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Ayiti mon amour: Berceuse pour Haïti

Article publié par le Journalmetro.com - Par Marie-Lise Rousseau - Collaboration spéciale

Ayiti mon amour sera projeté vendredi à 18h30 à la salle Émile-Legault du Cégep Saint-Laurent. Entrée gratuite.

Des images catastrophiques viennent inévitablement à l’esprit lorsqu’on pense à Haïti. Comme si le désastre collait à la peau de la perle des Antilles. «On a tellement subi de traumatismes qu’ils ont sédimenté comme des fossiles», décrit la cinéaste Guetty Felin. Habitée par l’urgence de se réapproprier l’image de son pays après le séisme dévastateur de 2010, elle a réalisé Ayiti mon amour, qui sera projeté en primeur au Québec vendredi à Montréal.

Campé dans un décor de bord de mer au sud du pays, Ayiti mon amour dépeint dans un harmonieux mélange de réalisme social et d’onirisme le quotidien des âmes d’un village de pêcheurs où les blessures du tremblement de terre, décrit comme «la mère de toutes les catastrophes», peinent à cicatriser.

Guetty Felin a voulu briser la vision misérabiliste qu’on a d’Haïti. «On est prisonniers du regard international sur nous, affirme-t-elle au bout du fil. Ce film est né de la recherche de guérison, pour sortir de cette impasse formée par tous les traumatismes. Mais je n’avais pas envie de faire quelque chose de didactique. Je voulais faire un film avec beaucoup de douceur et de poésie, comme une sorte de berceuse qui nous permet de nous regarder, nous, les Haïtiens, autrement.»
Dès les premières images de ce récit impressionniste, on plonge tout en lenteur au cœur du village, avec ses habitants, sa mer envoûtante et ses édifices de pierre qui portent les marques du séisme. «Dans un pays qu’on dit chaotique, je voulais prendre le contre-pied et imposer aux spectateurs d’entrer dans un rythme, celui des gens de mon pays, qui va et vient avec la mer», détaille la cinéaste.

Ces gens qui, chacun à leur façon, tentent de surmonter leur deuil, de se reconstruire. Comme Orphée, ce jeune marginal qui a perdu son père et qui est fasciné par le Japon, ou encore Jaurès, un vieux pêcheur rempli d’inquiétudes, qui soigne du mieux qu’il peut sa femme malade. La plupart des personnages sont par ailleurs interprétés par des acteurs non professionnels.

«C’est un film qui explore ma relation un peu difficile avec ce pays qui m’a vu naître, ce pays qui me gruge, qui me hante, qui m’agace, mais dont je suis profondément amoureuse en même temps.» – Guetty Felin, cinéaste

 

Partenariat
Premier long métrage de fiction haïtien réalisé par une femme, Ayiti mon amour sera présenté en primeur au Québec, et ce, gratuitement, vendredi à la salle Émile-Legault du Cégep de Saint-Laurent.

Si le département de cinéma de l’établissement a pu mettre la main sur une copie du film, c’est parce que ses professeurs ont récemment établi un partenariat avec le Ciné Institute de Jacmel, la seule école de cinéma d’Haïti, où Guetty Felin a notamment enseigné.

L’an dernier, quelques étudiants du cégep sont allés y tourner des courts métrages avec six diplômés haïtiens. Hier, ces mêmes diplômés ont atterri à Montréal, où ils tourneront à leur tour, au cours des prochains jours, des documentaires sur différentes facettes de la communauté haïtienne, avant de se rendre au Saguenay pour assister au festival de courts métrages Regard.

Pour le Cégep de Saint-Laurent, la présentation d’Ayiti mon amour se veut d’ailleurs une occasion de créer des ponts avec la diaspora haïtienne de Montréal. «On a envie de créer des rapprochements», souligne la professeure Marie-Andrée Fortier.
D’autant plus qu’il s’agit de la seule occasion de voir ce long métrage sur grand écran au Québec, Ayiti mon amour n’y ayant pas de distributeur pour l’instant. Ce sera par le fait une rare occasion de visionner un film d’Haïti, un pays où le cinéma se fait rare, selon Guetty Felin. «Le séisme a tout détruit», rappelle-t-elle, précisant que la seule salle de cinéma encore debout est présentement fermée.

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