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Vite, une boussole académique !
Louise-Maude Rioux Soucy - Éditorial du Devoir
Pour paraphraser l’irremplaçable Falardeau, la liberté académique n’est pas une marque de yogourt. C’est un idéal et une boussole. À ce titre, elle ne saurait se contenter plus longtemps d’une simple annexe dans les conventions collectives comme c’est le cas au collégial. Il lui faut un cadre légal comme le gouvernement Legault en a dessiné un aux universités afin de mettre nos cégeps et nos collèges à l’abri des contraintes doctrinales, idéologiques ou morales qui fleurissent dru en cette époque polarisée.
Actuellement, la liberté académique au collégial telle qu’elle est balisée souffre d’une application à géométrie variable maintes fois dénoncée. Y compris parmi les professeurs et les directions d’établissements, qui sont nombreux à appeler de tous leurs vœux une liberté académique digne de ce nom.
Et pour cause. On a, avec cette formule bien imparfaite, la recette parfaite pour semer des tempêtes, concluent les enquêteurs du ministère de l’Enseignement supérieur, qui se sont penchés sur des allégations de détérioration du climat aux collèges Dawson et Vanier à la demande expresse de la ministre Pascale Déry.
Une part importante de leur argumentaire s’attache à montrer de quelle manière et dans quelle proportion l’absence de lois pour encadrer la liberté académique dans le réseau de l’enseignement collégial favorise « des conflits, des frustrations, voire des menaces », jusqu’à parfois entraver la qualité des services éducatifs. Tous ces non-dits et ces heurts, écrivent-ils, nourrissent « des malaises », des « énergies négatives » et un « climat tendu » qui font boule de neige, emportant avec eux aussi bien les professeurs que les directions des études et les étudiants.
De là à dire que les deux collèges anglophones montréalais ont manqué à leurs devoirs d’assurer la sécurité physique ou psychologique des étudiants sous leur aile — après tout, c’est ce qui avait motivé la ministre Déry à lancer cette enquête. Il y a un pas que les enquêteurs… ne franchissent pas.
Il appert que Dawson comme Vanier ont bien répondu aux plaintes et aux tensions accumulées dans la foulée d’un échauffement attribuable en très large partie au conflit israélo-palestinien. Les lois, les politiques, les règlements, les conventions — tout a généralement été respecté et fait dans l’ordre et dans l’intensité attendus, lit-on dans ce rapport de près de 80 pages dévoilé sans prévenir les principaux intéressés dans la langueur d’un vendredi d’été précédant un long congé. Un scénario connu, mais pas moins détestable.