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COVID-19: stress, anxiété et surcharge de travail chez les profs du cégep

Article publié par L'Actualité - Stéphanie Marin, La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Deux mois après la rentrée scolaire, le niveau de stress et d'anxiété de beaucoup d'enseignants du cégep est élevé, rapporte avec inquiétude un syndicat qui vient de sonder ses membres. Leurs tâches n'ont fait que s'alourdir avec la pandémie, et il faut que le gouvernement ajoute des enseignants pour que les profs n'y laissent pas leur santé, dit-il.

Michel Manning enseigne l'éducation physique au collège de Valleyfield.

Quand son cégep s'est récemment retrouvé en zone rouge, il a dû offrir tous ses cours en ligne. Cela a nécessité une réorganisation complète de ses classes et de son enseignement car jusqu'à ce moment, il enseignait en formule «hybride»: une partie en classe, une partie en ligne. Enregistrer des cours est plus long que de les offrir dans son gymnase avec ses élèves devant lui, dit-il. Et visionner les vidéos de ses 200-250 étudiants qui se filment pour qu'il puisse évaluer leur maîtrise des techniques sportives prend un temps fou.

Il évalue que son travail a augmenté de 20 à 30 % depuis le début de la pandémie.

«On doit changer l'approche, la structure des cours, les évaluations, ainsi que le suivi auprès des élèves.» Il souligne que les cours d'éducation physique au cégep ne consistent pas à laisser les élèves jouer au ballon: il s'agit d'une approche axée sur la santé.

Ce prof qui adore son travail a commencé à ressentir du stress et de l'anxiété depuis le début de l'année — un stress qu'il n'avait pas connu en 16 ans d'enseignement au collégial. «La charge est lourde.» Mais pour lui, pas question de laisser tomber les étudiants.

Diane Lafrance enseigne la littérature au cégep de Sherbrooke, qui se trouve actuellement en zone orange, où les élèves peuvent encore aller en classe en personne.

Mais les consignes sanitaires pour prévenir la propagation de la COVID-19 l'ont néanmoins obligée à séparer ses classes en deux.

Pour s'assurer que ses élèves réussissent à voir toute la matière, elle a choisi d'enseigner les autres heures de cours par Zoom, augmentant ainsi sa charge de travail.

«Ils ont besoin de plus d'encadrement», souligne l'enseignante dont les élèves sont souvent fraîchement arrivés au cégep, souvent après une fin de secondaire tronquée.

«J'ai voulu les rassurer en leur disant que je suis là pour eux. Qu'ils ne sont pas laissés à eux-mêmes», dit-elle. On a multiplié les plateformes sur lesquelles ils doivent réaliser leur travail et ce n'est pas toujours évident pour eux, donne-t-elle en exemple.

Mais tout cela prend du temps, dit cette enseignante qui rapporte être «bombardée de courriels» et qui doit faire beaucoup plus de rappels aux étudiants que d'habitude, et rédiger de multiples versions de ses examens, puisque les groupes sont scindés. Ils ne pourront être réutilisés car les étudiants peuvent faire des captures d'écran et les remettre à leurs amis.

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