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La démocratie étudiante se réorganise
Par Élise Prioleau
La démocratie étudiante se réorganise depuis le début de la pandémie. Les associations ont dû imaginer de nouvelles manières de mobiliser les étudiants. La voix étudiante collégiale, pourtant, est toujours bien vivante. Qui plus est, la crise sanitaire aura eu l’effet d’augmenter la visibilité du mouvement étudiant à l’échelle provinciale.
En mars 2019, des milliers d’étudiants s’apprêtaient à entrer en grève dans le cadre de la Semaine de la transition pour le climat. La crise sanitaire a forcé l’abandon de nombreuses activités attendues dans le cadre de cet événement. Malgré la déception, le mouvement associatif étudiant a su faire preuve de créativité pour repenser ses activités.
Taha Boussaa, responsable général de l’Association générale étudiante du Cégep du Vieux-Montréal (AGECVM).
« Le sens de la communauté et de la solidarité est toujours là. Les groupes militants sont toujours actifs, mais à travers de nouveaux outils », explique Taha Boussaa, responsable général de l’Association générale étudiante du Cégep du Vieux-Montréal (AGECVM). « Dès que nous avons constaté que la quarantaine allait durer, nous avons revu nos règles internes. L’assemblée générale a été remplacée par une nouvelle instance, le forum numérique. Les votes se font maintenant par consultation en ligne. »
Tout comme les assemblées générales, les stratégies de mobilisation ont dû migrer vers le numérique. « C’est plus difficile de mobiliser les étudiants en ligne, car c’est une situation nouvelle pour nous », reconnaît Taha Boussaa. Les étudiants multiplient toutefois les stratégies pour mobiliser leurs pairs. Des ateliers et des conférences en ligne ont, par exemple, été organisés par l’association étudiante pour informer les nouveaux étudiants de son mandat et de ses activités.
Loin d’affaiblir le moment étudiant, la pandémie aura renforcé les prises de position étudiantes, selon le responsable de l’AGECVM. « Ça nous a amené des éléments supplémentaires dans notre argumentaire pour défendre les causes sociales et environnementales qui nous tiennent à cœur. »
Une plus grande visibilité
La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) a vu sa visibilité médiatique augmenter pendant la crise sanitaire. Pour preuve, en 2020 la FECQ a accordé près de 50 entrevues, comparativement à une douzaine par année dans les années précédentes.
Noémie Veilleux, présidente de la FECQ.
« La condition étudiante a une plus grande visibilité depuis le début de la crise », se réjouit Noémie Veilleux, présidente de la FECQ. « Certaines problématiques étudiantes ont été mises en lumière par la crise. Par exemple, les problèmes de santé psychologique. Cette visibilité nous permet de faire avancer des dossiers que l’on menait déjà avant la crise, comme ceux de la réussite, de la santé mentale et de l’enseignement à distance. »
Dans le cadre de la crise du Covid-19, la Fédération a joué un rôle rassembleur, en regroupant sous une même bannière les revendications des étudiants du Québec.« On a ouvert nos instances aux associations étudiantes qui ne sont pas membres de la FECQ, afin que chacun soit entendu », relate Noémie Veilleux. « Nos instances sont plus fréquentes, plus ouvertes et plus accessibles qu’avant. Ça permet à toutes les associations de faire entendre la voix des étudiants qu’elles représentent. »
La Fédération étudiante collégiale du Québec a fêté ses 30 ans au début décembre. Pour souligner l’événement, une rétrospective les luttes étudiantes marquantes de la FECQ a été mis en ligne sur son site web.
La protection de l’environnement, une priorité
Le mouvement étudiant a été actif cet automne dans le cadre de la campagne Arrêtons GNL. Une campagne de mobilisation provinciale contre la construction d’un gazoduc. Différents regroupements étudiants collégiaux et universitaires ont uni leurs efforts pour envoyer des mémoires au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), dans le cadre de l’examen du projet controversé. Plus de 3000 mémoires ont été rédigés par des étudiants provenant des quatre coins du Québec.
Maya Labrosse, étudiante au Cégep régional de Lanaudière à Joliette
La protection de l’environnement est un enjeu phare du mouvement étudiant en 2020. En février dernier a été lancée la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES). « La Coalition regroupe trois mouvements étudiants des niveaux secondaire, collégial et universitaire : Pour le futur Montréal et Québec, le Devoir Environnemental Collectif et la Planète s’invite à l’Université », explique Maya Labrosse, étudiante au Cégep régional de Lanaudière à Joliette et membre du Comité environnement étudiant Joliette.
« Ici, dans la région de Lanaudière, la mobilisation se fait surtout sur les réseaux sociaux. Le fait d’être en ligne permet de contacter plus facilement des étudiants des autres régions. Ça facilite le réseautage », estime l’étudiante. À Joliette, les étudiants s’approprient de nouveaux outils pour poursuivre leur implication sociale et environnementale. « On profite du fait que les gens sont souvent en ligne pour créer des ressources sur le web. Au comité environnement étudiant Joliette, nous avons le projet de créer un Balado cet hiver, pour continuer à réfléchir ensemble aux enjeux qui nous touchent. »