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Un tout nouveau campus pour le niveau collégial du Séminaire de Sherbrooke
Par Alain Lallier
Entretien avec Caroline Champeau, rectrice-directrice générale du Séminaire de Sherbrooke
Comptant parmi les plus anciens établissements du réseau, le Séminaire de Sherbrooke déménage en ce début d’année sa section collégiale dans un nouveau campus,ce qui met fin dans cet établissement à 145 ans de cohabitation entre les niveaux secondaire et collégial. Ce changement majeur s’accompagne également d’une actualisation des programmes et de la vie étudiante. Nous en discutons avec la rectrice-directrice générale, madame Caroline Champeau.
Pourquoi avoir conservé l’appellation « séminaire » ?
Le mot« séminaire » porte à penser qu’il s’agit d’un établissement qui prépare des jeunes à la prêtrise. Pourquoi avoir conservé aujourd’hui l’appellation « séminaire », l’exception dans le réseau collégial ? Caroline Champeau explique qu’ils ont décidé de conserver l’appellation parce qu’elle les rend bien fiers. « Pour les gens de Sherbrooke, c’est une marque de commerce prestigieuse, tant pour l’ordre secondaire que collégial. Le nom actuel est “Séminaire de Sherbrooke – Collégial privé”. Nous étions unanimes à ne pas changer ce nom pour respecter le travail fait avant nous et rendre ses notes de noblesse à cet ordre d’enseignement.Nous sommes fiers de dire que c’est au Séminaire qu’est née l’Université de Sherbrooke. C’est d’ailleurs pour cette raison que je porte le titre de “rectrice”, qui a été conservé pour des raisons honorifiques. »
Au départ, l’établissement n’accueillait que des garçons. Au tournant des années 90, les filles y ont été admises. Cet hiver, la population étudiante est composée de 63 % de filles contre 37 % de garçons sur 400 inscrits. C’est en 1969 que le Séminaire a été reconnu par le Ministère comme établissement d’intérêt public privé subventionné.
Le Séminaire de Sherbrooke sur la rue Marquette
Un campus pour chacun des ordres d’enseignement
Pour la première fois de son histoire, à la rentrée de janvier, le Séminaire offrira son enseignement sur deux campus. Sur la rue Marquette, pour l’ordre secondaire, et Belvédère pour le Collégial. « Quand je suis arrivée à la direction en 2016, raconte madame Champeau, l’ordre secondaire avait été frappé par la décroissance démographique, comme partout au Québec. Quant à notre collégial, malgré les bons taux de réussite et de placement universitaire, son avenir devenait de plus en plus inquiétant à cause, entre autres, d’une baisse marquée d’étudiants. Nous constations que nos élèves du secondaire, pourtant très attachés à leur institution, avaient le goût de changer d’établissement et d’aller voir ailleurs. En matière de rétention,notre clientèle diminuait à la vitesse grand V. Au même moment, notre ordre secondaire a connu une croissance importante. Un sondage a révélé que les élèves voulaient rester au Séminaire, mais sans partager le même bâtiment que les plus jeunes du secondaire. Notre section collégiale nécessitait également beaucoup de rénovations. Une occasion favorable s’est présentée à proximité alors que le Collège du Sacré-Cœur mettait son école en vente à la condition que le bâtiment conserve sa vocation éducative. Le Séminaire s’en est porté acquéreur et a entrepris un projet de rénovation de 4 millions $. Pour nous, c’est une chance incroyable d’avoir ces deux campus pour chacun de nos ordres d’enseignement. Cela permet à chaque ordre d’enseignement de développer son propre sentiment d’appartenance. »
Créer un espace étudiant
Le bâtiment a été transformé en un milieu de vie contemporain, multifonctionnel et comportant beaucoup d’endroits pour du travail d’équipe et individuel. Les étudiantes et les étudiants peuvent se brancher sur le réseau Internet. Des cabines individuelles ont été aménagées. Les enseignantes et les enseignants profitent d’une salle commune, et six cubicules vitrés permettent le travail en équipe. Chaque classe est dotée d’une télévision interactive de 75 pouces avec un système de micros et de caméras pour l’enseignement à distance en hybride et en présentiel. « Nous avons choisi de créer un espace étudiant. Les jeunes d’aujourd’hui achètent des expériences. Nous voulons offrir aux étudiantes et aux étudiants une expérience unique. C’est en ce sens que nous avons aménagé une grande terrasse extérieure avec vue sur la rivière et sur le Séminaire. Tous les services administratifs sont concentrés au rez-de-chaussée pour en faciliter l’accès. C’est une de nos marques de commerce : l’accessibilité aux membres du personnel », explique avec enthousiasme la rectrice-directrice générale.
