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Liberté de l’enseignement dans les cégeps
L’élargissement de la loi et le piège anti-woke
« Les bénéfices sociaux associés à l’élargissement de la Loi sur la liberté académique pour inclure les professeurs de cégep seraient nombreux », écrit Louis-Philippe Lampron.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
L’auteur explique que la raison d’être de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire n’est pas de contrer les soi-disant dérives wokes.
Louis-Philippe Lampron Professeur, faculté de droit de l’Université Laval
Comme plusieurs, j’ai accueilli très favorablement la sortie de la Fédération de l’enseignement collégial demandant l’élargissement de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire aux professeurs de cégep1.
En tout et pour tout, cette revendication peut être considérée comme le simple correctif d’un vice de conception de la Loi sur la liberté académique, en ce que la recommandation de 1997 de l’UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, intégrée dans le préambule de la loi, prévoit expressément que la liberté académique doit être garantie à tous les professeurs de l’enseignement supérieur, ce qui inclut, au Québec, tant les professeurs d’université que les professeurs de cégep.
Les bénéfices sociaux associés à l’élargissement de la Loi sur la liberté académique pour inclure les professeurs de cégep seraient nombreux et comprennent notamment la capacité de ces professionnels d’avoir les coudées plus franches : dans la détermination collective du contenu des programmes enseignés et de la recherche réalisée au sein des cégeps ; dans la construction et la remise en cause d’orientations générales de ces mêmes cégeps ; et dans l’énonciation publique d’opinions (et de critiques) sur la société et les institutions, y compris les leurs.
Malheureusement, à l’instar de la couverture politique et médiatique qui avait entouré les travaux de la commission Cloutier sur la reconnaissance de la liberté académique en 2021-2022, on sent que trop d’importance est actuellement accordée aux demandes anecdotiques formulées par certains élèves concernant l’analyse d’œuvres ou de contenus au sein des salles de classe.
Source: La Presse