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Lettre d'opinion
IA comme dans «Inaction Alarmante» de la ministre Pascale Déry
Par Caroline Quesnel, Présidente, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) - Lettre publiée par Le Journal de Montréal
Quelqu’un peut-il nous indiquer où loge la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, dans le dossier du développement effréné et sans contraintes de l’intelligence artificielle? Quelqu’un peut-il nous expliquer sa vision alors que l’IA déploie déjà ses tentacules dans nos téléphones ainsi que dans nos classes et métamorphose le quotidien du personnel enseignant tout comme celui des populations étudiantes?
Pourtant, les voix – pas seulement syndicales – se multiplient pour réclamer un encadrement urgent de cette technologie, que les ténors du gouvernement caquiste entichés d’économie semblent parfois confondre naïvement avec la huitième merveille du monde.
D’ailleurs, le 25 avril dernier, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), conjointement avec la Commission de l’éthique en science et en technologie, déposait un rapport sans équivoque appelant à un encadrement et à une régulation de l’IA en enseignement supérieur.
Risques de dérives
À bien des égards, l’analyse du CSE conclut, comme la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), au danger d’une promotion des intérêts marchands dans le développement de l’IA, alors que l’enseignement supérieur est un bien commun. Elle remet en question l’efficacité de l’IA générative de même que les bénéfices en enseignement qu’on nous fait miroiter et attire l’attention sur les risques de dérives.
Étrangement, nous avons le sentiment de jouer à nouveau dans un film qui s’est révélé fort mauvais. Souvenons-nous de l’arrivée tous azimuts des écrans dans les classes. Impossible de s’opposer «au progrès», affirmait-on au début des années 2010, malgré le regard critique de nos membres, qui en mesuraient les effets néfastes quotidiens dans leurs groupes.
Les récentes études crédibles et approfondies de l’UNESCO et de l’INSPQ confirment, hélas, nos appréhensions technocritiques maintes fois exprimées. Elles forcent maintenant les gouvernements, comme celui de l’Ontario, à adopter des règlements plus sévères qu’au Québec pour lutter contre la présence des écrans dans les établissements. Apprenons de nos erreurs collectives; c’est le propre de l’enseignement.
Photo fournie par Caroline Quesnel
Caroline Quesnel, Présidente, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)