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Faut-il revoir les cours de littérature au cégep ?

La nécessité de dépoussiérer la formation générale au cégep, dont les cours de littérature, refait périodiquement surface au Québec. Le programme est-il aussi désuet que certains le prétendent ? La Presse en a discuté avec Karine Cellard, professeure récompensée pour ses travaux sur l’enseignement de la littérature québécoise.

Léa Carrier - La Presse

Québec devrait-il actualiser le programme de formation générale ?

C’est un programme qui pourrait être rénové, sans le transformer radicalement. Je pense qu’il pourrait être plus ouvert, avec des approches plus variées. Il a des vertus, notre programme. Il n’est pas à mettre à la poubelle. Quand on parle de réforme, on a toujours une petite crainte, parce qu’on ne sait pas ce qui va en ressortir. Je souhaiterais quand même qu’il y ait un message qui soit envoyé aux professeurs pour qu’ils favorisent la diversité des types de travaux.

PHOTO JONATHAN LORANGE, FOURNIE PAR KARINE CELLARD

Karine Cellard, professeure de littérature au cégep de l'Outaouais

Vos recherches se concentrent sur l’enseignement de la littérature québécoise à travers l’histoire, notamment au cégep. Comment a-t-il évolué ?

À la fondation des cégeps, le programme était vraiment libre. Il y avait très peu de directives. À la fin des années 1960, c’était à bas les règles, l’autorité, la hiérarchie. C’était un enseignement par genres littéraires : les élèves avaient des cours de poésie, des cours de théâtre… Au début des années 1990, il y a des gens qui disaient que certains profs abusaient de cette liberté, qu’ils faisaient lire n’importe quoi. La réforme Robillard [instaurée en 1993, qui visait à réviser les programmes de formation générale] venait uniformiser l’enseignement, en donnant des objectifs pédagogiques.

C’est le même programme qui est toujours enseigné, 30 ans plus tard. Qu’est-ce qui le caractérise ?

C’est l’attendu ministériel, de produire des écrits de type analytique. C’est ce qu’on fait en première, en deuxième, en troisième session. C’est beaucoup de répétition. C’est très standardisé. Puis, on enseigne un format qu’on ne retrouve nulle part ailleurs que dans nos cours. Parce que si l’élève va sur le marché du travail, il va faire des rapports, mais jamais une dissertation de 700 mots en deux paragraphes contenant une idée principale, deux idées secondaires et trois preuves expliquées. C’est trop précis. Ce qui fait que l’élève n’est pas vraiment incité à développer des réflexes d’écriture, à s’adapter.

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Karine Cellard, Prix Acfas Denise-Barbeau 2024

Renouveler l’enseignement de la littérature au collégial

Publié le 8 janvier par La Presse