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Les coupes dans les bibliothèques collégiales ébranlent la chaîne du livre

À la librairie Zone Libre, au centre-ville de Montréal, les commandes de certains cégeps ont considérablement diminué depuis le début du mois de septembre. Photo: Adil Boukind Le Devoir

De nombreux cégeps ont dû suspendre les achats de livres et de documents pour leur bibliothèque dans les derniers mois. La raison ? L’imposition par Québec de seuils d’investissement surprises, que les cégeps ne peuvent pas dépasser. Les professeurs et les étudiants écopent, mais aussi toute la chaîne du livre. Deuxième texte d’une série de trois.

Par Zacharie Goudreault et Catherine Lalonde

Les librairies indépendantes comptent parmi les nombreuses victimes collatérales de restrictions budgétaires majeures imposées par Québec l’été dernier aux cégeps. Ces derniers ont alors dû réduire considérablement plusieurs de leurs dépenses, y compris dans leur bibliothèque.

De nombreux établissements ont ainsi suspendu, dans les derniers mois, l’achat de nouveaux livres et de documentaires, à l’exception de quelques-uns, jugés essentiels.

À la librairie Zone Libre, au centre-ville de Montréal, l’effet sur ses ventes a été « drastique », confie sa propriétaire, Mireille Frenette. Dès le début du mois de septembre, les commandes de certains cégeps ont considérablement diminué.

Son « plus gros client » du réseau collégial, le Cégep du Vieux Montréal, reconnu pour sa vivacité en littérature et son Centre d’animation de français (le CANIF), qui invite régulièrement des auteurs en classe, a de son côté complètement cessé d’acheter dans cette librairie pendant quelques mois.

Cette situation a forcé le commerce à mettre sur pause toute nouvelle embauche, puisqu’il tire, en temps normal, 30 % de son revenu institutionnel des cégeps.

Photo: Adil Boukind Le Devoir La librairie Zone Libre, sur la rue Sainte-Catherine

Mme Frenette note cependant que ses commandes provenant du Cégep du Vieux Montréal ont repris tout récemment, mais « de façon bien modeste », après que l’établissement eut rehaussé, en puisant dans des allocations destinées à d’autres fins, le budget qu’il accorde à sa bibliothèque. Celui-ci s’élève cette année à 150 000 dollars, au terme de ce brassage de cartes, contre 166 639 dollars l’an dernier.

« C’est un peu un respirateur artificiel », explique le professeur de sociologie au Cégep du Vieux Montréal Stéphane Thellen. Ce dernier doute que l’établissement sera en mesure, l’an prochain, de réinvestir dans le contenu de sa bibliothèque.

Le Cégep de Baie-Comeau a lui aussi réussi, en puisant dans ses surplus, à ramener à 20 000 $ cette année le budget de sa bibliothèque, qui avait d’abord fondu à 7500 $ en raison des restrictions imposées par Québec.

« Ces sommes-là, normalement, on garde ça de côté pour des projets de grande envergure, comme la réfection de notre café étudiant ou de la bibliothèque », explique la directrice générale, Manon Couturier, qui craint de ne pas être en mesure d’épargner de nouveau sa bibliothèque, l’an prochain.

Or, « on s’entend qu’acheter des livres pour la bibliothèque, c’est pas mal au coeur de la mission d’un cégep », rappelle-t-elle.

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3 décembre 2024