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Québec publie (enfin) des guides pour utiliser l’IA dans les cégeps et les universités

Par Fannie Bussières McNicoll

Près de trois ans après l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) conversationnelle dans la vie des étudiants et à quelques jours de la rentrée dans les cégeps et les universités, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, dévoile deux documents pour guider les établissements d’enseignement dans « un déploiement et une intégration responsables et sécuritaires de l’IA ».

Le premier est un cadre de référence issu des travaux de l’instance de concertation qui s’est réunie l’an dernier pour discuter des défis liés à l’IA en enseignement supérieur. L’idée est de souligner l’importance de démocratiser l’IA et de guider un déploiement qui profite à tous, écrit-on dans ce document.

Le deuxième est un guide pratique préparé par le consortium en IA IVADO à l’intention des établissements d’enseignement, et non pas du corps enseignant ou de la population étudiante.

Ce sont deux outils complémentaires qui vont permettre d’accompagner le réseau, parce qu’on doit s’adapter à cette nouvelle réalité. Et je pense que c’est important d’avoir des outils pratico-pratiques qui peuvent servir de feuille de route pour les établissements d’enseignement supérieur, résume la ministre Déry en entrevue avec Radio-Canada.

Le défi était de taille, reconnaît la ministre : proposer une vision fédératrice de l’utilisation de l’IA, sans toutefois empiéter sur l’autonomie professionnelle et la liberté d'enseignement. C’est un début. C’est deux outils qu’on donne avec une bonne base, une fondation commune pour accompagner le réseau. [Et ensuite], le réseau va prendre ce qu’il veut bien prendre là-dedans.

Rien d’obligatoire pour les établissements d’enseignement

Le guide pratique indique que chaque établissement devrait se doter de règles claires en matière de développement et de déploiement de l’IA. Mais la ministre Déry précise qu’il n’y a rien de prescriptif ou d’obligatoire pour les cégeps et les universités.

Il n’y a rien qu’on va exiger comme gouvernement. Et ça, c’était bien compris depuis le début de part et d’autre, explique-t-elle. Si j’étais venue imposer quelque chose, honnêtement, ça ne serait pas passé dans le réseau, ajoute Pascale Déry, en rappelant qu’au début des échanges, au printemps 2023, plusieurs acteurs impliqués avaient fermement affirmé l'importance de respecter l’autonomie des cégeps et des universités dans leur prise en charge de l’IA.

Pascale Déry en entrevue.

 

La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry

Photo : Radio-Canada / Paul-André St-Onge

Les institutions sont autonomes et sont toutes très différentes. [...] Et donc je ne peux pas, comme ministre, légiférer, baliser ou encadrer de manière automatique, systématique, mur à mur. Ça ne peut pas marcher.

Une citation dePascale Déry, ministre de l'Enseignement supérieur

L’idée de l’exercice était d’atteindre une approche commune et consensuelle, afin qu’il y ait une certaine cohérence à l’intérieur du réseau, résume Mme Déry. C’est une réalité avec laquelle on doit vivre et s’adapter. Mais ça prend des balises. Et ce cadre-là, ce n’est pas moi qui peux l’imposer. Ce sont vraiment les institutions qui doivent travailler sur leur propre cadre.

Elle ajoute qu’il aurait été futile de légiférer en la matière, vu la nature fluide du développement des technologies d’IA. Du moment que j’impose un cadre, il va être déjà périmé. La technologie évolue tellement rapidement que ça prend des politiques institutionnelles qui vont évoluer et qui vont être dynamiques.

Des lignes directrices après huit sessions avec l’IA

Ces documents aboutissent sur les bureaux des directeurs et des gestionnaires des cégeps et des universités à quelques jours du début des classes, huit sessions après l’arrivée de l’IA générative.

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18 août 2025