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Un stage humanitaire en Haïti pour neuf finissants de Soins infirmiers

Six femmes et trois hommes, tous en dernière session en Soins infirmiers au Cégep de Granby, ont effectué un stage en milieu hospitalier dans le nord-est de Haïti, pendant trois semaines en mars dernier soit du 7 au 29 mars 2015. Sylvie Archambault et Marie-Claude Richard, toutes deux enseignantes dans ce programme, ont accompagné les jeunes gens lors de leur séjour, assumant ainsi le rôle de supervision et d’encadrement du stage dans ce pays. Au-delà du soutien humanitaire dispensé, ce stage s’inscrit dans le cadre du cours Adaptation à différentes situations de travail, et comme tout ce qui touche la santé, les étudiants ont dû faire preuve de discipline, de débrouillardise et d’une grande autonomie dans un milieu parfois déstabilisant. 

Les futurs infirmiers n’ont pas ménagé leurs efforts pour s’adapter au pays. Ils ont suivi, avant leur départ, quelques cours de créole afin de bien communiquer avec les collègues et les patients haïtiens. Le groupe a, par ailleurs, été fort bien accueilli par le corps médical et la population locale. Le lieu de stage a été trouvé grâce à la collaboration du Carrefour de solidarité internationale (CSI), un organisme qui permet à des volontaires de vivre des expériences concrètes de coopération et de solidarité internationales. 

L’hébergement des étudiants était assuré par l’Institut de recherche et d'appui technique en aménagement (IRATAM) à Sainte-Suzanne, soit à une heure de route par camion de l’hôpital de Fort liberté, le lieu du stage.

Un dépaysement humain et professionnel       
Les membres du groupe ont bénéficié de trois rencontres d’une heure avec le Département de la santé, afin de se familiariser avec le fonctionnement du système haïtien. Ils ont également participé à des séances d’information sur la malaria et le traitement du VIH/sida.

Un des premiers « chocs culturels », qui attendait les étudiants québécois, est la différence dans la manière de dispenser les soins. Les futurs techniciens ont dû revenir aux bases de la pratique en soins infirmiers dans l’évaluation des patients. Avec peu d’outils, beaucoup d’écoute et une bonne dose de créativité, ils ont fait « avec les moyens du bord ». Une expérience parfois éprouvante, mais d’une valeur inestimable sur le plan humain autant que professionnel.      

« Au Québec, personne ne se pose vraiment la question, si tu as besoin d’une aiguille, d’un pansement, d’un soluté, d’oxygène, tu le prends. En Haïti, les patients doivent payer pour chaque objet utilisé, et malheureusement beaucoup n’en ont pas les moyens. Une réalité avec laquelle nos étudiants ont dû apprendre à composer. Par contre, un des aspects positifs du système de soins en Haïti est la présence efficace de l’Organisation mondiale de la santé au niveau, entre autres, du VIH et de la syphilis. Les méthodes de dépistage sont rapides et le suivi immédiat. Ils ont même des tests qui prennent quelques minutes, tests que nous n’avons pas au Québec. Dans la même journée, un patient détecté positif va rencontrer l’infirmière, le médecin, le psychologue et le travailleur social. Les groupes d’accueil et de soutien sont bien formés pour l’aider psychologiquement » d’expliquer les enseignantes.

Sur le terrain    
Maternité, pédiatrie, clinique externe et soins d’urgence sont les quatre services dans lesquels les futurs infirmiers du Québec ont pu exercer leurs compétences. Chacun des stagiaires était affecté à un lieu spécifique, afin d’avoir le temps de se familiariser avec le fonctionnement du service. Les médecins étaient très ouverts et patients avec les étudiants, ils prenaient le temps de répondre aux nombreuses questions des stagiaires.

Marie-Claude Richard partage une petite anecdote : « … ils [les médecins] partageaient vraiment bien toutes leurs connaissances avec eux, prenaient le temps d’expliquer aux étudiants, même aux soins d’urgence. J’avais un pédiatre qui était avec un stagiaire et qui lui a dit : j’en fais trois puis, le prochain, c’est toi qui lui pose les questions et qui fait son évaluation en créole, t’es capable! »
     
Sylvie Archambault, de son côté, souligne une des expériences inattendues que les étudiantes ont vécues : « Dans les salles d’accouchement, ce que les étudiantes ne font pas au Québec en stages, ce sont les touchés vaginaux pour évaluer la dilatation du col, là elles ont pu le faire. Parce que contrairement à nous, les infirmières en Haïti ont beaucoup d’autonomie au niveau de l’accouchement. Ce sont elles, les infirmières qui font les accouchements à moins d’un problème grave. »  
  
Dans le service de pédiatrie cependant, les membres du groupe ont trouvé difficile de constater le nombre élevé d’enfants souffrant de malnutrition, un phénomène pratiquement inexistant au Québec. Côtoyer l’extrême pauvreté de cette région a été, pour les stagiaires, une opportunité de réflexion sur leurs valeurs personnelles et la profession infirmière.

Après chaque quart de travail, les deux enseignantes ont pris le temps de débreffer les étudiants pour permettre d’évacuer le stress et les émotions intenses liés aux évènements difficiles comme la perte d’un patient, mais aussi de revenir sur les aspects positifs de la journée. Prendre du recul est essentiel dans un contexte où les ressources limitées occasionnent un sentiment d’impuissance chez le personnel soignant.

De manière générale, les stagiaires sont rentrés au pays avec, dans leurs bagages, une confiance en soi et en leurs capacités accrue, de bonnes aptitudes pour le travail en équipe et une meilleure connaissance d’eux-mêmes, ce qui représente une plus-value au niveau personnel.

Les étudiants et les enseignantes du stage humanitaire en Haïti désirent remercier toutes les personnes ainsi que tous les commerces et entreprises qui ont permis, par leurs dons, la réalisation de ce projet.