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Le Cégep de Trois-Rivières, 1er en recherche appliquée au Canada

Par Élise Prioleau 

Le Cégep de Trois-Rivières est l’établissement collégial canadien dont le revenu de recherche a été le plus imposant en 2020. La performance du Cégep dans le domaine de l’innovation technologique lui a valu une reconnaissance nationale. En décembre dernier, l’établissement mauricien a été classé au 1er rang du prestigieux palmarès publié par Research Infosource, un organisme spécialisé en recherche et technologies au Canada.

 

De gauche à droite : Jean-François Viens, Jean-Philippe Jacques, Gheorghe Marin et Louis Gendron.

Les trois centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) affiliés au Cégep de Trois-Rivières sont devenus incontournables dans leurs domaines de recherche respectifs. Le Centre de métallurgie du Québec (CMQ) est actif dans la transformation métallurgique et la création d’alliages nouveaux. Innofibre développe des bioproduits et des bioprocédés à partir de la fibre cellulosique. Le Centre collégial de transfert de technologie en télécommunications (C2T3) a une expertise dans les moyens de communication du futur tels que les télécommunications sans fil, l’internet des objets et le réseau 5G.

Les trois CCTT du Collège de Trois-Rivières inventent les technologies et les procédés qui feront partie, demain, de notre quotidien. Bien plus que des laboratoires de recherche, les CCTT sont les partenaires privilégiés de plusieurs entreprises locales, québécoises et même internationales. En résumé, les CCTT forment des écosystèmes en recherche appliquée où se regroupent autour de projets innovants des chercheurs collégiaux et universitaires, des entreprises privées, et bien sûr, des enseignants et des étudiants du Cégep.

 

« C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine pour le Collège. Ce prix place la région de Trois-Rivières et le Cégep comme un acteur incontournable de soutien à la recherche technologique. »

- Louis Gendron, directeur du Cégep de Trois-Rivières 

 

Des équipements uniques en Amérique du Nord
« 54 chercheurs travaillent dans nos trois centres de recherche », mentionne Gheorghe Marin, directeur du Centre de métallurgie du Québec (CMQ). « Nous avons des équipements de pointe, uniques en Amérique du Nord. Au CMQ, l’ensemble de notre équipement a une valeur de 25 millions de dollars américains.»

D'une valeur de 1,5 million de dollars, cette imprimante 3D augmente la capacité de production de pièces métalliques destinées au prototypage et à la production de courte série au Québec.

Les fours de fusion du Centre de métallurgie du Québec permettent la production et le développement d’alliages d’acier, d’aluminium, de titane, de nickel et autres métaux. Les chercheurs développent la mise en forme des métaux par différents procédés de fabrication, comme la fonderie, le laminage ou encore l’impression 3D. « Nous développons les alliages de demain par des manipulations très précises au niveau atomique», explique M. Marin. Par la suite, ces nouveaux alliages permettront de nouvelles applications technologiques. Pendant la pandémie, par exemple, les chercheurs du CMQ ont développé des revêtements destinés à limiter la propagation du coronavirus sur les comptoirs des laboratoires médicaux et des hôpitaux.

De la recherche fondamentale à la commercialisation d’un produit
Les CCTT  jouent le rôle d’intermédiaires entre le monde de la recherche et l’entreprise privée, qui commercialise les produits innovants. « On collabore avec d’autres institutions de recherche, collégiales et universitaires. On a beaucoup de projets en multipartenariats. L’an dernier, on a fait 26 projets collaboratifs avec des universités ou d’autres centres de recherches », témoigne Jean-Philippe Jacques, directeur chez Innofibre.

 

Les chercheurs d’Innofibre ont créé en 2020 un masque N-95. Sa fabrication a été réalisée en collaboration avec l’Université de Montréal, qui avait comme mandat d’analyser la qualité antivirale du masque.

« Ces collaborations-là nous permettent de réaliser des projets plus ambitieux. Ils nous permettent aussi de faire connaître notre travail », explique Jean-Philippe Jacques. « Faire connaître notre travail avec la fibre cellulosique, ça crée des contacts aussi bien dans le monde de la recherche que de l’entreprise. Je pense que ces collaborations-là nous aident à répondre à une plus grande demande, parce que l’on connaît mieux les besoins dans différents secteurs. Ça contribue à notre positionnement. »

Chez Innofibre, les chercheurs travaillent sur des projets dans la filiale des produits thermoformés à base de fibre naturelle recyclée. Ils créent des emballages recyclables ou compostables, entre autres pour le domaine de l’alimentation. Alors que le gouvernement du Canada s’apprête à bannir les plastiques à usage unique, Innofibre travaille avec des entreprises qui souhaitent commercialiser ce type d’emballage écologique. 

Des retombées pour l’industrie et la collectivité
Les CCTT ont également comme mandat de soutenir les entreprises dans le développement de nouveaux produits innovants.« Nous réunissons des experts autour de projets portés par les entreprises », explique Louis Gendron. Cette collaboration avec le secteur industriel est essentielle pour assurer une application concrète des technologies développées.

« En retour, les entreprises bénéficient de notre expertise, mais aussi des leviers financiers de nos centres de recherche pour amortir financièrement le développement de nouveaux produits », explique Jean-François Viens, directeur général du C2T3. « Par la suite, les entreprises ont accès à la propriété de la technologie, qui leur est transférée ». Les CCTT accompagnent jusqu’au bout les entrepreneurs. Ils offrent des formations techniques aux employés. Leur lien avec le Cégep facilitera également le recrutement d’employés qualifiés.

« Nos centres collégiaux de transferts de technologie (CCTT) ont des impacts concrets dans la communauté, autant à l’échelle régionale que nationale », affirme Jean-François Viens. « Au Centre collégial de transfert de technologie en télécommunications (C2T3), on a bâti une expertise qui consiste au maillage de plusieurs technologies. Par exemple, les objets interconnectés avec des codes de l’intelligence artificielle et de la réseautique 5G. Nous avons ouvert une gamme d’applications dans les domaines de la mobilité urbaine, des villes intelligentes et de l’agriculture. »

Le C2T3 travaille, par exemple, sur des technologies qui améliorent la lutte aux incendies. « Nous avons créé des buses d’incendie conçues pour éteindre les feux de manière plus sécuritaire pour les pompiers. Il y a des capteurs électroniques sur les buses, qui sont interconnectés sur des réseaux locaux pour localiser les foyers de chaleur qui requièrent une action immédiate. Nous travaillons en collaboration avec une compagnie québécoise qui mène des actions en Californie », résume le directeur du C2T3.

Des programmes d’étude bonifiés
Les activités des CCTT bonifient la formation des étudiants dont le domaine d’étude est visé par la recherche, comme l’explique le directeur du Cégep de Trois-Rivières. « Les étudiants ont accès aux technologies les plus récentes dans leur domaine. Ils ont accès à des stages en entreprise. Ils participent à des projets réels en collaboration avec des entreprises et des chercheurs universitaires », énumère Louis Gendron. En 2019, ils étaient 87 à être rémunérés pour des travaux de recherche appliquée.

« Choisir le Cégep de Trois-Rivières, c’est choisir la recherche, c’est choisir une expérience en entreprise. Les étudiants qui ont vécu des activités dans les CCTT ont une expérience d’études enrichie par nos partenariats. Un étudiant intéressé par la recherche appliquée et par l’innovation trouve son compte au Cégep de Trois-Rivières », conclut-il.

 

 



Note: La série d'articles sur les CCTT est réalisée en collaboration avec Synchronex