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Élèves africains boursiers

« Des refus totalement injustifiés »

(Ottawa) Le ministère fédéral de l’Immigration a refusé les permis d’études de 14 élèves africains bénéficiaires d’une bourse d’excellence du gouvernement du Québec. Ces élèves, soigneusement sélectionnés pour suivre des formations techniques dans les cégeps du Saguenay–Lac-Saint-Jean, semblent subir les conséquences de la hausse des ressources financières requises pour étudier au Canada, même si leur bourse couvre l’ensemble de leurs frais de subsistance et de scolarité

Mylène Crête La Presse

« Avec la bourse de 14 000 $ ainsi que l’appui de leurs proches dûment prouvé, ces refus nous apparaissent totalement injustifiés », écrivent les quatre directeurs généraux du Collège d’Alma, du Cégep de Chicoutimi, du Cégep de Jonquière et du Cégep de Saint-Félicien dans une lettre adressée au ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, dont La Presse a obtenu copie.

Une rencontre avec le personnel au cabinet du ministre est prévue mardi avant-midi. « On lui demande un fast-track », résume le directeur général du Cégep de Jonquière et ex-député péquiste à l’Assemblée nationale, Sylvain Gaudreault, en entrevue. Les élèves ont jusqu’au 9 septembre pour faire une rentrée tardive. Les cours ont débuté le 19 août.

Sylvain Gaudreault s’explique mal la décision du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada (IRCC), d’autant plus que la bourse vise à inciter des élèves internationaux performants à étudier en français dans des cégeps hors de la grande région de Montréal et dans des domaines où le besoin de main-d’œuvre est criant.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le directeur général du Cégep de Jonquière, Sylvain Gaudreault

« On a des programmes qui sont collés à la réalité de la région – une réalité industrielle, entre autres – qui a besoin de diplômés en génie mécanique, en chimie analytique, technique de laboratoire, mécanique du bâtiment, génie industriel, environnement, hygiène, santé au travail, énumère-t-il. Je nomme juste les programmes qui sont chez nous au Cégep de Jonquière, mais on pourrait ajouter génie civil à Chicoutimi, technologie forestière à Saint-Félicien et ainsi de suite. »

Capacité financière

Cette situation est incompréhensible pour les quatre directeurs généraux qui ont accueilli des élèves internationaux boursiers par le passé.

Des 17 élèves internationaux bénéficiaires de la bourse québécoise qui devaient commencer leurs études collégiales au Saguenay–Lac-Saint-Jean, seulement trois ont obtenu leur permis d’études.

Les quatorze autres se sont butés à un refus « en raison du manque de preuve de capacité financière » dans presque tous les cas. Onze ont fait une demande de révision et attendent toujours dans leur pays alors que les cours au Québec sont déjà commencés.

C’est ce qui est arrivé à Félicité Kossi, une élève de 20 ans du Togo, qui se réjouissait de pouvoir entamer des études en génie électrique au Cégep de Jonquière parce qu’il est « bien équipé avec des laboratoires », contrairement aux établissements dans son pays. Elle a joint à sa demande de permis d’études la lettre confirmant l’accès à la bourse d’excellence de 14 000 $ pour les trois ans de son programme, en plus de l’exonération de ses frais de scolarité de 9000 $ par session.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU CÉGEP DE JONQUIÈRE

Le pavillon Gérard-Arguin du Cégep de Jonquière, à Saguenay

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3 août 2024