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Cégep de Saint-Laurent

Des bâtiments patrimoniaux forcent toute une organisation à s’adapter très rapidement !

Le Cégep de Saint-Laurent possède un capital de bâtiments patrimoniaux enviable. Mais avec l’usure du temps, l’entretien de ces immeubles peut constituer un défi très lourd à porter. Une entrevue avec Mathieu Cormier, directeur général du Cégep de Saint-Laurent.

Par Alain Lallier, Portail du réseau collégial

Mathieu Cormier, directeur général du Cégep de Saint-Laurent

Les bâtiments du Cégep ne sont pas classés parmi les monuments historiques, mais ils ont fait l’objet d’études patrimoniales par l’Arrondissement Saint-Laurent dans le cadre de son plan d’urbanisme. Les premiers bâtiments ont été construits dans les années 1800 par les Pères de Sainte-Croix. Après toutes ces années, on conçoit facilement que ces édifices, leurs façades surtout, peuvent nécessiter des réfections majeures et forcer à tout moment la fermeture des installations.

Fermeture du Pavillon B

Le Pavillon B a dû être fermé rapidement en décembre 2023. « Une analyse a démontré qu’il y avait d’importants problèmes à l’intérieur de la maçonnerie, explique Mathieu Cormier. Des travaux déjà en cours ont permis à des consultants d’inspecter la structure du bâtiment. Ils se sont aperçus qu’il y avait des infiltrations d’eau dans les murs et que cela avait un grand impact sur les structures de bois. Ils nous ont conseillé de fermer immédiatement le bâtiment compte tenu des enjeux structurels », explique Mathieu Cormier.

Le Pavillon B à droite sur la façade

Le Collège a alors redoublé d’efforts pour relocaliser les activités en pleine fin de session et assurer de bonnes conditions de réussite à la population étudiante « Avec l’aide de nos équipes à l’interne, ces déplacements se sont faits avec brio compte tenu du travail gigantesque », ajoute le directeur général. Le Pavillon B est toujours fermé à l’heure actuelle.

Le Pavillon A aussi pose problème

Si le Collège n’a pas encore terminé l’évaluation des autres bâtiments, on sait déjà que le Pavillon A devra aussi subir des réfections. D’ailleurs, la mise aux normes du pavillon B va exiger une mise à jour du pavillon A adjacent, ceci va entraîner des réparations majeures (électricité, plomberie, etc.) et, bien sûr, des coûts additionnels.

En rose, la pavillon B; En bleu, le pavillon A; En jaune, la salle Émile-Legault et le Musée

Pour des raisons de sécurité, le Collège a dû réduire l’occupation du Pavillon A et ce, dans une perspective de décroissance constante. Bien entendu, cette situation entraîne une importante demande additionnelle d’espaces.

Le défi du maintien des services

Ces derniers mois, le Collège a remué ciel et terre afin de disposer des espaces nécessaires pour donner tous les cours et offrir tous les services. « Mission accomplie ! Tous les cours se sont donnés. Tout s’est déroulé correctement, et ça continue dans la même veine, affirme le directeur général. Une fois que nous avons sécurisé la formation et la pédagogie, nous avons travaillé avec le gouvernement pour trouver des solutions à moyen et court terme et pour sécuriser le pavillon B.  En concertation avec le ministère, le Collège a réalisé les évaluations qui ont permis d’inscrire le dossier comme prioritaire dans le Plan gouvernemental des investissements en infrastructures 2025-2035. Entretemps, le collège est toujours à la recherche d’espaces additionnels.

