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Entrevue avec Patrick Caron de l’ACPQ

Des objectifs stratégiques pour soutenir le réseau et répondre aux demandes de la population étudiante

Depuis toujours au Québec, le réseau des collèges joue un rôle de soutien important dans diverses sphères de la société, dont l’emploi et la main-d’œuvre. Les collèges privés, représentés par l’Association des collèges privés du Québec (ACPQ), adoptent une approche proactive en participant aux solutions déployées, tout en faisant face aux mêmes défis que l’ensemble des collèges québécois.

Par Geneviève Lemay, rédactrice

Patrick Caron, directeur général du Collège André-Grasset et président de l’ACPQ

Lors d’une entrevue accordée au Portail, Patrick Caron, directeur général du Collège André-Grasset et président de l’ACPQ, nous dresse un portrait objectif de son organisation et de ses membres, de ses priorités, des enjeux en temps réel et bien plus encore. Vous découvrirez non seulement une volonté réelle de créer et de mettre en place des stratégies gagnantes, mais aussi un regard éclairé sur la situation actuelle des besoins prioritaires du réseau.

Faire connaître l’ACPQ pour mieux défendre ses intérêts

Il ne fait aucun doute que l’ACPQ se positionne comme un partenaire de choix pour tous les dossiers relatifs à l’enseignement supérieur. Cependant, il reste encore du travail à faire pour consolider sa position en tant que contributeur majeur à la société québécoise, et ce, à tous les niveaux de la collectivité.  

Comme le mentionne M. Caron, « On connaît très bien les collèges privés de manière individuelle. Par exemple, on sait tous que Grasset, Jean-de-Brébeuf, Mérici et le Séminaire de Sherbrooke, pour n’en nommer que quelques-uns, sont des collèges privés. Toutefois, peu savent que nous formons aussi un réseau structuré et organisé au sein de l’ACPQ. Il nous importe de faire rayonner davantage notre crédibilité, pour ressortir plus facilement dans les réflexions stratégiques à propos des enjeux pour lesquels nous sommes bien placés pour proposer des solutions pertinentes ».

Au fil de l’entrevue, il apparaît clairement que la consolidation de la notoriété de l’ACPQ représente une action globale qui est nécessaire pour entreprendre des actions stratégiques plus spécifiques. Cette étape pourrait être considérée comme une assise sur laquelle construire les initiatives futures avec plus d’assurance et d’efficacité.

Des actions stratégiques à approcher avec agilité

La planification stratégique de l’ACPQ couvre un certain nombre de domaines clés, principalement la défense et la promotion des intérêts de l’organisation, l’accessibilité et le développement du réseau des collèges privés subventionnés (CPS). 

Alors que les enjeux en éducation ont rarement été aussi présents, et en évolution si rapide, les actions stratégiques qui s’inscrivent dans cette planification doivent être en phase avec l’actualité, et s’y arrimer en temps réel. M. Caron affirme ici que « l’agilité est indispensable pour continuer de répondre aux besoins des étudiants locaux, ainsi qu’à ceux des étudiants internationaux et des clients des collèges privés du Québec. Nous devons agir en amont des décisions gouvernementales dans le but de créer des opportunités gagnantes avec les ressources qui sont disponibles ».

Il poursuit en mettant en avant un exemple d’action stratégique concrète susceptible de renforcer la résilience du marché de l’emploi dans les années à venir : le rehaussement du financement de l’enveloppe allouée aux attestations d’études collégiales (AEC). « Il est tout simplement indispensable de renforcer le financement des AEC dans les collèges privés pour répondre aux besoins actuels et à venir des Québécois en matière de qualifications. Parmi les grands projets annoncés par les gouvernements, on constate que le nombre de travailleurs formés professionnellement augmentera de beaucoup. En tant qu’organisation dans le domaine de l’enseignement supérieur, nous pouvons lever la main pour identifier les défis imminents découlant de cette réalité, tout en continuant de discuter des solutions possibles. On doit travailler main dans la main. Il y a de la place pour tout le monde qui souhaite s’engager ».

Il est tout simplement indispensable de renforcer le financement des AEC dans les collèges privés pour répondre aux besoins actuels et à venir

Trois enjeux majeurs sur lesquels l’ACPQ se penche activement

Le dossier des étudiants.es internationaux soulève un certain nombre de questions au sein du réseau. Il y a une forte anticipation des décisions stratégiques des gouvernements à ce sujet, notamment en ce qui concerne le projet de loi 74, qui vise à réduire le nombre d’étudiants.es internationaux. Ces décisions seront-elles suffisamment structurantes ? Tiendront-elles compte de l’accès à l’éducation de la clientèle internationale ? M. Caron partage la même préoccupation que de nombreux autres professionnels.les du réseau : « D’un côté, on veut ajouter des critères reliés aux besoins des étudiants et aux enjeux d’emploi. En soi, c’est une initiative de structuration nécessaire. Toutefois, notre grande préoccupation est liée aux frictions en cours entre les instances. Nous avons plus que jamais besoin de soutien pour encourager l’accessibilité, et nous craignons que la situation restreigne de manière trop importante l’accès des étudiants issus de l’international ».

Le deuxième enjeu est celui des infrastructures. Le patrimoine bâti des collèges privés du Québec, dont plus d’un a un héritage religieux, a montré des faiblesses et des lacunes nécessitant une intervention imminente. On parle ici autant des toitures que de la tuyauterie et des structures.

« Les coûts reliés à la réparation sont non négligeables, et ils explosent d’année en année. Plus on attend, plus ça va coûter cher, c’est une réalité incontournable. Il y a également l’impact des conséquences qui est à prévoir. Nous savons que la qualité du milieu de vie influence grandement la réussite scolaire. Dans un contexte où l’aide à la réussite connaît également des sommets jusqu’ici non atteints, nous souhaitons éviter l’effet domino de ces problèmes qui pourraient en engendrer de bien plus sérieux. C’est préoccupant », affirme M. Caron, visiblement soucieux de continuer à offrir un environnement sain et propice à l’apprentissage et à l’enseignement au sein d’un collège privé. 

Enfin, il y a l’enjeu du rehaussement du financement de l’enveloppe budgétaire allouée aux AEC. Comme nous l’avons mentionné plus haut, il s’agit d’une question à prendre au sérieux, car elle aura un impact majeur sur le bassin de main-d’œuvre qualifiée au Québec au cours des prochaines années. Cette main-d’œuvre est essentielle à l’organisation et à la réalisation des grands projets actuellement à l’ordre du jour du gouvernement. M. Caron affirme d’ailleurs que « c’est le reflet direct du rôle des collèges au Québec. Nous sommes là pour répondre aux besoins actuels et à venir en matière de qualifications, et les AEC restent un moteur de formations qui seront bientôt essentielles pour soutenir les grands projets d’avenir de notre société ».

Une volonté évidente de prêter main forte

Au terme de cet entretien, on constate la position manifestement volontaire de l’ACPQ dans tous les dossiers d’actualité. Avec le regard objectif de son président sur le contexte actuel du réseau, les différents acteurs impliqués ont tout intérêt à y voir un partenaire privilégié et pertinent pour faire avancer la réflexion et mettre en place des stratégies gagnantes.

Pour en savoir plus sur l’ACPQ : https://www.acpq.net/.