Nouvelles
Suspension du programme PAREA
Un coup dur pour la recherche au collégial
PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
« Les projets financés par le Programme d’aide à la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage ont permis de développer des solutions innovantes à des enjeux majeurs de l’enseignement supérieur », écrivent les cosignataires.
La récente suspension « pour une durée indéterminée » du Programme d’aide à la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage (PAREA)1 – un programme provincial finançant exclusivement la recherche éducative menée par les chercheuses et chercheurs des collèges – constitue un coup dur pour l’ensemble du réseau collégial, et particulièrement pour notre établissement, le cégep André-Laurendeau
Caroline Cormier Enseignante de chimie au cégep André-Laurendeau depuis 16 ans. Elle a réalisé depuis 2010, à titre de chercheuse principale ou de co-chercheuse, cinq projets de recherche financés par le PAREA*
Cette décision incompréhensible du ministère de l’Enseignement supérieur paralyse notre capacité d’innovation pédagogique et compromet directement la réussite de nos étudiantes et étudiants.
Comment expliquer ce paradoxe ? Alors que le ministre des Finances annonce de nouveaux investissements en recherche, un programme aussi crucial que le PAREA, dont le coût est minime dans le budget global du Québec, se retrouve brutalement suspendu.
L’interruption affecte également le Programme d’aide à la diffusion des résultats de recherche au collégial (PADRRC), compromettant la diffusion et le transfert des connaissances issues de la recherche éducative.
Un programme aux impacts concrets pour notre cégep
Les projets financés par le PAREA ont permis de développer des solutions innovantes à des enjeux majeurs de l’enseignement supérieur. Voici quelques enjeux éducatifs étudiés au cégep André-Laurendeau grâce à ce financement :
– L’amélioration de l’expérience dans le premier cours de littérature grâce à de meilleures stratégies d’encadrement.
– La mise en place de pratiques alternatives de notation privilégiant l’apprentissage réel plutôt que la performance chiffrée.
– L’enseignement du problème épineux des changements climatiques en Technologie du génie physique, augmentant la motivation étudiante.
– L’optimisation des séjours linguistiques, incluant le développement d’un site web utilisé par tout le réseau collégial.
– L’étude des caractéristiques des étudiants en difficulté, pour mieux les soutenir, et le développement, en partenariat avec la Fédération des cégeps, d’un questionnaire d’autoévaluation afin de cibler leurs besoins.
Des conséquences multiples et immédiates
Sans ce financement, l’étude de problématiques pédagogiques urgentes est compromise et le développement de pratiques reconnues par la recherche qui facilitent le chemin vers la réussite est reporté indéfiniment. Cette interruption est d’autant plus préjudiciable que les résultats de nos recherches sont largement utilisés par l’ensemble du réseau collégial québécois.
La suspension affecte également nos chercheurs en émergence. Pour les bénéficiaires de la Mesure de soutien à la relève (MSR) de notre cégep, cette décision est un non-sens : après avoir investi temps et énergie pour développer des projets, ils se retrouvent dans l’impossibilité de déposer leurs demandes en janvier 2025 comme prévu.
La mesure pénalise aussi nos étudiants assistants de recherche, qui perdent à la fois un emploi formateur et une occasion unique de développer des compétences en recherche. Ces expériences très riches constituent souvent leur premier contact avec la démarche scientifique et permettent de faire émerger des vocations en recherche.
Un calcul économique aberrant
Les économies réalisées en suspendant le PAREA sont dérisoires comparées aux bénéfices qu’il génère. Pour un cégep comme le nôtre, dont le Plan stratégique mise sur l’innovation et l’adaptation aux besoins diversifiés des étudiants, cette suspension représente un obstacle majeur à notre mission éducative.
Nous, chercheuses et chercheurs en éducation du cégep André-Laurendeau, demandons au gouvernement du Québec :
– Des mesures transitoires pour les projets déjà en développement à notre cégep.
– Un engagement à maintenir un financement stable pour permettre une planification à long terme.
– La reconnaissance formelle de l'apport de la recherche pédagogique collégiale.
– Un engagement à maintenir un financement stable pour permettre une planification à long terme.
Le PAREA est un levier essentiel pour l’amélioration continue de notre pédagogie. Sa suspension compromet non seulement le travail de notre équipe de chercheurs engagés, mais aussi la qualité de l’éducation que nous offrons à notre population étudiante. Il est impératif d’agir maintenant pour préserver la vitalité de la recherche collégiale en éducation.
*Les cosignataires sont chercheuses et chercheurs en éducation au cégep André-Laurendeau, à Montréal : François Arseneault-Hubert, enseignant de chimie ; David Beaulieu, enseignant de technologie du génie physique ; Marie-Pier Blanchard, enseignante de géographie ; Patrice Brodeur, enseignant d’informatique ; Frédérick Bruneault, enseignant de philosophie ; Caroline Cormier, enseignante de chimie ; Estelle Dricot, enseignante de géographie ; Brett Fischer, enseignant d’anglais ; Geneviève Fortin-Gauthier, conseillère pédagogique ; Michaël Hétu, enseignant de français ; Yanick Heynemand, enseignant de technologie du génie physique ; Laura King, enseignante d’anglais ; Marise Lachapelle, directrice adjointe à la réussite et à la recherche ; Stéfanie Langlois, conseillère pédagogique ; Jude Levasseur, enseignant de technologie du génie physique ; Richard Millette, enseignant de technologie du génie physique ; Valérie Montreuil, enseignante de techniques de bureautique ; Anne-Marie Paquette, enseignante de communication ; Chantal Paquette, enseignante d’histoire ; Julie Roberge, enseignante de français ; Andréane Sabourin-Laflamme, enseignante de philosophie ; Hugo Séguin-Noël, enseignant de philosophie ; Véronique Turcotte, enseignante de chimie ; Corinne Vallée, enseignante de français ; Bruno Voisard, enseignant de chimie
1. Lisez « Recherche au collégial – Québec reporte indéfiniment des demandes de financement »