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Des inégalités persistantes dans l’accès aux études postsecondaires

Jean-François Venne
Collaboration spéciale - Le Devoir

Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement supérieur

Les revenus et le niveau de scolarité des parents demeurent des déterminants majeurs de l’accès des jeunes aux études postsecondaires et de leurs chances d’obtenir un diplôme d’études supérieures, démontre un rapport de l’Observatoire québécois des inégalités.

La création des cégeps en 1967 dans le but de démocratiser l’éducation postsecondaire a porté ses fruits. En 2024, selon un sondage Léger, 79 % des adultes de 18-34 ans fréquentaient ou avaient fréquenté un cégep, contre 44 % des personnes de 55 ans et plus.

Les femmes ont particulièrement profité de cette progression. Le récent Bulletin de l’égalité des chances en éducation de l’Observatoire québécois des inégalités indique qu’une plus grande proportion d’hommes que de femmes nés entre 1992 et 2000 n’a eu aucun accès à la formation collégiale. Cet écart atteint plus de 20 points de pourcentage pour tous les quintiles de revenus, sauf pour les plus nantis.

Le rapport de l’Observatoire montre cependant que si l’éducation ­postsecondaire s’est bel et bien démocratisée depuis cinquante ans, certains jeunes restent plus égaux que d’autres, pour paraphraser George ­Orwell. « Des inégalités importantes liées à l’origine sociale persistent », souligne Xavier St-Denis, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et co-auteur du Bulletin.

Les revenus des parents

« Nous avons créé une série d’indicateurs sur l’égalité des chances en éducation, du préscolaire jusqu’aux études supérieures, qui dresse un portrait des obstacles rencontrés dans l’accès à l’éducation, dans la performance scolaire et dans l’obtention de diplômes », poursuit le professeur.

Du côté des programmes collégiaux préuniversitaires, le revenu des parents reste très déterminant. Les chercheurs ont partagé les ménages en cinq quintiles, du 20 % les plus pauvres jusqu’aux 20 % les plus ­riches. Parmi les jeunes nés en 1992, seulement 47 % de ceux qui viennent des ménages les moins fortunés ont fréquenté un établissement collégial. Cette proportion atteint 85 % chez les mieux nantis. Dans les programmes techniques, on ne retrouve pas une telle inégalité.

Lorsque l’on regarde la cohorte des élèves nés en 2000, on constate que l’écart d’accès au collégial pré­universitaire tend à se rétrécir entre les ménages. « Cependant, on ne voit pas un rattrapage similaire du côté de la diplomation des élèves les moins bien nantis, qui n’augmente pas avec le temps, poursuit Xavier St-Denis. Cela laisse penser qu’ils rencontrent des obstacles pendant leurs études, qui nuisent à leur persévérance. » On retrouve les mêmes inégalités dans l’accès à l’université et l’obtention de diplômes universitaires, sauf pour le certificat.

Le rapport de l’Observatoire indique en outre des différences d’accès et de réussite au collégial en fonction du niveau d’éducation des parents. Plus celui-ci est élevé, plus les taux d’accès et la réussite aux programmes préuniversitaires sont hauts. À l’inverse, plus de 90 % des hommes et 80 % des femmes dont les parents n’ont pas obtenu de diplôme d’études secondaires ne détiennent aucun diplôme collégial.

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28 septembre 2024