, de travail et de loisirs. « Nous avons donné des outils aux étudiants pour les aider à structurer leur journée. Dans mes interventions, j’ai mis l’emphase sur l’importance d’avoir une bonne routine, car c’est sécurisant. Se lever le matin, s’habiller, déjeuner et planifier des activités, plutôt que rester toute la journée en pyjama devant les réseaux sociaux. »

Deux cas de figure ont été observés chez les étudiants pendant la crise. Tandis que certains étudiants étaient confrontés à une désorganisation due à un quotidien un peu vide, d’autres au contraire étaient débordés et stressés, relate Line Coulombe. « Un outil informatif a été créé au Cégep Ahuntsic par l’équipe des services psychosociaux pour informer les enseignants sur ces deux types de difficultés vécues par les étudiants en temps de confinement. » Un document qui permettra aux différents professionnels du Collège de mieux accompagner les étudiants en temps de crise.

La culture en mode virtuel 

   Gilbert Forest, Animateur socioculturel, Collège André-Laurendeau

Dans plusieurs cégeps, les services d’animation culturelle ont fait preuve d’une créativité hors du commun pour maintenir le lien avec les étudiants. C’est le cas du Collège André-Laurendeau où la page Facebook La Minute Cultur.AL a connu un succès immédiat. Une initiative de l'animateur socioculturel Gilbert Forest, en collaboration avec Annie Champoux du Théâtre Desjardins et Olivier Courtois, du projet de lecture ambulante le Liseur public.

« Nous avons eu l’idée de demander à tous les étudiants et les employés de nous envoyer par Messenger des vidéos originales à saveur culturelle », raconte Gilbert Forest. « Ça a créé un buzz au-delà de mes espérances. En quelques semaines, j’ai reçu plus de 30 vidéos. Il y a eu des compositions musicales, une démonstration de dessin, des lectures de poèmes et d’autres créations artistiques originales. »
Des artistes professionnels ont aussi contribué au succès de la page. Le conteur-auteur-compositeur-interprète Mathieu Lippé, l’actrice Debbie Lynch-White, l’humoriste Samydee et le musicien Noubi trio ont également fourni des vidéos.

« Une véritable communauté s’est créée autour de la page. Celle-ci cumule 500 abonnés. Les vidéos publiées ont été visionnées entre 500 et 1500 fois», se réjouit Gilbert Forest. « C’est une initiative qui a permis de faire découvrir le talent de nos étudiants et de nos employés. Nous en sommes fiers ! »