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Une guerre pour obtenir un cégep - Rouyn et Amos s’affrontent

 


Anne Blondin - Journal
Publié le 11 août 2017 -

    

 

La décision de n’ouvrir qu’un cégep à Rouyn a créé beaucoup de mécontentement dans la région, particulièrement à Amos.
©Bibliothèque et Archives nationales du Québec - Rouyn-Noranda

11 août 2017 - Alors que les gouvernements de l’époque s’entendaient pour mettre en place les cégeps, l’implantation de l’institution scolaire provoquait la discorde dans la région.

Les villes d’Amos et de Rouyn désiraient toutes deux accueillir la nouvelle institution postsecondaire. Les deux villes avaient des raisons de croire que le cégep devait ouvrir chez elles.

Amos avait déjà trois institutions scolaires postsecondaires soit le Collège d’Amos, l’École normale et l’École des Métiers. Le premier ministre Jean Lesage avait même indiqué, en mai 1966, que les institutions d’Amos étaient l’embryon du futur institut. C’est à peu près au même moment qu’est fondé le Centre d’Études Supérieures de l’Abitibi à Amos.

Selon le site web Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue - 1967-2007, plusieurs institutions d’enseignement de Rouyn s’unissent également pour tenter d’attirer le cégep. Le Collège de Rouyn, l'École normale Notre-Dame-de-Grâce, l’Externat classique Notre-Dame-de-Grâce, l'École des infirmières ainsi que l'École des métiers changent de nom en 1966 pour devenir le Collège du Nord-Ouest québécois.

Guerre ouverte

Un comité dans chacune des villes est créé afin de faire des représentations auprès du ministère de l’Éducation. En mai 1967, la ville de Rouyn semble être en avance dans la course.

Dans l’Écho Abitibien du 31 mai, un cahier spécial est publié sur l’urgence d’avoir un institut en Abitibi. On y distingue clairement un discours en faveur de l’institut à Amos.

«Laisser la Mission des CEGEP recommander l’unique mise sur pied d’un institut collégial du Nord-Ouest Québecois, c’est insulter une Abitibi qui s’est déjà saignée pour créer et animer trois écoles postsecondaires à Amos, c’est lui enlever le pain de la bouche…», peut-on lire dans un éditorial.

Dans le même cahier, les auteurs font référence au haut taux de croissance de la population dans la circonscription de la Régionale Harricana «où se situe encore le Centre d’Études Supérieures d’Amos», insiste-t-on.

Le comité de Rouyn fait paraître dans la Frontière du 7 juin 1967 une page complète pour rectifier les faits. Un deuxième cahier spécial paraît dans l’Écho Abitibien du 14 juin. Une note est inscrite. «Ceci n’est pas une page polémique, mais la démonstration de la nécessité de deux CEGEP dans la région du Nord-Ouest Québécois», peut-on y lire.

Le 9 août 1967, la décision est rendue publique. Il y aura un CEGEP à Rouyn en septembre, mais la décision n’est toujours pas prise pour Amos. Le verdict tombera quelques jours plus tard: pas de CEGEP à Amos. La population va manifester son mécontentement. Dans l’Écho Abitibien, on parle même d’une trahison.

Amos devra attendre jusqu’en 1983 avant d’avoir un campus du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.

Et Val-d’Or?

Un comité valdorien avait également été formé en 1966 et avait rencontré la Mission pour faire valoir sa candidature. Par contre, le comité s’est plié à la décision du ministère de n’ouvrir qu’un seul cégep dans la région. Lorsqu’Amos a obtenu un campus, Val-d’Or a réitéré son intérêt d’avoir un cégep. Le campus de Val-d’Or sera ouvert en 1988.

Célébrations

Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue entend bien célébrer son 50e anniversaire en grandes pompes. La programmation des activités organisées par un comité formé pour l’occasion sera dévoilée le lundi 14 août, soit 50 ans jour pour jour après la création du Cégep de Rouyn le 14 août 1967