Des programmes en concertation avec les autres établissements de la région
Le Séminaire de Sherbrooke offre trois programmes techniques : Techniques de l’architecture, Commercialisation de la mode et Techniques juridiques. Interrogée sur l’arrimage de leurs programmes avec l’offre du Cégep de Sherbrooke, madame Champeau rappelle que, lors de la demande de nouveaux programmes au Ministère, l’établissement est tenu de faire la preuve que l’offre d’un nouveau programme doit être inexistante dans la région et que ce dernier possède de bonnes perspectives d’emploi.
En Estrie, la concurrence cède le pas à la concertation, souligne la rectrice-directrice générale :« Depuis plusieurs années, le public et le privé siègent à diverses tables de concertation. La communication est très bonne et joviale. Sherbrooke compte aussi un pôle d’enseignement supérieur, et le réseau public a accepté que le Séminaire se joigne au groupe. Dès que nous avons l’intention de déposer une demande pour un nouveau programme, nous échangeons entre nous. Les partenaires se soutiennent entre eux. »
Le Séminaire travaille à donner une couleur particulière à ses programmes du niveau collégial : en sciences de la nature, deux profils sont offerts, soit Sciences de la santé et Sciences pures et appliquées; en sciences humaines, il y a trois profils, soit Droit et criminologie, Psychologie et Administration.
Entrer dans le nouveau campus pendant la pandémie
La région de Sherbrooke étant classée en zone rouge, il n’y aura pas de changements majeurs en période de pandémie, et ce, malgré l’ouverture des nouveaux locaux pour le collégial. Un maximum de cours sera offert à distance. Les cours techniques nécessitant des laboratoires, en sciences, ainsi que dans les ateliers d’architecture et d’éducation physique, pourront être donnés en présentiel. Par contre, tous les examens se dérouleront très majoritairement sur place. Pour des situations particulières, une enseignante ou un enseignant peut convoquer ses élèves sur le campus. Les services étudiants en orientation et en psychologie y sont également offerts sur place.
Un séminaire privé accessible à tout le monde ?
Caroline Champeau est affirmative : le Séminaire collégial est accessible à tout le monde et n’est pas réservé à une élite. « Notre clientèle collégiale est très diversifiée, donne droit aux prêts et bourses et nous disposons d’un fonds pour les étudiantes et les étudiants qui ne se qualifient pas pour les prêts et bourses. Notons que la clientèle des programmes techniques n’a pas 17 ans, elle est composée majoritairement d’adultes ayant déjà complété un programme ou en provenance du marché du travail. »
Développement de la formation continue
Dans sa stratégie d’entreprise, le Séminaire mène plus en plus l’accent sur la formation continue. L’établissement mise sur une offre de programmes d’AEC, de services aux entreprises et sur les formations sur mesure, le tout étant chapeauté par l’École de développement professionnel. « Le Séminaire de Sherbrooke, c’est trois écoles : le secondaire, le collégial et l’École de développement professionnel, qui offre notamment le programme de courtage immobilier qui se porte très bien et qui débute de nouvelles cohortes bientôt » affirme la rectrice-directrice générale. Sur cette lancée, elle entend d’ailleurs mettre l’accent sur l’enseignement en ligne, ce qui est déjà le cas de l’AEC en courtage immobilier offert à travers tout le Québec. « Pour y arriver, le collège s’est doté de la plateforme autoportante Canvas. Le Séminaire a obtenu le droit de formation pour cette plateforme pour la clientèle francophone. Tout le réseau collégial utilise cet outil unique et convivial pour tous ses cours. Notre bassin auparavant local devient provincial. »