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Éditorial de La Presse

Au secours, nos cégeps ont besoin d’amour

odulaires.

Stéphanie Grammond

Stéphanie Grammond La Presse

Une excellente nouvelle peut devenir un terrible casse-tête. Parlez-en aux gestionnaires des cégeps.

En cette rentrée scolaire, on constate une forte augmentation des inscriptions, ce dont on ne peut que se réjouir. Mais la vétusté du réseau fait en sorte que les cégeps ne savent plus où mettre les élèves.

À Laval, le collège Montmorency a refusé 1000 élèves faute d’espace, rapportait notre collègue Léa Carrier, au début de la semaine⁠1. Pendant ce temps, le cégep de Saint-Laurent est obligé de fermer un pavillon complet parce que de graves problèmes de structure posent des risques de sécurité.

Bref, le réseau craque de partout. Et ce n’est que le début.

Cette année, les inscriptions ont bondi de 5,3 % dans les 48 cégeps de la province, la plus forte croissance des 25 dernières années. Et la vague ne fait que commencer à déferler. On s’attend à une augmentation de 20 % d’ici 10 ans, soit 32 000 élèves de plus d’ici 2033, ce qui représente l’équivalent de sept cégeps.

Il y a longtemps qu’on voit venir la vague des petits-enfants des baby-boomers. C’est la génération « roulotte » qui arrive aux études postsecondaires, après avoir fait ses classes dans des unités préfabriquées installées à la hâte dans les cours d’école.

Mais la croissance démographique n’explique que 40 % de l’augmentation du nombre de cégépiens cette année.

Il n’est pas impossible que la hausse rapide du taux de chômage chez les 15-24 ans, qui a bondi d’un creux de 5,4 % en 2021 à 12,3 % cet été, ait redonné le goût aux jeunes d’aller en classe.

Si tel est le cas, c’est un mal pour un bien. Les travailleurs de demain auront plus que jamais besoin d’être hautement qualifiés pour tirer leur épingle du jeu.

Dans cette perspective, il est rassurant d’apprendre que la proportion des jeunes qui passent directement du secondaire au cégep a grimpé de 60 à 70 % depuis 10 ans. Bravo ! Continuons dans cette direction.

Mais encore faut-il que les cégeps soient capables d’accueillir tous ces cerveaux avides d’apprendre.

« Ce serait un drame collectif qu’on ne soit pas en mesure d’accepter des jeunes au cégep par manque d’espace », a lancé comme un cri du cœur la nouvelle présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps, Marie Montpetit, lors d’une rencontre éditoriale avec La Presse, cette semaine.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Marie Montpetit, présidente de la Fédération des cégeps

Parmi les nombreux enjeux qui touchent les établissements collégiaux, les infrastructures doivent être une priorité absolue, car les cégeps qui ont été bâtis à partir de la fin des années 1960 se dégradent à la vitesse grand V.

Aujourd’hui, 65 % des cégeps sont en mauvais état, alors que cette proportion n’était que de 24 % il y a cinq ans seulement.

Les cégeps ont besoin d’amour. Ils comptent parmi les infrastructures publiques dans l’état le plus lamentable.

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23 août 2024