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Le Quotidien
Le Cégep de Saint-Félicien veut percer le mystère de la lotte
La lotte est une espèce mystérieuse, car c’est un des rares poissons d’eau douce à pondre ses oeufs en plein hiver. C’est d’ailleurs à la même période que se fait la pêche à la lotte. Pour en savoir plus sur ce poisson énigmatique, le Cégep de Saint-Félicien a lancé un projet de suivi avec ses étudiants en Techniques du milieu naturel (TMN).
Guillaume Roy
Initiative de journalisme local - Le Quotidien
En cette belle matinée hivernale, une quinzaine d’étudiants sont massés autour de quatre tentes de pêche installées sur les glaces de la rivière Ashuapmushuan, à proximité du pont de Saint-Félicien. Un professeur, équipé d’une tarière, leur explique comment creuser un trou dans la glace pour pêcher la lotte.
« On lance un projet de suivi de la population de lottes avec les étudiants », explique Maxime Dufour, un enseignant des cours fauniques en TMN, ajoutant que très peu d’études ont été menées sur le sujet.
Le laboratoire sur glace.
LE PROGRÈS, GUILLAUME ROY
Pour la première année, le projet se fera à petite échelle, question de mettre en place les protocoles et de bien préparer tous les outils sur le terrain. Comme le projet a démarré tardivement, en février, les étudiants comptent récolter quelques lottes en plus de recueillir des spécimens de pêcheurs des environs. Le 9 février dernier, les étudiants ont levé les lignes à lotte pour la première fois.
Il faut savoir que la pêche à la lotte se fait d’une manière bien particulière, sur le lac Saint-Jean et ses rivières tributaires, car c’est le seul endroit au Québec où l’on peut pêcher ce poisson avec une ligne morte. La pêche se pratique donc en hiver, mais au lieu d’avoir à tenir une canne à pêche ou d’installer une brimbale et de rester près de son trou dans la glace, les pêcheurs peuvent installer deux lignes de 10 hameçons, accrochés à une tige de métal, que l’on dépose au fond de l’eau. On retourne par la suite visiter son trou à pêche chaque 24 à 48 heures pour voir si les poissons ont mordu à l’hameçon. C’est le seul poisson qui peut être pêché ainsi.
« C’est vraiment une belle expérience pour les étudiants, notamment pour les étudiants internationaux qui n’ont jamais fait de pêche sur glace, remarque Maxime Dufour. C’est une des rares sorties terrain que l’on fait en hiver et c’est important de démontrer la réalité hivernale du travail de technicien de la faune. »
Lucille Boitelle, une étudiante d’origine française.
LE PROGRÈS, GUILLAUME ROY
Non seulement les profs du cégep veulent-ils former leurs étudiants, mais ils veulent également contribuer à l’acquisition de connaissances sur la lotte, un poisson mystérieux qui fraie l’hiver. « C’est très rare que l’on puisse pêcher un poisson pendant sa période de frai », remarque Maxime Dufour, soulignant l’aspect particulier de cette pêche sur glace.
Au premier trou, une première lotte a été capturée, d’une taille d’une trentaine de centimètres. « C’est une petite lotte et il sera intéressant de voir si elle était déjà à maturité pour se reproduire », remarque la professeure Annie Ménard, en présentant le laboratoire mis sur pied dans une tente sur les glaces.
« Les étudiants prélèveront les gonades (l’organe destiné à la production d’hormones sexuelles) pour évaluer leur stade de maturation, et les otolithes, qui permettent de connaître l’âge des poissons. »