Le Pavillon K : les anciens locaux de l’ONF

À la session d’hiver 2025, de nombreuses étudiantes et de nombreux étudiants du Cégep ont suivi leurs cours dans les locaux de l’ancien siège social de l’Office national du film (ONF), qui avait déjà déménagé dans l’Édifice Balmoral. Des rénovations ont été faites dans ces locaux. Des classes y ont été aménagées. Le programme de Cinéma et Communication s’y est installé et des cours de formation générale y sont donnés. Une deuxième phase de travaux est prévue sur le site qui se trouve à 15 minutes à pied ou 5 minutes en transport du campus et qui est accessible en autobus.« Les gens du Ministère nous accompagnent de façon exemplaire au niveau financier et en matière de planification. Ils nous soutiennent dans nos décisions. Nous bénéficions d’une belle collaboration des divers paliers pour minimiser les impacts. Nous n’avons pas besoin de nous battre avec personne. Les enseignantes et les enseignants qui ont été déplacés ont été incroyables côté collaboration. Tout le monde comprend la situation et collabore. Tout le monde a donné un fier coup de main. Des services ont même accueilli d’autres unités de travail dans leurs bureaux », explique Mathieu Cormier.

Miser sur des solutions permanentes

Le Cégep compte sur plusieurs installations qui forment un capital riche et varié : une salle de spectacle, un musée, un aréna; une situation géographique enviable à côté d’une station Du Collège ; un espace avec beaucoup de verdure; etc. « Les difficultés que l’on vit présentement constituent une réelle occasion de revoir l’optimisation et l’utilisation de nos espaces dans un contexte où nous devrons reconstruire, même si nous ne referons pas tout à neuf, affirme Mathieu Cormier. Dans toute crise, il y a des occasions à saisir, et nous en avons une, car le Cégep de Saint-Laurent connaît une hausse constante de son effectif étudiant depuis quelques années, ce qui se traduit par des besoins accrus en espaces. Tant qu’à investir des millions sur des solutions temporaires, pourquoi ne pas investir dans des biens permanents ? Le gouvernement n’y trouverait-il pas son compte ? Chose certaine, la situation ouvre la porte à des discussions qui n’auraient pas eu lieu autrement », précise le directeur général.

Figurer parmi les priorités

Dans le contexte budgétaire incertain et les demandes importantes en infrastructures pour l’ensemble du Québec, le directeur général est heureux de souligner que le Cégep de Saint-Laurent figure maintenant parmi les priorités dans le dernier programme quinquennal d’investissements du gouvernement, et ce, à côté de l’autoroute 25 et de l’Hôpital de Vaudreuil. Ce n’est pas rien.

« Le coup de départ est annoncé, même si l’échéancier n’est pas arrêté. Au moins, nous avons réussi à obtenir que l’on fasse les études nécessaires afin de procéder aux travaux. Déjà, c’est un gros plus », conclut-il.



Note de l'éditeur : Extrait du Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2023-2024 Mai 2024; Gestion du parc  immobilier des cégeps :

« Les deux tiers des bâtiments des cégeps sont en mauvais état et les investissements prévus couvrent moins de la moitié des besoins à venir. En effet, de 2023-2024 à 2027- 2028, 608,6 millions de dollars sont prévus en maintien d’actifs alors que 1,7 milliard seraient nécessaires.

L’attribution d’une part importante des budgets en maintien d’actifs se fait par une analyse des projets par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) et les projets sélectionnés ne concordent pas avec les priorités établies lors des analyses. De plus, le processus est long et inefficace, ce qui a notamment mené à la fermeture d’infrastructures.

Certains cégeps font face à un déficit d’espace important alors que d’autres sont en surplus. Or, le choix de certains projets d’agrandissement ne considère pas adéquatement les besoins réels d’espace. En effet, lors de son analyse, le ministère utilise principalement le nombre maximal d’étudiants autorisé au devis scolaire plutôt que l’effectif réel, ce qui occasionne des incohérences. De plus, les coûts estimés de plusieurs projets ont initialement été nettement sous-évalués.

Finalement, beaucoup d’informations sont exigées des cégeps alors que celles-ci sont très peu utilisées, et le MES n’offre pas suffisamment d’accompagnement pour soutenir des équipes de gestion de projets réduites dans certains cégeps. »