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Tablettes peu utiles au cégep pour les «finissants du iPad»

Article publié par Le Journal de Québec, Daphnée Dion-Viens

Ces étudiants observent un décalage lorsqu’ils arrivent au collégial




Les « finissants du iPad », ces élèves qui ont complété leur secondaire avec une tablette au bout des doigts, se butent à un constat une fois arrivés au cégep : la tablette y est rarement utilisée en classe et peu utile.

Voilà l’une des conclusions d’une étude réalisée par l’équipe de Patrick Giroux, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi, auprès d’environ 80 jeunes qui ont fait leurs études secondaires en utilisant une tablette. La majorité d’entre eux sont maintenant au cégep.
Parmi les finissants, 65 % ont le droit d’utiliser leur tablette en classe, mais seulement le tiers d’entre eux l’utilisent fréquemment. Parmi ceux qui ne trimbalent pas leur tablette au cégep, la moitié préfèrent utiliser un ordinateur portable alors que d’autres affirment que leur iPad n’est tout simplement pas utile au cégep.

« Cassure »
Pour Patrick Giroux, le verdict est clair. Ces finissants du iPad constatent une « cassure » lorsqu’ils arrivent au cégep, ce qui « soulève des questions », affirme-t-il. Les enseignants utilisent peu d’applications disponibles sur tablettes, encore moins dans des programmes techniques où les étudiants apprennent à travailler sur des ordinateurs avec des logiciels spécialisés, constate M. Giroux. Les écoles qui utilisent les iPad doivent donc s’interroger sur la meilleure façon de préparer leurs élèves pour le cégep et la réponse n’est pas simple, ajoute le professeur de l’UQAC.

Quant à la pertinence d’utiliser la tablette au secondaire, « la majorité des étudiants s’entendent pour dire que ce projet est positif, mais qu’il pourrait être amélioré », peut-on lire dans le rapport de recherche. La tablette pourrait être davantage utilisée en classe au secondaire et les enseignants devraient être mieux formés pour le faire. Certains élèves soulignent toutefois que ces petits appareils électroniques sont souvent une source de distraction en classe, ce qui devrait être mieux encadré.

Pas « un retard du cégep »

À la Fédération des cégeps, on affirme que les collègues veulent améliorer les compétences numériques de leurs étudiants, mais qu’ils ne peuvent s’adapter à une minorité d’élèves habitués à utiliser la tablette en classe. « Il ne faut pas le voir comme un retard de la part du cégep », affirme son président-directeur général, Bernard Tremblay.

M. Tremblay rappelle par ailleurs que l’autonomie professionnelle des enseignants leur permet de « choisir leurs moyens d’apprentissage ». « Je les comprendrais de dire que ce n’est pas adapté à leur réalité et aux besoins de leurs étudiants », ajoute-t-il.