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Le Collège LaSalle: exporter l’éducation canadienne de Montréal à Casablanca

Par Mme Marie Lacoursière, éditrice au Portail du réseau collégial

 

 

Saviez-vous que le Collège LaSalle est le plus grand collège bilingue en Amérique du Nord? Près de 20 % de sa population étudiante inscrite chaque année provient des quatre coins du globe. Fondé en 1959 par monsieur Jean-Paul Morin, il a été reconnu officiellement comme établissement d’enseignement d’intérêt public par le ministère de l’Éducation du Québec en 1981.

Afin d’en savoir plus sur ce collège qui a connu au fil des ans un développement international exponentiel, nous nous sommes entretenus avec monsieur Jacques Marchand, actuel directeur général du collège, et madame Marie-Christine Tremblay, directrice des études.

La vie pédagogique au Collège LaSalle

Comptant plus de 4000 étudiants, l’organisation pédagogique du collège est basée sur une division par secteurs ou domaines d’études. On retrouve ainsi cinq écoles autour des programmes de mode, arts et design, hôtellerie et tourisme, gestion et technologies, sciences et techniques humaines et formation en ligne.

Selon la directrice des études Mme Marie-Christine Tremblay, les enseignants et enseignantes ainsi que les étudiants et étudiantes développent un lien d’appartenance fort à leur unité. « Nous retrouvons ainsi un ensemble de communautés réunies autour de la passion pour un domaine professionnel déterminé. Nos gens se sentent intégrés à une communauté, ce qui a pour effet de tisser les liens propices au développement d’une visée éducative unifiée. L’enseignement et l’organisation pédagogique reposent ainsi sur les éléments structurants que sont la cohérence et l’harmonie des interventions, la cohésion des équipes programme et le souci d’un perfectionnement continu dans un concept de communauté apprenante. »

Elle précise : « Les échanges pédagogiques sont nombreux et importants. Les intervenants développent ainsi des outils et des méthodes de travail qui leur permettent de gérer des opérations et de faire des interventions uniformisées menées dans le respect des règles et des standards institutionnels. Les enseignants, les membres de la direction, le personnel-cadre comme les professionnels collaborent au perfectionnement, au mentorat et au soutien aux pairs. Le pairage d’enseignants et le tutorat sont privilégiés dans toutes les disciplines de manière à ce que les habiletés, les forces, les faiblesses des uns et des autres soient maximisées au profit de l’équipe.
» Au collège, nous accordons une grande importance à la qualité des relations tissées avec les milieux qui reçoivent les étudiants en stage ou en emploi, ajoute madame Tremblay. La qualité du suivi avec les partenaires est prioritaire. Ils constituent une source privilégiée d’informations sur la qualité de nos programmes et la qualité de nos diplômés. »

Exporter l’éducation canadienne de Montréal à Casablanca              

En 1989, le Collège LaSalle inaugure son tout premier campus international à Casablanca, au Maroc. Aujourd’hui, Collège LaSalle International compte plus de 10 000 étudiants répartis à travers neuf pays dans dix-huit campus et offre un choix de plus de 60 programmes d’études. Ce développement stratégique, prenant assise sur les valeurs pédagogiques précédemment décrites, s’est confirmé grâce au travail quotidien des pionniers et d’ambassadeurs convaincus.

C’est au fil des années que le Collège LaSalle International s’est développé

« Je suis entré en fonction en 1979, de préciser monsieur Jacques Marchand. Le Collège comptait alors 1000 étudiants inscrits dans des programmes techniques. Les perspectives de dénatalité annoncées par le ministère de l’Éducation nous ont amenés à reconsidérer nos façons de faire afin d’assurer le développement de l’établissement. Nous l’avons fait de différentes façons notamment en augmentant notre carte de programmes et en favorisant l’admission d’étudiants internationaux. »

En 1979 la carte programmes du Collège comptait cinq programmes conduisant à l’obtention d’un diplôme d’études collégiales (DEC) et un en développement dans le domaine de la gestion du vêtement. Il offre maintenant quatorze programmes(DEC). La clientèle étudiante est passée de 1000 à 4000 inscrits plein temps dont les deux tiers sont inscrits dans des programmes DEC et l’autre tiers dans des programmes menant à l’obtention d’une attestation d’études collégiales (AEC). Une des caractéristiques du Collège tient au fait qu’il offre ses programmes dans les deux langues. La moitié des étudiants sont inscrits dans les programmes offerts en langue française, et 50 % sont inscrits dans les programmes offerts en langue anglaise. Plus de 25 % de la clientèle des programmes DEC est constituée d’étudiants internationaux.

