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Les cégeps refusent de perdre le DEC en soins infirmiers

Article publié par Le Devoir - Rabéa Kabbaj


Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement supérieur

20 novembre 2021 - Alors que l'on peine toujours à résorber la pénurie de main-d'oeuvre en soins infirmiers, les cégeps ne comprennent pas la volonté de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) de faire du baccalauréat la seule voie d'accès à la profession. Plaidant en faveur du maintien du caractère professionnalisant du DEC en soins infirmiers, ils exhortent le gouvernement à clore un débat qui dure depuis des années, en prenant fait et cause pour ce programme, dont ils vantent les nombreux avantages.

« Le débat en cours amène des jeunes à se questionner : est-ce que je choisis cette profession sans savoir si mon [DEC] sera reconnu à sa pleine valeur ? C'est un débat stérile et contre-productif. Avec tout ce qu'on vit présentement, je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas de prise de position ferme de [Christian] Dubé et surtout de [Danielle] McCann, qui est notre ministre, sur ce sujet », plaide Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

Selon lui, le marché du travail est d'ailleurs loin de se plaindre de ces infirmières techniciennes. « Au contraire ! Les dernières vérifications faites témoignaient d'un niveau de satisfaction élevé. Il y a aussi un taux d'obtention de l'examen de l'Ordre qui est très élevé pour les techniciennes », souligne-t-il.

À ses yeux, les réserves à l'égard du DEC sont d'autant plus difficiles à comprendre que cette formation s'inscrit dans une longue tradition. « Depuis leur création, les cégeps forment des infirmières. C'est souvent des écoles d'infirmières qui ont donné naissance aux premiers cégeps. C'est un corps professoral très expérimenté, à l'affût des nouvelles tendances, et qui est partout sur le territoire. Ainsi, 46 des 48 cégeps forment des infirmières au Québec. Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, l'accessibilité aux études, c'est aussi la clé de l'accessibilité à des infirmières qualifiées partout sur le territoire québécois », fait valoir M. Tremblay.

Trois cursus envisageables

À l'heure actuelle, trois voies d'études sont possibles pour accéder au marché du travail : le DEC (en 3 ans), la formule DEC-BAC (en 5 ans) — qui attire 46 % des étudiantes en soins infirmiers des cégeps — ou le baccalauréat en sciences infirmières. Si la formule DEC-BAC est très intéressante, M. Tremblay croit qu'il importe malgré tout de continuer à permettre aux infirmières d'accéder au marché du travail dès la fin de leur DEC.

« Même si une personne désire dès le départ s'inscrire dans un processus en continu, il faut que son DEC soit qualifiant et qu'elle puisse se dire qu'elle a un diplôme qui lui permet de travailler, si elle doit, par exemple, faire une pause dans ses études », indique le président de la Fédération des cégeps.

Pour M. Tremblay, chaque formation présente ses spécificités. « Je mets en doute la capacité des universités à bien former des infirmières sur le volet technique. […] Ce n'est pas une hiérarchisation, mais simplement deux approches qui sont différentes. J'ai plein de témoignages d'infirmières techniciennes disant être obligées d'aider des bachelières qui arrivent dans le milieu de travail parce qu'il y a clairement certaines lacunes. C'est pour cela que la formule DEC-BAC est très intéressante. Mais il faut reconnaître qu'il y a une place claire, nécessaire et importante pour les infirmières qui ont une formation technique », déclare Bernard Tremblay.

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