Au secteur technique, le collège La Salle a développé une expertise notoire dans le domaine de la mode, de l’hôtellerie et du tourisme. Depuis quelques années,il a intégré des programmes préuniversitaires, tel le programme Arts et lettres ou le programme Sciences humaines qui a été regroupé avec les programmes de la famille des techniques humaines à savoir Techniques d’éducation spécialisée ainsi que Techniques d’éducation à l’enfance. Ce secteur s’est développé de façon significative durant les dernières années et constitue maintenant un fleuron pour l’établissement. Les domaines des techniques de gestion et de l’informatique sont également en plein essor.

Deux organisations distinctes, mais complémentaires

« ll existe un seul collège LaSalle, de préciser monsieur Marchand. Il est situé à Montréal et déclaré d’intérêt public par le ministère de l’Éducation du Québec. Il est reconnu comme un collège privé faisant partie à part entière du réseau collégial, et ce, au même titre que les autres cégeps du Québec.

À l’international, un collège sous notre juridiction s’appelle Collège LaSalle International. Il détient un permis octroyé, selon les pays où il est implanté, par le ministère de l’Éducation ou la formation continue du pays d’accueil. »

Remontons le temps : « En 1989, nous réfléchissions sérieusement aux effets pernicieux de la dénatalité sur les clientèles étudiantes dans les établissements d’enseignement supérieur au Québec. Afin de poursuivre nos objectifs de croissance, il fallait indéniablement trouver des solutions viables au phénomène à venir. Nous nous sommes donc dit : s’il n’y a pas d’étudiants au Québec, nous devrons aller en chercher ailleurs. Mais où?

Un membre de notre comité de direction, d’origine marocaine, nous a fait part des immenses besoins de formation au Maroc que le système d’éducation ne suffisait pas à combler. Il fut désigné comme ambassadeur afin d’identifier les moyens à retenir pour recruter des étudiants, et mandaté à participer à une foire d’éducation internationale où siégeait une école de mode de Casablanca. Les répondants de cette école interrogeaient l’intérêt des Canadiens à inviter des Marocains à s’inscrire au Canada plutôt que de déployer des équipes d’enseignement en sol marocain. Nous avons rapidement mis en place un processus de collaboration avec l’ACDI, très favorable à ce que des Canadiens instaurent des mécanismes d’échange et de collaboration en matière d’enseignement. »

La force LaSalle du côté de la mode : pierre d’assise du développement de Collège LaSalle International

« C’est plus précisément à Casablanca et à Rabat que fut implantée notre première école de mode par le biais du programme Dessin de mode. Nous nous sommes dans un premier temps inspirés des programmes d’études en vigueur là-bas pour graduellement faire les arrimages qui s’imposaient afin d’établir nos propres programmes québécois. Ces programmes ont été reconnus par le ministère de l’éducation local, et les diplômes conduisant à un brevet de technicien supérieur, équivalant au diplôme d’études collégiales du Québec, ont été homologués par les instances marocaines.

L’intégration s’est faite relativement facilement. Aujourd’hui nous sommes fiers de nos quatre campus de formation collégiale à Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger. Dans leur composante technique, les programmes sont équivalents à ceux que nous offrons au Québec. Nous avons également obtenu dans le même pays un permis universitaire permettant la mise en place d’une école supérieure d’enseignement universitaire de commerce et de management. »

Une réussite basée sur des fortifications solides

"Pour réussir à l’international, il faut d’abord être très solide chez soi, explique monsieur Marchand. Nous ne pouvons construire ailleurs en improvisant. L’offre de formation que nous déposons doit reposer sur le critère de “qualité maximale” et demeurer le fondement de tout développement. Ce critère de qualité est d’ailleurs la pierre d’assise du développement que nous avons réalisé au Maroc comme ailleurs.

Le design de mode fut, jusqu’à ce que nous maîtrisions complètement la situation, notre levier de développement. Par la suite, LaSalle, école internationale de mode au Maroc a fait des petits pour devenir Collège LaSalle International avec des campus à Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech. Nous y avons développé différents autres programmes qui ont été regroupés par école tout comme à Montréal."

Un succès qui repose sur la collaboration

« La clé de notre succès repose essentiellement sur la collaboration. Nous travaillons avec des partenaires locaux. Nous ne sommes pas des envahisseurs, mais bien des développeurs liés par des règles éthiques de première importance. La gestion pédagogique que nous avons mise en place à Montréal comme à l’étranger, l’importance que nous accordons à la qualité des relations que nous entretenons avec les employés, en un mot la collaboration constitue un des facteurs déterminants du succès que nous connaissons. Partout où nous avons ouvert des collèges, nous constatons de meilleurs résultats sur le plan du recrutement d’étudiants internationaux pour le Collège LaSalle de Montréal. »

L’International : une solution de société

Monsieur Marchand conclut ainsi : « Le Collège LaSalle International continuera son développement tout autour du globe. Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli à ce jour. Nous travaillons en collaboration avec huit ministères internationaux.

Notre équipe puise sa force et sa fierté dans la détermination, l’ouverture aux autres, la fraternité et le respect. »

Entrevue réalisée en mars 2013 par Mme Marie Lacoursière.